À Nantes, sur l’eau – Une promenade en bateau, au fil de l’Erdre
Les canaux de l’Erdre, qui jadis circulait librement en ville, ont été cimentés il y a des décennies. Ils ne se mélangent plus à l’océan. Avant, l’Erdre se jetait à corps perdu dans la Loire, flirtant avec de nombreux îlots qui ont, finalement, préféré la sécurité de la terre ferme.
Affalée, comme des Nantais de tous âges, sur la petite île de Versailles (un paradis de verdure, un saut dans le temps un peu japonais), j’observe les embarcations de plaisance passer et repasser. Où peuvent-ils bien se rendre? Il doit y avoir quelque chose.
Je décide de sauter sur un bateau, histoire de voir.
Tranquille, il remonte le courant, suivi par une bande de cormorans. Il paraît que les remous de l’embarcation remuent les bancs de poisson. Et ça tombe bien, car ces oiseaux sont comme moi: ils ont tout le temps faim.
Ainsi escortée par mes semblables à plumes, je découvre les paisibles rives de l’Erdre. De tous petits humains s’adonnent à diverses activités sportives, aquatiques comme terrestres. Des canoës, kayaks, avirons, stand-up paddles, voiliers et autres engins flottants nous saluent poliment.
D’autres petits humains sont étalés sans vergogne dans les espaces verts. Certains lisent, les pieds dans l’eau. D’autres regardent dans le vide. Ces derniers sont seuls. Pas étonnant, à ainsi disposer tout leur bien-être aux yeux de tous, ils doivent faire des jaloux!
Si j’avais grandi à Nantes, j’aurais certainement fait comme cette fille, là. En colère contre quelque chose, je me jette dans mon kayak bleu roi et je remonte le courant en ramant comme une folle. J’aborde une petite crique boisée. Je laisse mon corps s’étaler dans l’herbe et je lis quelque chose, à l’ombre des saules, loin de tout élément dérangeant.
Mais j’ai grandi en Suisse. Chez moi, ces choses-là se font plutôt à dos d’un moutain-bike rouge.
Entre quelques châteaux, mon bateau fait demi-tour. Le guide annonce qu’il nous laissera tranquilles pour cette dernière petite demi-heure de voyage. J’ai déjà oublié les danses intempestives des cormorans autour de moi. Je ne vois plus que ces petits humains, sur les bords de l’eau, affairés avec leurs vélos ou leurs bouquins.
Je n’ai pas envie de débarquer. Je dois prendre un bus jusqu’à Commerce, puis un tram jusqu’à Duchesse, puis un autre bus jusqu’à l’hôtel où j’ai laissé ma valise. Il y a certainement plus simple, mais je ne suis pas d’ici
De là, je reprendrai un bus jusqu’à Duchesse, je marcherai jusqu’à la gare SNCF, je prendrai une navette pour l’aéroport, et finalement, un avion pour Barcelone.
Merci d’être restés avec nous tout au long de ce voyage sur l’Erdre… Même si bon, vous n’aviez pas trop le choix!
Mais si, j’aurais pu plonger, rejoindre les rives à la nage et me transformer en cette lectrice solitaire, les pieds dans l’eau entre les roseaux. Une fois sèche, je serais retournée somnoler sous les saules de l’île de Versailles, entre un couple de foulques téméraires et quelques autres dormeurs inconnus.
Laissez-moi être Nantaise, juste une après-midi de plus!
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Par Corinne Stoppelli
Je suis Corinne, un petit oiseau libre. Sans domicile fixe depuis 2010, je sillonne la planète à la recherche d'inspiration et de points de vue différents. Sur Vie Nomade, je partage mon regard sur le monde, le temps et le changement, d'une plume sincère et d'un objectif curieux et ouvert. En savoir plus?
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(2 commentaires)
Je ne suis pas nantaise, seulement nantais de coeur pour y avoir fait mes etudes. Meme apres avoir quitte cette ville depuis plusieurs annees, j’y reste tres attachee et tous les pretextes sont bons pour y repasser. Quand on compare d’annee en annee, les changements a Nantes sont impressionnants. Tu as du voir les anciens chantiers ou se trouve l’elephant par exemple, quand je suis arrivee a Nantes c’etait une zone « a eviter le soir sinon tu vas avoir des problemes » alors que c’est devenus un endroit super sympa et dynamique maintenant. Enfin, ca fait plaisir de lire un article sur cette ville :)
Merci de partager ta belle expérience de Nantes Lucie! Ah j’ai du mal à l’imagine comme une zone à éviter aujourd’hui c’est clair :) Je me sentais tout à fait à l’aise de m’y balader seule la nuit. J’ai effectivement vu toutes les machines de l’île, j’en parlerai certainement, c’est incroyable tout ce travail et tout cet art!