Bruges, comme une maison de poupées
Je rêvais de voir Anvers. C’était à cause du nom, j’aurais bien aimé jouer avec. « Se mettre à l’envers à Anvers ». « À l’Anvers ».
Mais le week-end était court, et je suis tombée malade. L’inconnu a donc tranché, et moi j’ai suivi: ce serait Bruges. Quant à Anvers, j’y reviendrai.
Bruges, la Venise du nord, qu’ils disent. Je n’ai encore jamais visité Venise, mais je crois qu’ils ont un peu exagéré. Ou peut-être est-ce mon imagination un poil trop enthousiaste, trop naïve. Donnerais-je trop de crédit aux mots bruts? C’est que, comprenez, ils sont tout pour moi…
On se lance au hasard dans les ruelles, sans carte, sans mobile cette fois, sans rien d’autre que la bonne idée de se perdre, justement, et puis (éventuellement) de se retrouver. Quelles jolies maisonnettes! Quelles belles rues pavées! L’ambiance de charme me rappelle les petites villes de Suisse où j’ai grandi.
Quel est l’âge de ces habitations? En moi, des relents d’histoire, des images de villes à feu et à sang, celles des peintures de Bosch, balancés d’une façon paradoxale, par des portraits très lisses, très chastes, façon Van Eyck.
C’est écrit MDC. Les cours de latin sont loin derrière. On ne sait pas trop. On pouffe.
Ah, je me souviens. Mille + cinq cent + cent. 1’600. C’est du vieux, du bon vrai vieux.
On dirait qu’il n’y a que des badauds, des curieux, dans ces rues. Où sont les habitants? Des traces, ici et là, témoignent de leur présence. Mais les volets sont bien tirés, ils ne sortent pas. Ils nous laissent continuer de deviner l’intérieur.
« Shall we go left, or right? »
L’homme du couple qui nous dépasse dit « En voilà deux autres qui se sont perdus! ».
Elle rigole. Moi aussi.
Je me mouche à tous les coins de rue de cette jolie Bruges. Je maintiens l’utilisation du mot jolie parce qu’elle est toute petite à mes yeux, parce que son charme a un quelque chose d’enfantin, parce qu’elle m’a touché, m’a conféré une certaine joie, mais sans pour autant me bouleverser.
Certes, elle m’a plu. Mais on ne porte pas le même regard sur les différentes choses qui nous plaisent.
Car à Bruges, je me suis sentie comme dans une maison de poupées: tout y semble trop joli pour être vrai.
Par Corinne Stoppelli
Je suis Corinne, un petit oiseau libre. Sans domicile fixe depuis 2010, je sillonne la planète à la recherche d'inspiration et de points de vue différents. Sur Vie Nomade, je partage mon regard sur le monde, le temps et le changement, d'une plume sincère et d'un objectif curieux et ouvert. En savoir plus?
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(13 commentaires)
Trop jolie pour être vraie, comme je comprends ton état d’esprit.
J’ai cherché les habitants à Venise, en me sentant dans une ville-musée. Bruges me donne les mêmes sensations, j’y vais avec plaisir mais je préfère Gand et surtout Anvers où je me verrai habiter quelques temps.
NowMadNow
Ah décidément, j’ai vraiment raté Anvers!
Je suis passée rapidement à Bruges l’été dernier en revenant d’Amsterdam, rien de planifié, ni d’organisé. Honnêtement je ne pensais pas que ce serait si touristique: comme tu le dis on ne voit pas vraiment de trace de « la vie de tous les jours », du moins pas dans le centre. Nous nous étions totalement paumés quelque part en périphérie et là pour le coup on retombe sur une ville plus vivante, gens qui vont bosser, familles. Mais bon, ça reste une jolie ville où je retournerais avec plaisir :) (joli ton nouveau design sinon!!)
Merci Lucie :) Chouette de partager ton expérience de la périphérie! Je ne m’attendais pas à ça non plus. La prochaine fois j’explorerai les alentours!
C’est une ville qui m’attire beaucoup…
Moi aussi j’aurais bien aimé visité Anvers. Mais voilà, mes talents linguistiques et géographiques étant ce qu’ils étaient (j’ai un peu progressé depuis), je me suis perdu à Antwerpen en route vers Delft alors que j’étais étudiant. J’étais intrigué par cette ville qui semblait tout de même assez grande (enfin, surtout quand tu t’es perdu en voiture et que tu veux juste poursuivre ta route), mais dont je n’avais jamais entendu parler, Antwerpen.
Ce n’est qu’une fois arrivé à Delft que j’ai compris ma méprise, ou plutôt ma bêtise. Je m’étais donc perdu à Anvers !
Pour Bruges, c’est plus simple, le risque de confusion linguistique est assez limité. C’est donc peut-être pour ça que je n’y suis jamais allé.
Ahah ;) Pas mal ça. Effectivement, il n’y a pas de challenge à Bruges, si ce n’est d’y trouver les brugeois.
Bruges… ce joli parc d’attraction, tu as bien deviné. ;) Pas pour rien que son surnom est « Bruges-la-morte », elle fait penser à la Belle-au-Bois-Dormant mais sur le chemin, il y a Gand, tout aussi belle mais pleine de vie, et au bout de la ligne de train, Ostende.C’est un autre style, un port, il y a les bateaux et c’est là que Marvin Gaye est venu se sauver de lui-même.On attend de te revoir chez nous vite, Corinne!
Bruges-la-morte! Glauque. On n’entend pas cela de l’extérieur, du moins moi, je ne l’ai jamais entendu. Je note donc Gand et Ostende, ouf, il me reste tout le pays à visiter Mélissa :p Je reviendrai pour sûr!
I just loove how you write about our crazy littl’ country :)
* en manque du Petit Royaume et de son bordélisme poétique *
bises
Salut Corinne ! Très bel article qui me donne encore plus envie d’aller à Bruges pour un weekend romantique. As-tu des bons plans à me conseiller pour l’hébergement ? A ton avis il vaut mieux y aller en hôtel ou auberge de jeunesse ?
C’est bien vrai que Bruges est une coquette ville. J’y passé quelques jours à Bruges l’été dernier et c’était plutôt animé.
Bruges est une ville très agréable à visiter à toutes saisons. En hiver, l’atmosphere y est particuliere, c’est très agréable. Par contre, ce n’est pas évident de trouver un bon restaurant.