Inclassable

« J’ai tout laissé derrière moi, parce que… » Témoignages de voyageurs au long-cours

Publié le • Dernière mise à jour:
Je me suis maintes fois posé la question. Pourquoi part-on? Qu’est-ce qui nous fait tout laisser derrière soi? Y a-t-il réellement un quelque chose dans ce derrière soi? J’ai plus ou moins trouvé mes réponses, mais je garde un doute, non, beaucoup de doutes… Parfois les raisons réelles ne sont pas celles raisonnées, pas celles que l’ont croyait.

J’ai pensé que la question valait la peine d’être posée, quelle que soit la réponse. Alors je l’ai fait: j’ai demandé à ceux qui ont laissé derrière leur domicile, leur famille, leurs amis, leur travail, leurs habitudes, leur petit confort… pour longtemps.

Pourquoi? Qu’est-ce qui vous a poussés à passer au-dessus de tous les obstacles?

Je n’y avais pas vraiment pensé…

Pour moi ça a été plutôt facile, j’avais déjà quitté ma région d’origine et ma famille depuis 12 ans. En 2006, un boss abusif et un burn-out en préparation me poussent à entreprendre un voyage de 3 mois, en Chine. Ce voyage m’a fait réaliser plusieurs choses: que j’aime plus voyager que ce que je pensais, que le confort est une chose toute relative et qu’on change facilement d’habitudes.

Après ça j’ai commencé à lire des articles sur le Lifestyle Design, le minimalisme et surtout le The 4-Hour Work Week de Tim Ferris et je finis par réaliser ce que j’avais commencer à comprendre, que la rat race et le consumérisme ne mènent à rien et qu’on est plus possédé par les objets qu’on accumule que le contraire. Ras le bol.

En 2008 je profite d’une occasion pour devenir indépendant, je décide de toujours garder le contrôle total de mon temps et ne prends que des clients avec qui je peux travailler à distance. A partir de là je commence à accompagner régulièrement ma compagne ou un ami en déplacement pour leur travail. Je travaille la journée à l’hôtel ou dans un café et personne ne remarque rien. Et je pars en vacances beaucoup plus souvent.

Fin 2010 je pars 6 semaines en Argentine (déconnecté) puis 2 semaines en Chine et suivent encore 6 semaines en Thaïlande début 2011. La machine était lancée, sans vraiment y penser et sans vraiment un plan.

Par Claude Vedovini

Pagode Beisi Ta à Suzhou

Pagode Beisi Ta à Suzhou

Le bonheur est sous mes semelles

Au départ, et depuis mon adolescence, il y avait une petite voix, qui s’est transformée en certitude au fil des ans : tu vivras à l’étranger… Il y a eu un premier essai, dans un univers confortable et cadré, avec six mois de vie en Allemagne en programme Erasmus. Et puis il y a eu les premiers grands voyages réguliers, telle une hirondelle, je partais au moins un mois par an en Asie.

Mon premier travail s’est trouvé être par le hasard d’une rencontre avec la Chine. J’ai été une première fois dans ce pays, le choc fut tellement grand que j’ai su que je devrais y revenir souvent avant de comprendre. Je suis donc devenue une petite hirondelle.

Et un licenciement économique au début de la crise (fin 2008) a vraiment décidé mon départ définitif. J’aurais pu essayer de retrouver un travail en France. J’aurais pu lutter, beaucoup sans doute. Et je me suis dit « c’est sans doute le moment », et j’ai transformé cette épreuve en occasion. Je suis partie sans billet retour pour la Chine. J’ai alors simplement mieux écouté ce qui était une certitude depuis longtemps: mon bonheur se trouve (aussi) sous d’autres latitudes. Comme me l’a joliment dit un Chinois « le bonheur est sous mes semelles ».

Le travail, c’est donc lui qui m’a laissé. Le domicile et le confort n’ont jamais été que matériel pour moi, et comptent peu à mes yeux (je peux porter les mêmes chaussures deux mois sans être dérangée!).

Pour les amis et la famille, ça a été le point le plus délicat. Je ne savais pas ce qu’allait devenir les relations avec mes proches, et ce point effraie forcément. Nos relations ont simplement évolué. Les liens les moins forts ont été rompus, comme ils l’auraient été de toute manière à l’épreuve du temps, la distance a juste accéléré ce mouvement. Les autres relations ont évolué, et la plupart vers plus de profondeur…

Pour moi, le plus important est simplement de s’écouter et de ne pas se laisser guider par ses peurs!

Par Aurélie, Curieuse Voyageuse

Il sera toujours temps de construire

Il y un an, j’étais responsable d’un bureau d’études dans le sud de la France, j’étais à ce poste depuis six ans, j’achetais mon 1er appartement, j’avais une vie bien rangée, mais cette vie était en totale contradiction avec la vie de ma petite amie avec qui je suis depuis 10 ans aujourd’hui. Elle travaille dans les droits de l’homme à l’international. Du coup, ça fait maintenant cinq ans que je vie en alternance avec elle… Australie, Inde, Pays-Bas, Togo… en moyenne six mois par an à l’étranger.

L’année dernière j’ai décidé que cela devait changer. J’ai donc pris la décision de tout quitter et de suivre son rythme de vie. Juillet 2011, je quittais mon travail, je quittais mon appartement, je quittais mes amis… et je partais rejoindre ma petite amie qui se trouvait au Cameroun depuis un an. Nous avons passé six mois ensemble à vivre le Cameroun. Après une petite pause de deux mois en France, nous repartons, ensemble, pour six mois en Thaïlande.

Je fais aujourd’hui un premier bilan. Ma vie d’avant me manque parfois, j’étais très actif et j’avais des objectifs de carrière. Mais la possibilité de vivre avec ma petite amie et de découvrir de nouveaux pays efface totalement ce manque. Ce qui me permet d’avancer également c’est de savoir que cela ne durera pas toute la vie, nous nous poserons forcement un jour quelque part de façon durable… Il sera toujours temps de construire.

Par Steph Hopop

Mae Lana et Jabo, Thaïlande

Mae Lana et Jabo, Thaïlande

Je voulais prendre un risque!

Tout a commencé par une remise en question et un désir d’aller « voir ailleurs ». Après un premier voyage en solo et quelques lectures sur la gestion financière personnelle et la philosophie du voyage, je me suis tranquillement retrouvée perplexe devant une vie certes remplie d’activités, d’amis, d’accomplissements (cheminement scolaire impeccable, premier emploi plus que décent, indépendance, …) mais vide de sens et de satisfaction je me suis rendue compte. J’ai donc pris une décision que beaucoup ont qualifiée de courageuse et qui me paraissait d’autant plus excitante: quitter l’emploi et l’appartement pour entreprendre en 2010 une aventure à durée indéterminée. Jusqu’où mon cœur (et mes économies!) me mènerait!

J’éprouvais alors un désir intense de me retrouver ailleurs, où tout m’était inconnu, à découvrir. Nouvelles cultures, nouvelles saveurs, nouvelles couleurs, nouveaux visages: j’ai choisi l’Asie du sud-est (première fois en Asie et loin d’être la dernière!). Une aventure à l’autre bout du monde, seule, c’est angoissant, inquiétant même à première vue. Cependant j’étais prête. Ce que je voulais c’était prendre un risque, me déstabiliser et me regarder me démener dans un environnement étranger, apprendre sur mes capacités dans un contexte loin de mon confort habituel, connu, apprivoisé. Et goûter au moment présent. POUR VRAI! Sans penser à hier ni à demain.

Toutefois je savais, même avant de passer la porte d’embarquement, que cette fois-là, ça ne serait que temporaire. Je savais que je reviendrais à la maison, pas par obligation mais bien par choix. Je laissais derrière beaucoup de choses matérielles et de concepts/croyances inutiles dont je voulais me défaire mais aussi beaucoup d’amour (famille et amis) qui m’était précieux.

J’ai finalement remis les pieds au Québec après 22 mois (Mars 2012), partagés entre les pays d’Asie du sud-est et l’Australie (où je suis allée travailler quelques mois). J’ai retrouvé avec grand bonheur ma famille et mes amis bien que je ressente un certain effritement des amitiés auxquelles j’avais si hâte de revenir… Il y a une semaine, j’ai entrepris un retour aux études qui me permettra je l’espère de combiner ma passion pour le voyage (découverte des diverses cultures qui composent notre monde) et ma grande motivation à participer à l’effort d’aide internationale dont les pays développés font preuve envers les pays et communautés pauvres en moyens. D’ici 18 mois je foulerai de nouveau un sol inconnu, mais cette fois pour mettre la main à la pâte! Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve côté professionnel et lieu de vie. Je me laisserai porter, ouverte aux opportunités qui s’offriront à moi et me permettront d’enrichir  davantage mon existence!

Par Evelyne, Du Québec au Bout du Monde et Insatiable Wanderer

Mae Hong Son Thaïlande, road trip

Evelyne à Mae Hong Son, Thaïlande

Je tournais en rond

Je suis partie en tour du monde à une époque où ma vie tournait en rond. Pas de mec, un boulot qui ne me satisfaisait plus et dans lequel je ne voyais aucune évolution possible, et une vie qui ressemblait de près à Métro/Boulot/Dodo.

Le déclic de mon tour du monde je l’ai eu à Petra en Jordanie. Dix jours de congé où j’ai lâché prise et laissé libre cours à mes pensées, même les plus improbables. Celle d’un tour du monde est sortie après deux jours de marche intense dans Petra et elle n’a plus quitté mes pensées.

Coup du hasard, je rencontrerais quelques jours après, deux espagnols partis trois semaines auparavant pour un tour du monde. Je me suis dit que c’était un signe et qu’il fallait que je creuse l’idée, voire que je la mène à bien. Il m’aura fallu deux mois pour analyser la faisabilité, monter un budget et demander un congé sabbatique à mon employeur. Sept mois après avoir eu l’idée, je partais en direction de l’Inde.

Les motivations étaient simples: sortir d’un train-train quotidien qui bridait ma créativité, mes ambitions personnelles et professionnelles et me retrouver face à moi-même pour me construire un avenir plus sympa que ce présent dans lequel j’étais empêtrée. Je voulais reprendre le contrôle de ma vie, vivre plutôt que de survivre et enfin penser à moi.

Le break s’est imposé et bizarrement je n’ai pas pensé au manque de confort, à l’éloignement de la famille et des amis avant les tous derniers mois avant le départ. J’avais envie de vivre une aventure unique, la mienne, et rien ne pouvait m’en empêcher. Cela ne veut pas dire que tout quitter a été facile mais disons que j’étais prête à revenir à l’essentiel et retrouver des bonheurs simples, non fabriqués.

Par Adeline, Voyages etc…

Parc naturel de Doi Inthanon

Parc naturel de Doi Inthanon, Thaïlande

Tout ce qu’il me restera? Mes souvenirs!

La motivation principale pour moi c’était de quitter mon milieu blanc, francophone, catholique et routinier pour aller voir comment on arrivait à vivre ailleurs sans tout le confort et la facilité de nos vies au Canada.

J’avais envie de retrouver la sensation plus ou moins consciente que l’on a lorsque, tout petit, tout ou presque est une découverte et une première. Je manquais de stimulation dans une vie plus ou moins réglée au quart de tour et j’avais envie de retrouver les défis et les satisfactions qui ne viennent à nous que dans le chaos.

J’ai décidé de tout quitter parce que j’avais besoin de nouvelles histoires à raconter quand je serai vieux, sénile et que tout ce qu’il me restera seront mes souvenirs.

Par Dominic Roy

Sept ans de vie nomade… par accident!

Je n’ai jamais vraiment voulu partir car en vérité, je ne suis plutôt jamais revenue.

Je venais de terminer un diplôme professionnalisant et je ne sentais plus que j’étais en mode survie car à tout moment, je pouvais me retrouver sur le marché du travail et me lancer. Accrochée à cette bouée de sauvetage, je me suis inscrite à l’université en me disant: si je finis le diplôme, tant mieux. Mon but était d’abord d’apprendre, mais aussi de partir un an à l’étranger. Je me disais que ce serait bon pour mon Curriculum Vitae

Une fois sur place, j’ai découvert l’auto-stop et l’art du backpacking, les auberges de jeunesse, les rencontres spontanées, les musées, le train, les low-cost, et puis la politique à laquelle je ne comprenais rien. J’ai décroché de mes sciences pures et je suis rentrée au Québec avec une inscription en études internationales, un stage d’immersion en anglais, un projet de coopération internationale au Pérou…

Anick-Marie Bouchard lors du Suntrip

Anick-Marie Bouchard lors du SunTrip au Kazakhstan

Et puis j’ai manqué d’argent, alors je suis repartie à la recherche de ma famille, aux îles-de-la-Madeleine. J’ai essayé de m’installer à Rimouski, pris des cours à distance, fait du wwoofing, pété un câble, à l’évidence, il ne fallait pas forcer la sédentarité, pas maintenant. Un visa vacances-travail et puis hop, du CouchSurfing partout en Europe, et on me propose un poste bénévole sur l’équipe de sécurité.

Avec le copain ça ne marchait pas, alors je me suis dit que j’irais apprendre l’allemand, « parce que ce serait bon pour le CV », bien sûr. Alors je suis devenue fille au pair. Avec CouchSurfing, y’avait des conférences, des ateliers, j’y allais en stop, je m’arrêtais dans des projets de vie communes et/ou nomades. J’ai y ai appris le glanage urbain.

Et puis à un moment, je me suis demandé ce que je pouvais bien faire de ma vie, si je pourrais un jour me spécialiser dans quelque chose… En regardant derrière, j’ai vu sept ans de vie nomade, de voyage alternatif par accident.

Beaucoup de gens voulaient me voir écrire un livre sur le stop en tant que fille, ce fut le coup d’envoi – je serai une spécialiste de l’auto-stop et de la mobilité alternative !

Anick-Marie Bouchard la Globestoppeuse

Ce besoin d’autre chose qui me rongeait n’est plus…

Après mes études à Toulouse, j’y ai trouvé un travail car la ville me plaisait, et puis c’était plutôt facile de rester au même endroit.
J’avais déjà voyagé un peu lors de mes études, et je savais que j’avais envie de repartir, par envie de découvrir d’autres choses. Mais c’est assez difficile de savoir si on a envie de partir s’installer ailleurs ou si on a juste envie de faire de beaux voyages pendant les vacances, ou au cours de missions ponctuelles.

Marie Dumetz

Marie Dumetz

Du coup j’ai cherché un compromis: je me suis mise à la recherche d’un VIE (Volontariat International en Entreprise). C’est un contrat qui dure de 6 mois à 2 ans, et c’était pour moi l’idéal, entre tout lâcher et ne pas bouger. Puisque « au pire si ça me plaît pas c’est une durée déterminée ». Et puis ça m’a plu (je suis partie pour un contrat d’un an à l’île Maurice).

C’est un ensemble de choses en fait: le boulot, le pays, les gens. Je ne peux pas dire que j’étais malheureuse en France, mais je suis beaucoup mieux maintenant. J’ai signé un CDI, et je ne sais absolument pas combien de temps j’y resterai, ni où j’irai après, mais ça ne m’angoisse plus du tout, je n’ai plus ce besoin de chercher autre chose qui me rongeait avant. J’imagine que c’est plutôt bon signe!

La famille et les amis me manquent un peu, mais finalement quand on se retrouve, rien n’a changé, et Skype aide pas mal à la communication je crois, bien que j’appelle plus souvent mes parents que lorsque j’étais en France! Et le changement n’était pas si dur que ça, beaucoup moins que ce que j’avais imaginé en tout cas.

Bref, si c’était à refaire je le referais sans hésiter. Et d’ailleurs c’est probable que je le refasse un jour (mais cette fois-ci, je ne partirais plus toute seule).

Marie Dumetz, On pousse le bouchon un peu plus loin

La possibilité de devenir un être libre

Ne pas regretter de ne pas avoir été celui que je voulais être au soir de ma vie.

La famille de mon père, qui a fui le Vietnam en guerre, est parti par nécessité pour survivre, laissant derrière elle un pan entier de leur vie. Il y a toujours une part de douleur cachée dans le cœur de ceux qui ont tout quitté par la force des choses.

Pierre Le Van

Pierre à Londres

Je peux donc me considérer un privilégié, j’ai eu la chance de quitter ma terre natale par choix.  J’ai eu aussi conscience, il y a certain nombre d’années, que la vie est quelque chose d’éphémère, qui peut s’effacer à n’importe quel moment. Et je ne souhaite pas, lorsque viendra le crépuscule du dernier souffle, me laisser à regretter la vie que j’ai rêvée et que je n’aurais pas accomplie, que ce soit par un manque de conviction ou par un respect trop profond des conventions sociales qui enchaînent.

J’ai vécu pas mal d’années à l‘étranger, et avec le recul, je me rends compte à quel point, le lieu qui nous a vu naître influe considérablement nos comportement et notre manière de penser. Je ne crois plus au voyage perpétuel car les êtres humains ont besoin de certaines attaches. En revanche, je continue à croire au rêve perpétuel. Voyager, rester curieux de ce qui nous entoure, vivre sans préjugé, c’est avant tout se donner la possibilité de devenir un être libre.

Et il y a cette éternelle insatisfaction que rencontrent les privilégiés du Nord. Malgré la crise, nous n’avons jamais été aussi riches et pourtant, tout semble aller au plus mal pour nombre d’entre nous alors que nous avons eu la chance de ne pas avoir à nous inquiéter de pouvoir manger et de dormir au chaud pour la plupart d’entre nous. Ceux qui ont moins savent souvent faire mieux que nous. C’est une essentielle bouffée d’oxygène pour moi, en voyageant, de constater que l’une des clés du bonheur réside dans la simplicité.

J’ai enfin répondu à cette question en me disant que, si parfois je vais loin, c’est simplement pour être plus près de moi.

Pierre Le Van, Voyage For Ever

Nous sommes tous les trois à la bonne place

Partir a toujours été une évidence pour moi. Et si enfant je rêvais de tour du monde en famille (à 9 ans je voulais un 4×4 pour voyager partout et dormir dedans avec mon mari et mes deux enfants), je n’ai jamais osé me lancer sur du long terme toute seule.

Tiphanya et sa fille

Tiphanya et sa fille

Mon amoureux était fait pour moi. Il est parti un an en camping-car avec ses parents quand il avait 12 ans. Avec quatre enfants de 1 à 12 ans, ils ont fait le tour de la Méditerranée. Cela m’a laissée rêveuse. Et surtout avant même d’être ensemble, il prévoyait de partir faire son doctorat au Japon, via une demande de bourse.

C’est finalement ce projet de doctorat (nécessitant de passer jusqu’à 6 ans au Japon) qui a été le déclencheur. Il était prévu de partir à la fin de mon master, soit l’été 2013. Mais entre temps Nine est arrivée, notre fille qui adore le riz à la sauce soja. Donc pour la demande de bourse mon amoureux n’était pas au point. Par contre, nous étions totalement mûrs et même impatients de partir.

Sensation d’être à l’étroit, volonté d’être une famille et aussi de s’approprier notre temps, nos journées. Plus que l’idée de partir, j’ai la sensation d’avancer, focalisée sur aujourd’hui et éventuellement demain. Nous n’avons aucune idée du lieu où nous serons pour Noël.

Avant de partir pour vivre en Asie, j’ai envie d’en savoir plus sur ma culture et pour cela nous nous limitons à l’Europe. Je rêve même de printemps en Bretagne ou dans les Pyrénées où je n’ai jamais mis les pieds.

Si les deux mois avant le départ ont été compliqués (vendre ou donner tout ce que nous avions, faire comprendre à notre famille que nous partions pour de vrai, travailler et essayer de me constituer une clientèle d’élèves en FLE sur le net), une fois le dernier « au revoir » dit, les choses me sont tout de suite apparues plus simple, plus naturelles.

Cela ne veut pas dire qu’on ne se maudit pas de ne pas avoir plus de pulls pour faire face à la météo inattendue de Zagreb ou qu’on n’a pas de doutes quand on fait les comptes. Mais nous sommes tous les trois dans notre élément, à la bonne place.

Tiphanya, Avenue Reine Mathilde

Cet article vous a plu ou vous a servi?
Offrir un café à Corinne sur Ko-fi

Par Corinne Stoppelli

Je suis Corinne, un petit oiseau libre. Sans domicile fixe depuis 2010, je sillonne la planète à la recherche d'inspiration et de points de vue différents. Sur Vie Nomade, je partage mon regard sur le monde, le temps et le changement, d'une plume sincère et d'un objectif curieux et ouvert. En savoir plus?

Rédiger un commentaire?

(42 commentaires)

  1. fabrice dit :

    Tu sais, c’est le genre de question que l’on se pose à 20, 30 ou 50 ans.
    Il faut se la poser une fois, au moins.
    Et ensuite, on en fait quoi?

    • Corinne dit :

      Pas grand chose je crois :) On pondère, on se crée d’autres questions et on essaie peut-être, d’utiliser notre expérience pour donner un coup de pouce aux autres.

  2. colombefrei dit :

    très juste.

    Pour ma part, ce fut l’overdose après avoir travaillé dans une multinational.
    De voir de l’intérieur ce système dans lequel on vit qui nous pousse à acheter toujours plus, à vivre au dessus de nos moyens, à s’éloigner les uns des autres à force de passer sa journée devant un écran… n’était tout simplement plus possible pour moi.

    Je devais partir, aller sur la route, aller à l’encontre des gens, retrouver une vie simple.

    Partir pour tout quitter fait peur à nos proches, qui sont dans l’inquiétude alors qu’on démissionne d’un CDI et qu’on part à l’autre bout de la terre sans avoir déjà trouvé un travail, sans avoir de plans fixes… et pourrait aussi nous freiner sur notre départ mais il faut oser et tenir bon. Nous en reviendrons que plus forgé, plus mature et plus responsable et respectueux quand à notre entourage.

    Et il est tout à fait naturel aussi que nos rapports changent avec « nos amis » une fois partis.

    Je reprends cette phrase d’un témoignage plus haut qui décrit parfaitement la réalité de la transformation des amitiés pour tout grand voyageur :

    « Les liens les moins forts ont été rompus, comme ils l’auraient été de toute manière à l’épreuve du temps, la distance a juste accéléré ce mouvement. Les autres relations ont évolué, et la plupart vers plus de profondeur… »

    Après avoir déménagé de nombreuses fois à l’intérieur de l’Europe, j’ai déjà vécu ces « liens cassés » et ce n’est qu’un phénomène naturel de notre vie. Notre vie est faite de rencontres !

    • Corinne dit :

      Merci pour ce témoignage, Colombe.
      C’est vrai, c’est aussi un de mes passages préférés que celui sur les amitiés rompues. Mais c’est souvent plus facile à accepter pour nous, le voyageur, que pour ceux qui restent je crois.

  3. Amélie dit :

    J’adorerai pouvoir tout le temps voyager, mais j’ai des études à finir dans lesquelles j’ai vraiment beaucoup beaucoup investi. Ensuite, j’aimerai dans quelques années fondée une famille et puis surtout mon chéri n’est pas du même genre que moi, il aime voyager, découvrir de nouvelles villes, mais il fait encore plus attention à l’argent ahah! Enfin, j’ai quand même des projets en tête que j’espère réaliser (Argentine, Bolivie, Sumatra, Madagascar…) &Puis surtout, j’essaye de faire intégrer à mon chéri que j’aimerai énormément créer mon assos plus tard pour sensibiliser les jeunes à l’Art ou découvrir des talents! A voir evidemment, car j’ai encore mes études à finir, et puis une association ça ne se fait pas comme çà ..
    En attendant, profite bien et régale nous de photo :)
    xx

  4. Et toi, Corinne? Tu vas nous dire?

  5. Yoan dit :

    Partir a juste été un moyen de m’affranchir de tout ce qui faisait qui j’étais et avoir la chance de pouvoir reconstruire ça, brique après brique, comme je l’entendais. Tout défaire pour mieux refaire et séparer ce qui nous appartient réellement, nous définit, de ce qui fait partie de cette héritage socio-culturel. Si je n’ai pas sauté à pieds joints dans une culture autre, balancer ce qui me définissait dans le regard des autres pour reconstruire cette image a été une des raisons consciente à ce départ ou déracinement. Tabula rasa.

    • Corinne dit :

      Très joliment dit! Et je me retrouve tout à fait là-dedans.

      • colombefrei dit :

        parfaitement d’accord avec corinne.

        yoan: très belle description de ta volonté d’être parti. comme tu as écrit au passé, as tu un blog de tes récits de voyage ?

    • C’est marrant car ta réponse me parle beaucoup aussi, mais je m’en suis plus rendue compte au fur et à mesure – ce n’était pas la raison « consciente » au départ.
      Et pourtant l’un des plus beaux enrichissements: se reconstruire comme on le souhaite (et beaucoup plus simple que d’entreprendre la même chose chez soi, à mon avis!)

    • dawn dit :

      très juste!
      et pas facile…. je l’ai fait plusieurs fois..

  6. Sylvie dit :

    Une longue pause faite de voyages pour découvrir le monde en famille,le montrer à ses enfants… pour mieux revenir.

  7. Tara dit :

    J’ai tout laissé derrière moi pour avancer. J’avais l’opportunité, les moyens, alors j’ai foncé en voyant ce qui se produisait :)

  8. Benjamin dit :

    Ah cette fameuse question tout le monde se la pose, surtout quand on est jeune je pense !
    Chacun à ses réponses… Pour ma part, ça m’a permis de me trouver au sens personnel comme professionnel. Autant dire que de retour en France, on n’est plus tout à fait le même :)

  9. Lucie dit :

    D’une manière ou d’une autre on laisse tout derrière soi, car ce que l’on a ne suffit pas. Parce que l’on n’est pas tout à fait heureux, qu’il manque quelque chose. Ce n’est pas dit que l’on trouvera mieux ailleurs non plus et ce n’est jamais facile de laisser les amis et la famille derrière. Mais comme c’est dit plus haut, on garde les liens avec ceux qui sont importants et les rapports évoluent.

    • Corinne dit :

      Tout à fait d’accord Lucie! Quand je suis partie, j’étais on ne peut plus insatisfaite et triste. Le voyage m’a apporté beaucoup de recul, et même si rien n’a techniquement changé (les règles du jeu sont toujours les mêmes!) j’arrive à vivre de manière bien plus ‘zen’ :)

  10. Emilyz dit :

    Laisser tout derrière moi pour faire mon tour du monde a été plutôt facile pour moi. Je l’avais déjà fait dès 18 ans pour étudier aux Etats-Unis. En fait, le plus dur, c’est de reprendre une vie normale au retour, d’ailleurs je n’ai jamais réussi, et encore plus dur que les autres comprennent, d’ailleurs je suis d’accord, cela fait évoluer les rapports avec les proches ou moins proches justement. Et je suis donc comme toi, tout le temps dans une vie nomade, pas toujours facile mais impossible à laisser…

  11. Je suis à moitié expatriée car de la France à la Suisse il n’y a finalement qu’un pas. Je ne suis pas 100% nomade mais sans voyages je suis en manque. Je suis une passionnée et assoiffée de découvertes. La Suisse est mon nid, mais j’ai besoin de partir et de voir d’autres horizons très souvent. Trop souvent même. Prête à témoigner si tu as besoin !

  12. Très sympa cette série, merci pour ces témoignages!

  13. Su-Su dit :

    J’adore ces jolis témoignages! je voyage par procuration!

  14. Yohan dit :

    Très bonne série de témoignage, merci pour le partage. Ce sera bientôt notre tour, je l’espère !

  15. nico dit :

    Je viens de lire les quatre parties et c’est sympa de voir un peu les motivations de chacun, une question qui me vient à l’esprit, c’est : »qu’est-ce qui me ou nous pousse à ne pas partir? » ^^ :)

    Personnellement, j’ai 28 ans, un métier exportable, l’amour du voyage et de la découverte et surtout des envies de départ depuis 2008 ou j’ai passé 1 mois au canada, mais depuis rien ne s’est passé, chaque année on dirait que je me trouve des excuses et la peur prends le dessus, j’en parle et j’y pense, mais je bloque :(

    • Je crois que répondre à ta question « qu’est-ce qui nous pousse à ne pas partir » est un très bon début pour comprendre ;) Quels sont les arguments pour/contre? Les contre semblent dépasser les pour. Essayer de les mettre sur papier peut aider à comprendre… et à savoir quoi déjouer ensuite pour pouvoir enfin y goûter!

  16. Pierre dit :

    Merci pour la publication Corinne, c’est un honneur et un plaisir de répondre sur ce sujet.
    La question paraît simple mais la réponse elle, est vraiment propre à chacun comme on le voit au travers des différents témoignages.
    Belle série en tout cas!
    Bises du Mexique

  17. Mondalu dit :

    Jolie série de témoignages.
    Cela met du baume au cœur de voir que finalement tout le monde part pour des raisons bien personnelles, mais qu’au final franchir le pas semble être le plus beau des voyages.
    Merci pour ce partage.

  18. Emma dit :

    De beaux témoignages! Chacun son parcours et son histoire! Moi je suis partie il y a 10 ans, avec mes deux fils, 5 et 8 ans et l’aventure a été et est toujours formidable! Maurice pour moi mais à chacun son rêve. Osez y croire et foncez! Rien n’arrive par hasard!

  19. Anais dit :

    Jolis témoignages ! Pour ma part je voyage depuis très longtemps et j’ai toujours adoré voyager… Aujourd’hui je suis en Thaïlande pour quelques mois, j’ai déjà un billet d’avion vers l’Australie qui m’attend pour septembre 2014 et entre temps j’espère continuer à visiter cette Asie que j’aime tant. Ce qui m’a poussée à partir? C’est l’envie de découvrir, de rencontrer, de goûter… Je m’ennuie très rapidement en France et je pense toujours à ma prochaine destination…

    • Hello Anais! Moi aussi je m’ennuie tout le temps d’un lieu, c’est affolant :p Il nous faudrait des ailes!

      • Franck dit :

        J’ai le même problème…je me lasse extrêmement vite ! Comme tu dis, des ailes seraient très utiles ;)
        J’ai vu dernièrement une vidéo où une GoPro avait été fixée sur un rapace => vue magnifique qui donnerait limite envie d’être un oiseau :-)

  20. sobanski yvonne dit :

    j’ai adoré lire vos témoignages mais je n’ai rien lu sur les envies de tout quitter pour vivre ailleurs à 50 ans passé. tout ce qui a été dit dans vos témoignages renforce mon envie de partir mais comment subvenir à mes besoins à cette age??? y a-t-il des témoignages de quinqua qui ont tout quitté pour vivre à l’étranger avec ou sans projet en tête, juste par envie de découvrir autre chose??
    merci de vos réponses….

  21. salva dit :

    Vos témoignages sont très encouragents, pour ma part je veux partir et tout laisser derière moi mais ça à l’air tellement compliquer de s’installer dans un nouvel environement, les papiers , le boulot et sans compter qu’il faut trouver où loger.Quelles sont les démarches à suivre pour arriver à tt recomencer une nouvelles vie?

  22. senechal dit :

    Moi je cherche quelqu’un pour partir loin et vivre heureux dans la liberte de la nature
    ceci est tres serieux et murement reflechis
    A presque 40ans ma vie actuelle ne me plait plus ,j’ai deja passee 10ans au coeur des forets boreale canadiennes et depuis mon retour je ne sens pas a ma place dans cette societe de consommations moderne

  23. Stéphanie dit :

    Salut Corinne, je suis tombée par hasard sur ton blog en faisant des recherches sur la Polynésie et je suis conquise! j’adore les sujets que tu évoques et ta façon d’écrire :)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.