La vie
nomade

Une vie nomade, c’est une vie marginale?

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La question on ne peut plus fréquente que l’on me pose depuis que je suis partie du Canada au mois d’avril, c’est:
« Tu vis où maintenant? »
… et la réponse la plus attendue est
« Chez tes parents? »
Parfois on fait même un raccourci avant d’avoir posé la question:
« Alors tu vis chez tes parents maintenant? »

La plupart du temps je réponds « Oui ».
Après tout, il y a mes affaires chez mes parents, et puis il y a mes parents, bien sûr.
C’est aussi la réponse la plus courte, la plus facile.

Seulement, la vraie réponse est « Non ».
Je ne vis toujours nulle part, si ce n’est en Suisse d’une manière assez vaste et délocalisée. La Suisse est ma base, c’est le pays duquel je pars et où je retourne.

Par exemple, durant le mois de juillet, j’ai rendu visite à mes parents durant une semaine et me suis déplacée entre leur domicile, Fribourg, Lausanne et Naples (Italie).
Durant ce mois d’août, je n’ai écoulé que quelques jours au domicile familial et j’ai ensuite effectué des allers-retours entre Fribourg, Lausanne, Berne, Zürich pour atterrir enfin sur les Îles Canaries (d’où je vous écris!).
Le mois de septembre devrait se résumer à environ 5 jours de visite au domicile familial, avec des déplacements prévus entre Zürich, Fribourg, Lausanne, Marseille, Perpignan et Thonon.

La pluie tombe sur la vitre du train, magique! Ma maison, c'est entre deux frontières...

Bonjour! La pluie tombe sur la vitre du train, magique! Ma maison, c’est entre deux frontières…

Un home, sweet home? Ou pas.

Je dois dire que j’aimerais bien ça, avoir un petit endroit à moi où me recueillir un peu entre tous mes déplacements. Seulement, ça n’aurait aucun sens de louer un appartement vide sur un contrat de quelques années. Pas compatible. Je n’ai pas de mobilier…

Cela fait désormais plus d’un an que je vis avec un tas de gens différents, et dans un tas d’endroits différents. J’ai par conséquence aussi dû renoncer à une certaine solitude qui m’aurait certainement été salutaire… par petits moments. Mais la somme d’expériences et d’amitié que m’a prodigué mon style de vie me fait conserver mon précieux choix sans aucune hésitation.

Pouvoir vivre en déplacement continu ET disposer d’une base fixe et calme (d’un home sweet home?), ce serait génial. C’est pour ça que par fois, je m’arrête quelque part. Comme je l’ai fait en Thaïlande, durant presque un an, dans ma petite villa à Chiang Mai, ou encore à Taïwan, en colocation avec deux filles géniales.

... ou alors dans une jolie zone internationale, à attendre mon prochain avion...

… ou alors dans une jolie zone internationale, à attendre mon prochain avion…

Comprendre l’itinérance?

La plupart des gens ont du mal à comprendre l’itinérance.
J’ai moi-même encore terriblement de mal à l’expliquer (et à me l’expliquer!), malgré ces trois dernières années passées sur la route.

En Suisse, par exemple, on se moque un peu, quand je dis que je pars aux Îles Canaries pour travailler (mes fameuses travacances). Et ici, aux Canaries, les gens ne comprennent pas trop non plus. Ce n’est pas le genre de tourisme auquel ils ont l’habitude de faire face.
Imaginez donc si je leur disais que je compte me lancer dans une petite carrière de cat-sitteuse ou de house-sitteuse? :)

Enfin, je continue par ces billets d’humeur de démystifier ma vie nomade, afin de m’aider à me définir mais aussi de stimuler un peu l’imagination de mes interlocuteurs, même si la plupart du temps, plus j’en dis, plus je passe pour une marginale.

Alors oui, je suis une marginale, si c’est comme cela qu’on appelle ceux qu’on n’arrive pas à faire rentrer dans un moule spécifique.

Mais pourtant… moi aussi j’ai mon rythme: voyage-boulot-dodo.

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Par Corinne Stoppelli

Je suis Corinne, un petit oiseau libre. Sans domicile fixe depuis 2010, je sillonne la planète à la recherche d'inspiration et de points de vue différents. Sur Vie Nomade, je partage mon regard sur le monde, le temps et le changement, d'une plume sincère et d'un objectif curieux et ouvert. En savoir plus?

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(23 commentaires)

  1. Laurent dit :

    As tu pensé au camion aménagé ? Au voilier ? Juste une question comme ça….

      • Le camion aménagé: oui, mais je n’ai pas encore le permis de conduire!
        Le voilier, oui aussi, c’est tout récent… avant j’avais peur de l’eau profonde… je me suis bien soignée depuis, mais c’est encore pas tout à fait ça. Mais j’apprends à naviguer avec une chère amie et je me surprends à en rêver de plus en plus.
      • Laurent dit :

        A avoir creusé pas mal la chose, c’est devenu une évidence de partir avec un voilier habitable… Connais tu STW.FR ? J’ai commencé comme ça, puis un stage aux Glénans…

        Je suis aussi un marginal, un manouche, un peu introverti et n’aimant pas mes congénères ;o)

        • J’ai vraiment besoin de mes bons amis, en ça je suis très sociable. Seulement il y en a qui sont vraiment loin… Aussi, je ne suis pas sûre que je pourrais vraiment me cantonner aux mers et aux villes portuaires. En fait faudrait que je devienne pilote et que je me fabrique un mini-jet habitable o/ Illumination soudaine, haha!
          Je ne connais pas ce site, je vais aller voir. Je vais le montrer aussi à mon amie, je pense qu’elle va aimer! On va certainement se préparer à une traversée à un moment donné… Mais j’en suis tellement loin :p Je suis montée seulement 4 fois sur le voilier avec elle je crois… mais à chaque fois c’était magnifique. Et une fois le pied remis à terre… me retrouver dans la foule du port… Ouille, la déprime.
          Je crois que je suis sociale en nombre limité en fait.

          • Sinon, une bonne alternative, pour se familiariser avec la vie sur un voilier, c’est les bourses d’équipiers sur le site du routard.

            Je dois avouer que c’est un peu jouer à la roulette russe : on ne sait pas sur qui on va tomber, et après, il faut vivre en communauté sur un espace réduit. Mais il y a différentes manières de préparer le voyage pour que tout se passe pour le mieux (avoir des contacts déjà avec les propriétaires du voilier, …).

            J’ai déjà tenté l’expérience plusieurs fois, et ça c’est toujours bien passé. Nous avons noué de chouettes relations, dont certaines qui durent.

            Mais nous avons maintenant le rêve d’avoir notre bateau à nous ! Qui sait, on accueillera peut-être nous aussi les « routards » pour de nouvelles aventures maritimes …

            Et je comprends ta réticence, Corinne, a ne pas vouloir te limiter aux villes portuaires. J’avais la même craintes, mais finalement, nous pensons voyager selon le mode « bateau » et « sac à dos » : on se pose, on explore le pays à pattes, et on retourne aux bateau. On est encore en réflexion à ce sujet sur la faisabilité (entre autre niveau budget).

            • Laurent dit :

              C’est clair Amandine que c’est mon prochain prochain projet ! Et je dirais qu’avec un voilier avec faible tirant d’eau, tu enquilles les canaux et les fleuves. De Paris à Belgrade, Bratislava Vienne, tu peux te faire plaisir et remater par la suite ! C’est quand même extra ;o)

              J’aurai aussi une capacité limitée à encaisser une foule nombreuse mais quel que soit le port, tu as toujours des personnes formidable que tu peux aborder librement que si tu le souhaites. J’adore http://laboiteuse.blogspot.fr

            • Merci pour toutes ces infos, vous deux! Oui Amandine, j’y ai pensé aussi, mais il semble que les places dans les ports soient assez chères. Je ne me suis pas encore assez renseignée cependant…

  2. fabrice dit :

    La marginalité se définit par rapport à une norme suivi par une majorité de la population. Ce qui n’implique pas forcément que c’est négatif bien sûr.

    Si tu avais été une résistante allemande sous la nazisme, tu as aurais été une marginale. Pourtant, tu aurais été dans le vrai.

    Bon, mais faut que tu passes ton permis, c’est utile:-)

    • Vu comme ça ;) C’est clair, tu as raison, mais c’est une marginalité un peu en dépit des faits. Mes amis épars autour du monde me manquent beaucoup, dès lors j’ai tendance à me sentir un peu seule quand je suis en Europe. J’aimerais pouvoir retrouver un groupe de gens avec le même état d’esprit avec qui partager des aventures, même au pays.
      Pour le permis, ouais j’aimerais bien mais, ça prend trois ans en Suisse…

      • fabrice dit :

        Oui, si tes amis sont un peu partout, ce n’est pas simple. Faudrait qu’ils se mettent ok pour habiter au même endroit:-)

        3 ans! je suis encore sous le choc là, comment est-ce possible? Tu peux pas le passer en France et le faire reconnaître ensuite?

        • Ma situation est vraiment très compliquée malheureusement. Résidence en Suisse (née en Suisse), mais pas de passeport Suisse (Italien seulement) ne me donne pas droit de prendre une résidence ailleurs (sinon je perds ma résidence suisse), résidence qui me permettrait, ailleurs, de passer un permis de conduire.
          J’aimerais maintenant prendre ma nationalité Suisse, mais cela prendrait minimum 2 ans et coûterait autour des 2500€. Un peu coincée ;)

  3. Emilyz dit :

    Oh si tu savais comme je te comprends! Pour moi, c’est exactement pareil, toutes mes affaires sont chez mes parents, mais je pars l’hiver entre 3 et 6 mois, je suis toujours en vadrouille et je passe environ une semaine par mois chez eux quand je suis à Paris, donc je ne considère pas que je vis chez eux non plus, bref je suis nomade et oui beaucoup de gens ont du mal à comprendre qu’on soit sans domicile fixe sans pour autant dormir dehors. Pareil que toi, j’aimerais trop avoir un appart à Paris pour entreposer toutes mes affaires et avoir un chez moi quand je suis à Paris, mais ceci faute de moyens n’est pas compatible avec la vie nomade. J’avoue j’ai pensé moi aussi au camoin aménagé pour me balader en Europe, j’ai le permis en plus, mais en fait quand je serais à Paris, il serait garé devant chez mes parents, bref encore plus d’encombrements, quant au voilier, là franchement ça demande beaucoup plus de connaissances et surtout beaucoup plus d’argent, bref pas envisageable, le voilier (et j’ai passé 5 mois sur un voilier), c’est vraiment se limiter sa liberté. Et la liberté, c’est bien ce qu’on apprécie dans la vie nomade! En tout cas, t’inquiètes, y’en a qui te comprennent. Merci pour ce billet.

    • Salut Emily, ça fait du bien d’être comprise et aussi de voir que je ne suis pas la seule dans cette situation! C’est tout à fait ce que tu décris…

      • Laurent dit :

        Je me demande si vos affaire vous servent encore ? Est-ce que ce n’est pas une forme de pseudo fétichisme qui nous pousse à garder un reliquat de bordel ?

        • Je n’ai pas des masses d’affaires… Mais j’aime l’été comme l’hiver, donc j’ai des habits bien chauds pour des climats pas sympa, comme pour des climats au top. Je ne m’habille aussi pas de la même manière pour le travail que pour le quotidien. J’aime la montagne (grosses chaussures, sac confo), j’aime le vélo (que je laisse à mon père en mon absence)… Je suis 100% pour le minimalisme, mais aussi 100% pour exploiter les choses jusqu’à ce qu’elles aient des trous dedans! Pas de « reliquat de bordel » (j’aime bien l’expression) chez ma famille, je refais des tours à chaque retour pour m’assurer que le superflu s’évacue. Mais je pense que la plupart des gens en pâtit, de ce fétichisme. Il rime avec confort et certitudes.

    • Laurent dit :

      Salut Emily ! Va demander à Gwendal http://laboiteuse.blogspot.fr s’il est libre le gars ;o) avec un voilier avec un faible tirant d’eau, tu te stationnes sur les canaux ou sur la Seine !

  4. Benjamin@blog voyages dit :

    Avoir un « home sweet » comme tu le dis, je crois que c’est le rêve de beaucoup de nomade comme nous :) Je me retrouve dans cette situation à chaque nouveau voyage : N’ayant pas les moyens financiers de garder un appartement, je suis obligé de le laisser pour partir, mais à mon retour, il faut toujours tout recommencer à 0 ! Je choisis ce mode de fonctionnement, car j’aime bien avoir mon chez moi, quand je rentre, et donc ne pas rester chez mes parents, mais je comprends carrément ton point de vue.

    Ah vivement qu’on gagne à l’Euro millions, et qu’on puisse s’acheter un bel appartement, qui sera un home sweet, à vie :D

  5. Nous n’avons plus de chez « nous » depuis le 1/08 et vivons chaque mois dans un meublé différent.

    Nous sommes une famille nomade, digitale et marginale : )

    Un style de vie atypique mais auquel nous nous adaptons facilement et le plus étonnant c’est que notre fils de 13 ans

  6. oups…fausse manip :)
    je disais que notre fils de 13 ans s’y est fait très vite:)
    Nous sommes en France jusqu’à fin octobre (nous testons notre façon de travailler à distance) puis au Maroc en novembre. Les USA en début d’année…
    Peu à peu nous allons prendre notre envol vers des destinations lointaines.

    Après peut etre est ce plus facile de se passer de son petit chez soi quand on est une famille que lorsque l’on est seul?

  7. Tiphanya dit :

    Quand j’étais petite (entre 7 et … 16 ans, une idée qui a duré longtemps quand même), je rêvais d’avoir un bel appartement dans Paris, car l’aéroport n’y était pas loin. Faut dire que j’habitais à la campagne. Et de cet appartement idéal je passerai ma vie en voyage.
    Alors que je découvre la vie nomade (j’ai rendu mon appartement il y a une semaine), je repense à ce rêve. Je n’irai plus m’installer à Paris, mais qui sait, si un jour je décide de jouer au loto et que la chance est là !

  8. Caroline dit :

    Bonjour!
    En plus d’être une grande voyageuse, je suis en train d’effectuer un mémoire sur le nomadisme et l’habitat nomade. Je suis tombée sur ton site et je suis très intéressée par tout ce que tu y dis. Tu fais partager de grandes et précieuses choses à ceux qui n’ont pas les moyens, le temps ou le courage de sauter le pas. Je trouve ça super!

    Je me demandais aussi si être « nomade » pour toi s’apparentait à un retour à des choses simples, existentielles ou si c’était une vie qui te paraissant aussi aisée qu’être sédentaire. Te parait-il plus difficile ou non de vivre une vie en mouvement perpétuel? Te semble-t-il être un choix fait de concessions? Est-ce un choix que tu penses comparable au choix d’un métier ou le considères tu comme plus engagé (engageant)? Crois tu que l’on peut vivre nomade à vie aujourd’hui? Qu’est-ce qui te manque le plus quand tu voyages?

    J’aurais encore un milliard de questions mais je m’arrête ici. Je te remercie déjà si tu me lis jusqu’ici et que tu trouves la patience d’y répondre. Encore bravo et merci pour ton blog.

    • Corinne dit :

      Salut Caroline et merci :)
      Pour tes questions… Je pense que cet article et celui-ci doivent pas mal répondre à la question de l’aisance, des concessions et des manques afin de mener vie nomade, tant du côté perso que pro.
      Pour le métier et l’engagement, cela dépend du métier. Une personne qui se lance dans l’humanitaire, ou dans l’artistique par exemple, en a souvent fait un choix de vie (de vocation?) au départ plutôt qu’un choix de métier.
      Mon idée est que devenir nomade aujourd’hui (tout à fait possible oui!) relève d’un changement de style de vie. C’est une vocation de voyage. Pour donner un exemple pratique, c’est comme de choisir entre son amour pour le côté social d’une ville ou pour l’isolation d’un ermitage en montagne. Ici, plutôt que social ou isolation, c’est le choix de l’itinérance (qui est d’ailleurs un bon compromis entre social et isolation!).
      En espérant que ça réponde à tes questions (qui mériteraient une discussion de quelques heures, je pense ;)

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