Faire ses bagages pour la vie nomade
- Le nomade se doit-il de voyager léger?
- Comment s’organise-t-il pour des années de vie sans domicile fixe?
- Quel est l’attirail qu’il préfère et recommande?
- Quels sont les gadgets dont il ne se passe pas?
- Comment organise-t-il et optimise-t-il ses bagages?
Voici les considérations pratiques (et essentielles) auxquelles je tenterai de répondre dans une série de billets destinés à l’art de faire son sac…
Le nomade se doit-il de voyager léger?
Vrai! Bon je ne vous apprends rien. Personne n’aime voyager lourd de toute façon. Et la valise a ses limites que la raison ne connaît point.
Mais relativisons la légèreté. Il y a un tas de facteurs à considérer lorsque l’on décide de la quantité de biens à emporter avec nous…
1. Quels biens de valeur possède-t-on?
Il faut avant tout faire la part des choses entre l’indispensable et ce que l’on peut laisser derrière soi.
Selon le budget, une paire de jeans par exemple, peut être considéré comme un objet assez cher. Et pourtant, c’est possiblement l’habit le plus lourd et le plus encombrant… mais qui fonctionne pour toutes les saisons. Il faut jouer du compromis. Misez-vous finances et légèreté, ou misez-vous finances et praticité?
Autre exemple: ai-je réellement besoin de prendre avec moi cette grosse serviette de bain qui prend toute la place dans mon sac? Une serviette bon marché ne coûtera pas cher sur place, ou alors, je peux investir dans une serviette super-fine sèche-vite qui nous suivra partout (la mienne a trois ans et elle est toujours là).
2. Nos biens sont-ils pratiques?
Ce joli débardeur brodé de blanc est-il adapté? 1. Je dois prendre un soutif spécial couleur peau sans bretelles rien que pour lui 2. Il va devenir jaune/gris en trois lavages avec mes autres habits, ou alors je devrai toujours le laver à la main et selon le climat il ne sèchera pas assez rapidement, etc.
Bref, vous l’avez compris, je ne prendrai pas ce débardeur brodé blanc avec moi.
Raisonnez en ce sens: cet objet peut-il être utilisé dans différentes circonstances? P.ex. quand il fait beau, quand il pleut, quand il faut chaud, quand il fait froid, à l’intérieur, à l’extérieur…
Pour les habits, pensez couches et superpositions: un leggings par exemple, peut se porter sous un pantalon s’il fait trop froid, sous une jupe, comme pantalon de sport, comme pyjama…
Cela vaut d’ailleurs aussi pour le pyjama: est-il sortable votre pyjama? Pourriez-vous envisager d’aller faire un jogging avec? D’aller faire vos courses avec?
3. À quelle(s) saison(s) voyage-t-on?
La mousson? Le froid glacial de l’Alaska en hiver? L’Afrique sub-saharienne? La jungle de Bornéo (attention aux coupeurs de tête!)? Toute l’année? D’un continent à l’autre? D’un climat à l’autre?
Si je vais toute l’année en Asie du sud-est, il est clair que je ne prendrai pas avec moi ma grosse doudoune d’hiver et ce même si je compte passer un mois en Corée durant l’hiver (brr)! J’achèterai à l’occasion un pull en laine immense pour compenser, une paire de gants pas chers sur un petit marché et je survivrai (on survit, je vous assure). Il faut être proportionnel dans son raisonnement.
Problème: si l’on n’a aucune base où laisser ses affaires, c’est plus délicat (moi je triche un peu, je laisse des affaires chez mes parents ou chez des proches).
Si l’on calcule des habits pour trois saisons (chaleur étouffante VS froid glacial VS printemps/automne) la quantité d’objets à emporter peut vite devenir encombrante.
C’est à ce moment là qu’il faut revenir sur la question 1. du budget. Préférons-nous voyager léger (et à ce moment avons-nous un budget à allouer au rachat régulier, au fil des déplacements, d’éléments propres à un certain climat) ou alors ne pouvons-nous pas nous permettre d’être constamment en train de consommer, et acceptons-nous de voyager un tantinet plus lourd?
4. À quel rythme change-t-on de pays, embarquons-nous dans des moyens de transports?
Plus les transports sont fréquents et chaotiques, plus on souhaitera réduire le poids et la taille de ses effets personnels. Sinon on se retrouve avec le dos cassé, l’esprit plutôt bas, et on va payer le prix fort en massages thaïs et bières pour se consoler ;)
On peut miser sur la commodité des transports employés. Si je ne compte me déplacer qu’en avion par exemple, je sais que j’ai de bonnes chances de trouver un chariot à l’aéroport. Je sais que je prendrai une navette qui coûte peut-être un brin plus cher, mais qui m’évitera de devoir traverser la ville à pieds jusqu’à l’arrêt de bus.
Cependant si on tape dans l’ultra-budget, on est vite surpris du manque d’alternatives qui nous permettraient un déplacement logique et facile, même dans les grandes villes.
Bref si vous comptez vous déplacer sans compter, n’ayez pas plus sur vous qu’un bagage principal et un petit bagage pratique à garder près de vous.
La dépression du bagageur
J’appelle ainsi le petit down qui survient à chaque fois qu’il faut faire ses valises, abandonner des choses qu’on aimait quand même bien, constater que notre existence prend bien peu de place en ce bas monde, se charger comme un mulet sur-exploité à des heures improbables et finalement faire chier tout le monde dans les transports publics parce qu’on est trop cheap pour prendre un taxi.
Je n’ai pas de recette gagnante si ce n’est de faire le plein de vitamine C. Faites-vous une cure d’agrumes quelques jours avant de partir et hydratez-vous toujours bien. Et puis allez, vous avez été cheap pour le taxi, permettez-vous un petit remontant à l’aéroport, ça fait des miracles.
Je constate ce petit down à chaque fois, il dure quelques jours, une semaine peut-être, autant que le jetlag probablement ;)
Une astuce: faire son sac par piles successives
À mon sens, cela ne sert à rien de compter les pièces d’habits. Il faut penser poids et quantité supportables. Cela se définit avec l’expérience. Plus vous voyagerez, plus votre bagage deviendra une extension de vous-même et vous n’aurez plus besoin de calculer.
En attendant, si vous en êtes à vos premiers gros déplacements de longue durée, il est conseillé de procéder par piles: pile de t-shirts, pile de pantalons, pile de slips, électroniques, etc.
Faites une première pile raisonnable de chaque catégorie, puis constatez qu’il y en a beaucoup trop, et enlevez un ou deux morceaux de chaque pile. Refaites un tour ou plusieurs si nécessaire. Il ne vous restera plus que l’essentiel ;)
En conclusion…
Tâchez de garder une vue d’ensemble et, je le répète: restez proportionnel.
Avez-vous réellement besoin de 2 maillots de bain pour votre séjour d’un mois aux Philippines? Je vous rassure, si votre maillot casse, vous pourrez facilement en trouver un autre. Votre maillot sèchera en un temps record, aussi. Et si vraiment vous n’en trouvez pas un nouveau de remplacement, baignez-vous en slip (noir, s’il vous plaît), ou mieux encore, en shorts, en t-shirts, personne ne s’en offusquera, et vous vous éviterez un coup de soleil.
Dans les prochains articles sur les bagages…
Je vous parlerai de mon choix (sac à dos ou valise? hinhin, l’éternel débat) et vous montrerai un peu ce que j’emporte avec moi.
Par Corinne Stoppelli
Je suis Corinne, un petit oiseau libre. Sans domicile fixe depuis 2010, je sillonne la planète à la recherche d'inspiration et de points de vue différents. Sur Vie Nomade, je partage mon regard sur le monde, le temps et le changement, d'une plume sincère et d'un objectif curieux et ouvert. En savoir plus?
Rédiger un commentaire?
(24 commentaires)
Très bonne astuce, les piles qu’on fait progressivement baisser ! L’expérience nous fait aussi découvrir qu’il y a des choses qu’on n’utilise jamais (qui servent juste à nous rassurer avec le « on ne sait jamais »)et des indispensables (pour moi, jean, tongs, grand foulard qui sert à tout, cordelette pour pendre son linge…).
Ah oui, les fameux ‘on ne sait jamais’! À chaque fois que cette phrase nous vient en tête, on devrait supprimer illico l’objet de notre liste ;) Enfin, à part la trousse à médicaments… quoique!
C’est clair ! Combien de fois je me suis fait attraper : un peu comme le mec de Bref, avec bordel 3000 « parce qu’on ne sait jamais… »
Merci pour cet article super intéressant et pratique !
Avec plaisir Amélie :)
Mes affaires se décomposent en 3 catégories:
1. Ce dont j’ai besoin pour bosser. Parfois rarement mais qui coûtent cher de toute manière, comme mon iPad.
2. Les vêtements que j’emmène partout. Pour la plupart des vêtements techniques qui coûtent cher comme my veste et mon pantalon de rando en goretex que j’utilisent indifferent en rando en montagne ou sur mon scooter pendant la mousson
3. Le reste de mes vêtements, qui sont jetables car peu cher et facilement trouvables n’importe où. Comme mes t-shirts.
Ceci étant je triche: je suis un mec… une fille ne survivrait pas une semaine avec ma garde robe :)
Haha, tu serais étonné des capacités de certaines! Mais en tout cas moi c’est clair que je survivrais pas ;) Pour mes 6 mois aux States j’avais pas moins de 6 paires de chaussures différentes… *même pas honte*
Enfin ça change de l’Asie où j’avais juste des flip-flops et des baskets :p
Je procède comme toi concernant les différentes piles! Puis, quand on a des problèmes de dos, ben on sait qu’on a pas le choix donc pour moi c’est 8kg au départ 11-12 à l’arrivée grand max!! Et je ne manque jamais de rien ;)
Oui, il faut! Je carbure à environ 13kg dans mon sac principal (à roulettes), 11kg dans mon sac de cabine (ordi, appareil photo, objectifs, etc) et parfois… 9kg supplémentaire si je fais plusieurs saisons :p
J’ai pas de problèmes de dos, mais à la sortie il me faut une semaine pour me remettre d’un trajet.
There’s a frood who knows were here towel is…
Grandes références aux classiques de la littérature mises à part, je trouve ta dernière série d’articles particulièrement attachante: merci.
Et pour rester un tant soit peu sur le sujet: il y a cette bonne « botte secrète » qui consiste à préparer tout ce que l’on veut emmener avec soi… et une fois la sélection faite, en éliminer un tiers sans pitié! Dur, parfois, mais si on a vraiment besoin de voyager léger au bout de 3-4 séances on a atteint une liste réduite et redoutable d’efficacité!
Bon, après pour quelqu’un comme moi il y a toujours le problème des 10 bouquins pas légers que je veux ab-so-lument lire pendant le voyage… (soupir!)
Ha je ne connaissais pas la référence!
Merci pour les articles, toujours ravie s’ils te plaisent!
Haha, les bouquins ;) Pourquoi ne pas passer au eReader? Un bon petit Kobo qui lit des formats ouverts? (je sais c’est criminel… avant de partir mon rêve le plus grand était d’avoir une bibliothèque pleine d’étages avec les petits escaliers en bois, comme dans les films… et puis j’ai tout vendu :D)
Ah, mais en déplacement une liseuse est tellement plus pratique qu’une mini-bibliothèque… Même si je finis toujours par visiter les bibliothèques locales également!
Cela dit, nous allons tester la Nexus 7 en voyage cet été et voir si elle combine bien les fonctions liseuse/tablette en un appareil. Je te racconterai ;)
Volontiers! Même si ma liseuse va rester avec moi jusqu’à ce qu’elle meure. Je lui donne encore 2-3 années de vie allez!
J’ai toujours peur des choses rétro-éclairées en fait, ça fatigue / sèche les yeux, alors la mienne est comme papier!
Tu as raison, c’était aussi mon doute sur la Nexus… Bon, en usage domestique ça va (le soir je lis plutôt sur papier), mais notre avantage c’est surtout de ne pas souffrir de la comparaison (pour des raisons budgetaires on pouvait s’offrir ou une tablette, ou une liseuse), mais pour toi qui t’es habituée à l’encre électronique le changement serait probablement désagréable, en effet…
En ayant fait deja un voyage, j’affirme qu’il faut vraiment être léger car essayer de bouger avec 30 kilos dans les bagages c’est vraiment pas commode, un petit sac et ça passe!!!
Bon article, pour moi c’est aussi le voyage le plus léger possible. J’ai débuté en Amérique du sud avec un sac à dos de 22kg. Je me suis rapidement rendu compte que j’avais beaucoup trop, dont une tente et kit de camping dont je ne me servirai qu’occasionnellement. J’ai donc réduis mon sac à environ 15kg et plus le plus de trajet que je faisais mon sac devenait de plus en plus léger. J’ai appris à vivre avec un 11kg dans les derniers mois de voyage.
Je crois qu’il faut simplement prendre le temps d’apprendre en route. Lorsque je repartirai, j’apporterai probablement encore trop au début, d’une certaine manière c’est un peu sécurisant de savoir que tu as tout ce dont tu as besoin au début du voyage, ensuite ont s’habitue et ont n’a plus besoin de tout ça.
Oui Normand, je suis bien d’accord avec toi. Maintenant je n’ai plus besoin de calculer, de composer, d’instinct je sais ce qui va ou ne va pas… Même si je fais toujours quand même de grossières erreurs ;) On n’en finit pas d’apprendre!
ça serait moins compliqué si on voyageait nus comme les premiers humains. On aurait pas besoin de se charger comme des mulets…:-p
Jusqu’à présent je ne suis jamais partie plus de 6 semaines et j’ai un sac toujours entre 10 et 13kg. Mais là, on part à trois pour 9 mois (ou beaucoup plus), avec seulement deux sacs (1 valise 1 sac pour mettre fin au débat) et si pour mes affaires c’est facile de faire le tri. Pour ma fille qui aura 22mois au moment du départ, c’est un casse-tête. Il y a les vêtements (elle se salit beaucoup plus vite que nous), mais aussi/surtout les livres, des petits trucs pour signifier visuellement la stabilité de nos lieux de vie (probablement 3 chevaux en feutrine au dessus de son lit, mais aussi sa propre gigoteuse), les crayons et toujours des feuilles sur soi….
Je sais que je suis un peu ridicule, mais je me demande si au final, elle n’aura pas un sac à elle toute seule, tandis que son père et moi nous nous partagerons l’autre !
Bonjour Tiphanya, je ne trouve pas ça ridicule au contraire. Voyager avec un petit enfant relève certainement d’un sacré challenge. Je ne m’y connais pas du tout en psychologie enfantine, mais je trouve l’idée des points de repères très bonne.
Une amie m’a donné ce conseil. Elle voyage avec une nappe et un vase en plastique. Quand elle arrive quelques parts, elle installe sa nappe sur la table pour signifier aux enfants qu’ils peuvent également s’installer.
Mais je me demande dans quelle mesure ce sera vraiment utile. On verra bien à l’usage. Après tout, quoiqu’il arrive on part toujours avec plus que nécessaire.
Salut, je voyage pas mal aussi d abord seule puis en couple depuis 3 ans.
Mon premiere gros voyage d un an en Australie je suis partie avec 16kg sur le dos. Mes vertèbres s en souviennent. Quand nous sommes partie au Brésil la compagnie à oubliée nos bagages lors d une escale. 10j avec 2 culottes, une robe , un short et 1T shirt, le bonheur. On a presque regretté de retrouver nos valises. Du coup pour le Pérou on a pris le strict minimum. Et comme on reste rarement plus d un an au même endroit on renouvelle nos besoin sur la route. Car finalement on trouve tout. Pour des vêtements de qualités pour voyageur sans un look trop routard je te conseille la laine de mérinos voir le site. Icebreaker. Bonne route
Salut Lucile, merci d’avoir apporté ton expérience! Moi aussi quand je m’attarde à un endroit très longtemps j’ai tendance à renouveler sur place. En Asie c’était parfois un peu plus difficile en raison des différences de taille/corpulence, parfois impossible de trouver un maillot de bain, ou un pull assez grand… sans parler des pantalons assez longs!
Bonjour.
Un truc tout con pour debuter, faites une liste de tout ce que vous emportez, puis au retour une liste de choses que vous n’avez pas utilisé.Listes a laisser dans la valise pour le prochain voyage.
C’est redoutable au moment de repartir…