2020: Une année sans vie nomade… et un choc culturel inversé
Au téléphone avec quelques amies blogueuses (coucou Lucie et Audrey!), on a fait le compte pour rigoler du nombre saugrenu (lire: inexistant) d’articles publiés par chacune en 2020. Alors que ce blog a été le soutien de plus ou moins toute ma vie durant de longues années, mon dernier article, lui, remontait au 21 décembre 2019. Il n’y avait pas eu de bilan de fin d’année, de résolutions, de célébrations: j’ai tout mis en sourdine comme ça, du jour au lendemain.
Encore un choc culturel inversé
Il y a des choses que je ne m’explique pas encore. Durant l’été 2019, je m’étais rendue une fois de plus au Canada. C’était un voyage très attendu et même un vieux rêve: je me rendais pour la première fois en Saskatchewan, dans les prairies de l’ouest nord-américain. En termes d’écriture comme de photographie, je me rapprochais d’un idéal, d’un style qui me plaisait. J’avais enfin du bon matériel avec moi, après dix ans passés en la compagnie quelque peu obsolète d’un appareil qui aura menacé de me laisser en plan plus d’une fois. Je tentais de nouvelles choses, aussi. Dans la plus sombre réserve d’étoiles du Canada par exemple, je m’essayais pour la première fois à l’astrophotographie. J’aurais mérité un peu d’entraînement car je découvrais mon appareil, mon trépied, mon objectif et une branche entière de la photographie en pleine nuit (il y a des choses qui s’improvisent moins bien que d’autres).
Ce séjour au Canada représentait plus ou moins tout ce que j’attends du voyage: de l’inspiration, des histoires et des possibilités de prises de vue par paquets de douze, des amitiés très chères à célébrer, de l’aventure dans des espaces uniquement limités par nos capacités physiques et, bien sûr, la surprise des nouveaux goûts, reliefs, plantes et oiseaux, la joie des nouvelles rencontres.
Et puis il a eu le retour. La violence d’un choc culturel inversé. Je connaissais déjà ça, mais je ne l’avais pas reconnu avant de vous écrire ces lignes. Je ne l’avais pas reconnu parce qu’à l’époque, il était le fruit d’un retour après deux ans passés en Asie. Comment aurais-je pu me douter d’une ampleur similaire pour un voyage d’à peine deux moins? C’est que, dans les prairies de la Saskatchewan, j’ai retrouvé une partie de moi que l’on m’avait volé: la petite fille et son cheval. La petite fille qui, sur le dos de son fidèle compagnon, se faisait immense. Celle qui pouvait narguer puis fuir, avec la bénédiction protectrice de l’imposant animal. Une petite fille qui avait beaucoup de mal à faire confiance, à soutenir l’attention qu’on pouvait lui porter, à exister même, je crois.
S’expatrier, pour la première fois (à Berlin)
Les prairies à perte de vue, c’est là que mon esprit partait vagabonder quand les temps étaient les plus durs. Les prairies m’ont accompagnée, se sont muées en rêves d’océans et de voiliers pour quelques temps, puis sont redevenues ce qu’elles auraient toujours dû être: la terre ferme, solide, à perte de vue. Alors après deux ans déjà à avoir plus ou moins élu Berlin comme terre de retour entre mes éternels départs, j’ai pris la décision ferme, enfin, de m’y établir pour de vrai. D’explorer encore une fois la question compliquée des racines.
Me voilà donc officiellement résidente à Berlin depuis un an et, aussi curieux que cela puisse paraître, c’était la première fois que je m’expatriais. Il m’aura fallu du temps pour trouver un domicile, mais j’aurai enfin vécu la joie de me créer un nid, ce que je n’avais pas fait depuis mon départ en 2010. Tout avait été temporaire depuis (et l’est toujours, entendons-nous, mais beaucoup moins). Avec la joie est arrivée aussi une bonne dose de stress. Car emménager sans aide dans un appartement vide, sans permis de conduire, en pleine crise sanitaire et tout en travaillant à 120%, ce n’est vraiment pas simple.
Voyages en 2020
Cette année de n’aura vu que deux micro-voyages: l’un administratif en Suisse et l’autre sur les rives de la Mer Baltique, où s’échouait une romance de quarantaine que je vous raconterai peut-être un jour, avec encore un peu plus de distance. Les mois et les semaines auront tout de même été ponctués d’aventures dans les bois et sur les rivières et les lacs de Berlin et du Brandenbourg (la région encerclant la ville).
Les beaux projets de 2020
2020 aura été aussi source d’une reconnexion à celle que j’étais avant: une fille qui ne jure que par la poésie, les belles couleurs, la nature, les oiseaux, le vent dans la face. L’immobilité a facilité tout cela d’une manière inattendue et je suis encore en pleine exploration.
Illustration et aquarelle: des oiseaux partout!
Bien que j’aie déposé plume et appareil photo pour un temps incertain, j’ai prix en attendant les pinceaux et lancé un nouveau projet, très cher à mon coeur, illustrer et peindre des oiseaux qui racontent la vie, les remises en questions, les choses auxquelles il faut prêter plus d’attention ou simplement la joie d’exister. Tout comme mes récits, ils émergent souvent d’une discussion entre amis ou avec moi-même, de quelques mots entendus ou d’une scène de vie observée au hasard.
Me suivre sur Instagram @coco.moino
Co-autrice et photographe pour un beau livre sur les trains
Quel honneur que d’avoir été contactée, en début d’année, par Gallimard Loisirs pour faire partie d’un très bel ouvrage collectif qui rend honneur aux voyages en train, appelé « En Train ». Certain·e·s d’entre vous connaissent déjà mon amour pour le voyage en train (mon moyen de transport préféré à égalité avec mes pieds) et comprendront que c’est une consécration! Quel bonheur que de voir certaines de mes photographies illustrer les itinéraires que j’ai rédigés. Je vous en reparlerai plus en détail car cela mérite un article, mais je vous invite déjà à le découvrir chez votre libraire préféré·e ou à la Fnac.
À découvrir dans la librairie Gallimard En train
Jardinage urbain et plantes d’intérieur
Petite, je faisais germer puis pousser tous les haricots, pépins et graines que je pouvais trouver. Plus tard (2008-2010 à Fribourg en Suisse), je remplissais mon tout premier studio d’orchidées.
Dans cette vie plus stable, j’ai pu re-découvrir la joie que procurent ces êtres verts (plus ou moins grands) qui bougent et grandissent auprès de moi. 2021 sera aussi l’année de mon premier balcon-jardin!
J’ai décidé de documenter tout cela à mon rythme sur un compte Instagram.
Me suivre sur Instagram @cocomonstera
En conclusion
De la quarantaine, je n’aurai touché que quelques mots dans l’introduction. S’il n’y avait pas eu cette crise sanitaire affolante, ma vie aurait été certainement plus sereine, car tous ces changements ne sont pas arrivés sans remises en questions, fatigue et surmenage. D’ajouter à cela la folie de 2020 aura transformé une vie plutôt normale en une vie à 300km. Un peu comme un train à grande vitesse. Un peu comme une vie nomade.
Par Corinne Stoppelli
Je suis Corinne, un petit oiseau libre. Sans domicile fixe depuis 2010, je sillonne la planète à la recherche d'inspiration et de points de vue différents. Sur Vie Nomade, je partage mon regard sur le monde, le temps et le changement, d'une plume sincère et d'un objectif curieux et ouvert. En savoir plus?
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(4 commentaires)
J’espère venir bientôt pour connaitre toutes tes plantes d’intérieur et voir tes magnifiques dessins en direct. Way to go, amica mia!
Merci pour les nouvelles! Je te souhaite une année 2021 plus sereine, reposante et inspirante! ❤️
Ça fait plaisir de vous retrouver. Je pensais à vous ces jours derniers et m’inquiétais de vos projets.
Restez au chaud à Berlin…vous en sortirez en fin de pandémie.
Quels jolis oiseaux et vive le train !
En 2020, j’ai lancé Plume & Cal’pin, mon atelier d’écriture. Vous pouvez me suivre sur Facebook. Cela m’honorerait.
A bientôt j’espère. J’adore vous lire. Je partage souvent vos sentiments et impressions en dépitde mon grand âge.
Bonne route en 2021…
Quel plaisir d’avoir de vos nouvelles… Et peut-être que c’était plus « secure » d’être en mode Berlin plutôt que nomade… A suivre 2021
Prenez soin de vous