Bilan de la vie nomade en 2014: rencontres et aventures
2014 a été un tournant dans mon style de vie. Je suis passée de sans domicile fixe (je ne me souvenais même plus de la dernière fois où j’avais eu une chambre à moi, ne serait-ce que pour quelques semaines) à nomade avec des bases. C’est ce que j’avais fait durant mes deux premières années en Asie, mais l’Europe me l’avait rendu un peu compliqué en raison des coûts de vie bien plus élevés. C’était financièrement plus simple de juste tout quitter et partir à chaque fois.
Mon objectif pour 2014 était de mieux gérer mes finances (je suis une catastrophe, vraiment), et ça s’est plutôt bien passé. J’ai donc alterné entre ma Suisse natale et une base un peu plus ensoleillée (et moins dispendieuse): Barcelone.
Barcelone je l’avais visitée une fois, il y a huit ans. À l’époque j’étais la jeune touriste typique qui cherchait Las Ramblas, l’Aquarium et qui rêvait de grimper sur le Tibidabo, la petite église qui surplombe la ville. J’en avais gardé un délicieux souvenir de farniente et de soleil. J’avoue avoir longuement hésité entre Berlin et Barcelone qui sont pour moi les deux capitales européennes du mouvement, de l’alternatif et de la mixité culturelle. J’ai finalement opté pour la dernière pour ses températures plus clémentes.

Vieux souvenir, le funiculaire menant au Tibidabo à Barcelone
Hiver: seule, mais pas si seule
J’avais commencé l’année en mode solitaire et nostalgique. La vie nomade rime avec difficultés techniques à créer des liens physiques durables… forcément, si on n’est jamais là.
Comme à mon habitude je m’étais éclipsée pour les fêtes (j’ai une sainte horreur de Noël, et vous?) avec le billet d’avion le moins cher vers n’importe où. Ce furent mes premiers pas aux Pays-Bas. Une semaine dans la quiétude, un petit studio d’artiste bien chauffé au bord du fleuve, d’où j’observais pont-levis et péniches et d’où j’écrivais, beaucoup.

Le vieux port de Rotterdam
S’en est suivi un voyage surprise en Belgique, avec un charmant inconnu, débarqué tout droit de l’Alaska. Une découverte plaisante du pays et de l’autre: deux âmes un peu seules ne sachant pratiquement rien l’une de l’autre, s’adonnant à une drôle de simulation de vie de couple pour trois jours. C’était comme de partir en vacances avec un copain de longue de date, histoire de s’en remémorer les regards, les moments de complicité, les sensations. Les rues de Bruxelles et de Bruges se sont remplies d’un amour intense et passager.
J’ai continué de lutter contre la solitude hivernale avec encore un retour à Paris, que j’ai baptisé mon deuxième chez moi (même si ce n’en est qu’un parmi bien d’autres). Je me marre quand on me dit que c’est la ville de la mauvaise humeur et du stress, qu’elle est à l’antinomie de l’accueil. À chaque fois que je visite Paris, je flotte sur une mer paisible de sourires, d’embrassades, de rencontres fortuites et de verres partagés dans la bonne humeur. Et je me plais, parfois, à me rêver parisienne.
J’ai bouclé l’hiver avec un périple entre Newcastle (Royaume-Uni), et Berlin. Je les ai vécues si intensément que j’en suis revenue avec un gros burn-out. La première en mode solitaire et studieuse, à courir les rues sans vraiment savoir où j’allais, et la deuxième en mode ultra-social, à rencontrer des amis, des inconnus, des foules, à visiter des lieux abandonnés et interdits, à danser avec le premier venu.

Berlin
Printemps: rêveries et vagabondages
C’était un vieux rêve: moi, un voilier, un chat… et peut-être toi. Ma future maison nomade? Mon futur amant marin? Je me suis mis dans la tête d’apprendre et j’ai passé une semaine sur un voilier, sur la Costa Blanca, histoire d’obtenir un premier certificat.
Après toutes mes aventures récentes j’étais vidée. J’espérais un endroit où me poser pour quelques temps, une paire de bras amoureux peut-être aussi, mais je ne pouvais pas: encore trop de choses à faire. Je suis allée explorer Barcelone durant quelques jours, par curiosité (et suite à une erreur de planning) et j’en suis tombée amoureuse. J’y suis aussi tombée amoureuse.

Ma maison pour une semaine. Sur l’eau, dans les nuages et les étoiles, du vent plein la face.
J’ai ajouté une cicatrice de plus à mon petit coeur et je me suis lancée à la conquête de l’Europe en train, avec l’une de mes meilleures amies. C’est ce que je fais quand rien ne va plus: je saute dans un, deux, trois trains. Et cette fois, c’était une quantité incommensurable de trains vers le nord sur 22 jours, avec 12 pays, et 16 villes, à toute vitesse, avec une attention toute particulière pour le nord que nous ne connaissions pas (Suède et Norvège), l’est (République Tchèque et Slovaquie), Berlin à nouveau (dont j’ai redécouvert les quartiers avec une amie artiste inspirante) et un final à la fois reposant et chaotique à Barcelone, où je me suis arrêtée pour quelques temps.

En train dans les forêts norvégiennes
Un été tranquille à Barcelone
J’ai entamé une petite vie tranquille de barcelonaise. Je savais déjà qu’elle serait inspirante, et j’y ai beaucoup écrit. J’ai parlé de ses paradoxes, de son chaos, de ses fêtes populaires estivales et de ses incogruités. Et puis j’y ai rencontré une personne exceptionnelle, qui a partagé un petit bout de ma vie.

Festa Major à Gracia
Automne: vive les City Breaks!
Un automne plein d’escapades, mais sans mouvement majeur. J’y ai découvert Nantes. Quelle suprise! C’était un vrai petit choc culturel après le chaos de Barcelone. J’y ai pris du temps pour moi et mes projets et m’y suis laissée rêver, au bord de l’eau. De là, j’ai fait un premier saut en Bretagne (un vieux rêve), histoire de repérer.
J’ai ensuite pris la direction de la Côte d’Azur et des étoiles à Cannes, où je me suis fait immensément plaisir. Tout ce que j’aime dans une ville était au rendez-vous: les petits marchés, les petites îles sur la côte, la bonne bouffe et l’horizon marin.

Coucher de soleil sur Cannes
Je me suis retrouvée prise dans une grève aérienne et j’ai dormi dans l’aéroport à Genève, sur le carrelage glacé. Ouf, ça faisait longtemps ça. J’ai dormi dans tellement d’aéroports, de gare, de parvis de temples, de rues et de chambres de passe (oui oui) pleines de cafards durant mes voyages en Asie que ça m’avait presque manqué. Ou pas. Le compte des affaires que l’on m’a volé en 4 ans et demi autour du monde a grimpé: 1 téléphone en Suisse, 1 parapluie dans une pharmacie… toujours en Suisse. Cherchez l’erreur! Certainement que je relâche mon attention quand je rentre chez moi.
Après quoi, le gros coup de coeur de l’année: je découvre la Grèce. Vous n’avez pas fini d’en entendre parler je pense. Un pays duquel je ne savais pas quoi attendre et qui m’a totalement séduite. Je m’y suis sentie chez moi: Athènes est pleine d’une énergie fabuleuse. Je l’ai du coup ajoutée à mon classement mental des villes où il faut vivre au moins une fois dans sa vie. J’ai aussi fait un saut du côté de la Macédoine grecque, dans la très vibrante Thessalonique, la petite soeur orientale d’Athènes.

Athènes
Hiver: le plein de projets
Pause! Je m’arrête pour faire le bilan des échecs et réussites de cette année, reprendre en main tous les dossiers ouverts et me préparer au mieux pour janvier 2015, qui sera plein de voyage évidemment. Bon, il y a eu une petite escapade, car que serait un mois sans escapade? J’ai rendu visite à une île particulière pour la première fois: la Corse.
Et sinon, je me balade agréablement entre Barcelone et la Suisse. Je prends un peu de temps pour me reposer (dieu, les poches que j’ai sous les yeux) et j’ai eu droit à un beau cadeau de Noël. Une personne très spéciale est rentrée dans ma vie. Pas la première vous me direz, et certes! je vous répondrai. Mais il est de certaines évidences qu’on n’a pas pas envie de remettre en question. Bref, j’ai rencontré un écrivain un poil anarchiste et depuis on empile les nuits blanches à faire des conneries d’adolescents dans les rues jusqu’à pas d’heure.
Non, je n’ai pas beaucoup écrit cet hiver. Parfois il me faut du temps pour vivre. Je pense que plus les émotions intenses, plus récits sont à fleur de peau et complexes. Patience avec moi-même.

Barrage de la Tolla, Corse
Les moments les plus forts de 2014
Vous avez apprécié mes billets d’humeurs nomade et les avez partagés avec enthousiasme. Un immense merci d’être là et de me lire, c’est un grand bonheur pour moi de vous voir réagir!
- La décision d’une vie. Mon combat d’une vie pour LA LIBERTE d’être et de penser.
- Voyager sans savoir où l’on va. L’ignorance, je trouve qu’elle a du bon, elle nous fait conserver un regard d’enfant (et parfois paraître un peu con-con, mais c’est pas grave, on n’en meurt pas)
- Changer de cap à l’infini. Une réflexion sur la fuite et sur la solitude du nomade moderne.
- Je ne gagnerai pas ma vie à la perdre. Certaines rencontres t’insufflent une énergie incroyable: ces gens qui ont mis toute leur vie au service de leur passion et qui ont atteint leur étoile.
- Être un aventurier aujourd’hui? L’éternel débat touriste VS voyageur? Je le déteste. Il est d’une intolérance et d’une naïveté et je vous explique pourquoi.
Vous avez aussi aimé mes romances… Ce sont souvent les billets les plus commentés! Et ça tombe bien, car je sais qu’entre vos yeux avertis, je peux laissé mon côté un peu fleur bleue s’épancher :)
- Une lettre ouverte à tous les hommes que j’ai aimé, teintée d’océans et de vents
- À Bruxelles, avec un inconnu, un week-end d’amour complètement improvisé
- Tibi (omnia) dabo (je te donnerai tout), tomber amoureuse à Barcelone… se souvenir, et puis oublier
- C’est le monde qui m’a bercé. Ma rencontre avec un survivant.
Et puis il y a mes coups de coeur de l’année…
- Je suis tombée amoureuse des forêts norvégiennes
- Histoires d’eau: une traversée marine entre Norvège et Danemark, des phares, des pêcheurs et un saut dans la mer improvisé.
- Berghain: décadence à Berlin. Ce soir je fais partie des 50% qu’on laisse rentrer dans ce club mythique où tout est possible. Spectateurs et acteurs se mélangent et échangent leurs rôles.
- Le chaos de Barcelone: la petite écrivaine invisible du Born entre dans l’histoire de quelqu’un d’autre.
- Nantes la différente. Un petit choc culturel plaisant, une ville à nulle autre pareille!
- Petit catalogue de situations incongrues à Barcelone. Parce qu’il y a de quoi rire dans cette ville. Et parfois un peu de quoi pleurer, mais restons dans la bonne humeur.
- Athènes et ses dieux invisibles. L’envie quasi mystique de m’y fondre, d’être une athénienne moi aussi.
Projets pour 2015
Beaucoup, beaucoup trop comme toujours. À croire que me plais dans cette génération qui vit à 400km/h.
Je commencerai l’année par la découverte du sud de la Finlande. Je retournerai à Berlin. Je visiterai plus à fond la Corse. Je continuerai d’explorer la Catalogne et les Pyrénées… et je rêve de très grands projets pour l’automne et l’hiver.
Si tout se passe comme je le souhaite, je vous emmènerai dans le très chaud et le très froid cette année. Je vais me rapprocher de mes sujets préférés et plonger toujours plus à fond dans la différence, sans regard pour les frontières.
Je continue de poursuivre ma quête d’équilibre et m’inspire des personnes fabuleuses rencontrées cette année dans le Midi-Pyrénées: je ne gagnerai pas ma vie à la perdre. J’écrirai.
Je vous souhaite une nouvelle année pleine d’énergie, d’inspiration et de voyage!
Par Corinne Stoppelli
Je suis Corinne, un petit oiseau libre. Sans domicile fixe depuis 2010, je sillonne la planète à la recherche d'inspiration et de points de vue différents. Sur Vie Nomade, je partage mon regard sur le monde, le temps et le changement, d'une plume sincère et d'un objectif curieux et ouvert. En savoir plus?
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(9 commentaires)
Te lire est toujours aussi plaisant. Tu as cette faculté de tourner les mots, où à la fin je me dis : « je comprends ». J’aime suivre le chemin de tes doutes, de tes envies et de tes réflexions. Ça (ré)active des choses. Au plaisir de te lire encore et encore, et aussi de te retrouver ! :) Belle année voyageuse à toi !
Merci Audrey <3 Je me réjouis de te retrouver aussi!
«Bref, j’ai rencontré un écrivain un poil anarchiste et depuis on empile les nuits blanches à faire des conneries d’adolescents dans les rues jusqu’à pas d’heure.»
Rien à ajouter, sinon que j’ai très hâte de te recroiser pour te bombarder de questions! XX
J’essaie de garder les pieds (un peu) sur terre mais il me rend la tâche un peu difficile. Dieu sait où j’en serai, quand on se reverra? ;) Et dis-moi, tu vas passer par l’Europe prochainement? Te verrai-je à un salon, peut-être?
OOOOh la la, j’ai hâte d’avoir plus de « jus » moi aussi!
Coucou ma chère Corinne,
redeviens Parisienne plus souvent, on saura t’accueillir :)
Ton bilan est vraiment sympa à lire… Il tarde juste d’en savoir plus sur tes nouveaux projets !
Je te souhaite une excellente année 2015, qu’elle soit plus belle et plus épanouissante encore que 2014.
Des bises
Aurélie
Merci Aurélie <3 Je me réjouis absolument de te revoir! Bisous!
Wow Corinne c’est toute une année ca.. je me suis surprise à cliquer sur tous tes liens vers tes romances justement :) Je me demandais toujours si tu allais partir ou rester…Le déchirement chaque fois doit être terrible. Mais en même temps, ces moments éphémères sont d’une grande intensité.
Très hâte de suivre tes aventures en 2015 et bonne et heureuse année ma chère :)
Merci Rachel! Les ruptures sont toujours très difficile pour moi, mais partir ça c’est facile, et ça les allège. Ma façon d’aller vers l’avant peut-être. Une bonne année à toi aussi et au plaisir de te recroiser en 2015 :)