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Invitée par un fantôme à Vientiane, Laos (ou ce qui arrive lorsque l’on suit la musique)

Publié le • Dernière mise à jour:
Je veux me perdre sur les bords du Mékong, mais la police m’arrête. Coïncidence? Car après cet épisode, tout s’enchaîne d’une étrange façon et je me retrouve catapultée au coeur d’un monde étrange, mystique et coloré, où l’on me sacre invitée d’honneur d’une fête sans sous-titres.

Visa run pour la Thaïlande à Vientiane, au LaosVientiane, Laos. C’est sûr, j’aurais aimé découvrir ce pays plus à fond, mais à mon arrivée le coeur était plutôt à l’administratif. Vientiane est en effet la ville parfaite pour effectuer son renouvellement de visa pour la Thaïlande (un visa run, de son petit nom) et c’est précisément la raison pour laquelle je suis là. Bien entendu, je reste tout de même quelques jours sur place pour découvrir la capitale.

Autour de moi, on me donne des avis sur la ville vraiment mitigés: ennuyeuse, tranquille, géniale, chaleureuse, bondée de touristes. Il va donc falloir que je me fasse ma propre opinion.

Dans le bus, je fais la rencontre d’un couple sympathique. Lui malgache, elle thaïlandaise, se rendent à Vientiane pour les mêmes raisons que moi: un petit saut à l’ambassade, et quelques jours de voyage. On devient immédiatement inséparables: on loue des scooter et on part à la découverte de la ville, en commençant par un petit café croissant… à la française! Car oui, ici, entre baguettes et chocolatines, on ne lésine pas.

Les croissants français à Vientiane

Des croissants comme à Paris, miam!

En scooter à Vientiane
Au bord du Mékong à Vientiane

Au bord du Mékong

Au bord du Mékong à Vientiane

Au bord du Mékong

Statue du roi Anouvong, Vientiane

À ma guesthouse, je fais la rencontre d’un jeune chef suisse avec lequel le courant passe immédiatement. Et hop, voilà mon nouveau compagnon de bouffe attitré.

Restaurant à Vientiane
Boule de riz frite, Laos

Je suis totalement accro de ces boules de riz!

Street food à Vientiane, Laos

Bon, le tour de la ville, ça c’est fait. C’est tranquille, pas très palpitant même, mais il y a décidément de quoi faire et de quoi découvrir. Mais je suis plutôt d’humeur à aller me perdre quelque part, sur les bords du Mekong, pour me dépayser.

Et parfois, ce qu’il peut arriver sur la route est plus que dépaysant – un vrai plongeon dans l’inconnu, de l’adrénaline plein la tête et le coeur rempli d’avoir eu l’opportunité de vivre une expérience inoubliable.

Rencontre avec les flics laotiens

J’enfourche ma petite Suzuki, revêt mon casque rose bonbon et part à l’aventure. Je suis les bords du Mékong, sans carte, sans idées, juste histoire de voir si sur mon chemin il n’y aurait pas quelque chose d’inattendu ou d’intéressant.

À scooter au LaosLe Mékong, Laos

Soudain, poste de police en vue. Bien sûr, on m’arrête… J’ai les phares allumés (c’est amendable au Laos), pas de permis de conduire, et quelque chose en plus que je n’ai pas réussi à comprendre (ou que l’on n’a pas réussi à m’expliquer).

Village au Laos, près de Vientiane

Le policier veut me faire payer 200’000 kips. Pas question pour moi, qui voyage budget! C’est le prix de 4 nuits à l’auberge.
Je joue la carte de l’incompréhension, puis de l’inquiétude, puis finalement, voyant le policier de marbre je lui dis tout de go: « Voilà, je ne peux pas payer 200’000 kips, mais je peux t’en donner 50’000″. Marché conclu.
Le policier encaisse, le sourire aux lèvres, et commence à faire causette. Je m’assieds près de l’équipe (six policiers laotiens qui ne parlent pas l’anglais) histoire de reprendre mes esprits et de comprendre si je peux reprendre ma route sans encombres…
« Pas de souci, je te donne mon numéro, si tu me donnes le tien! Et s’il y a quoi que ce soit tu m’appelles, tu n’auras plus aucun problème avec la police à Vientiane ». Voilà, j’ai un protecteur. Il est dans la police en plus. Et de tout façon, mon numéro laotien, je vais le mettre à poubelle dans quelques jours!

Je reprends la route, le long des berges, et je m’enfile dans la première rue caillouteuse que j’aperçois. Emprunter les chemins plus difficiles, c’est toujours avoir accès à ce que nombre de gens n’auront pas osé affronter.

Au fil du chemin, la route se tasse et les traces de civilisation commencent doucement à apparaître.

Les villages, bicoques et sourires laotiens s’enchaînent sur mon chemin. « Sabaidee! » crient les enfants pour me saluer. Les drapeaux du Laos côtoient l’éternel emblème communiste dans cette campagne qui n’en respire pas du tout les façons.

Je gare mon scooter, appareil à la main, et je commence à déambuler dans l’un des villages, au hasard. Scènes de vie laotiennes, paysages inconnus: je m’amuse.

Village au Laos, près de Vientiane Village au Laos, près de Vientiane Village au Laos, près de Vientiane

Et soudain, cette musique…

Cela sonne comme une célébration, un orchestre aux airs bien asiatiques. Je tends l’oreille et j’avance vers la mélodie qui s’accentue. Sur le chemin, des dames souriantes m’invitent à continuer la route pour aller voir.

Les villageois sont rassemblés, il y a des tablées, nourriture et boissons à profusion mais surtout, il y a cette incroyable cérémonie en train de se dérouler sous mes yeux: des dames, âgées pour la plupart, dansent frénétiquement autour d’un arbre à offrandes.
Elle semblent extatiques, elles sourient, elles s’amusent, pleines d’énergie.

Quelques hommes rendent hommage à l’arbre en dansant avec des épées ornées de bougies. Les femmes changent leurs habits de fête toutes les cinq minutes. Je n’y comprends pas grand chose.

Fête traditionnelle, danse et offrandes au Laos Fête traditionnelle, danse et offrandes au Laos Fête traditionnelle, danse et offrandes au Laos
Fête traditionnelle, danse et offrandes au Laos

Au cours de la cérémonie, les femmes changent leurs habits plusieurs fois

Puis, c’est le moment des offrandes. Alors je me propose. La cuisinière me prend par la main, cueille des fleurs, me montre comment enrouler le billet autour, m’agenouiller, et proposer l’offrande. La receveuse, accepte et hume les fleurs, reconnaissante et bienveillante.

Puis on m’invite à dîner. La cuisinière remplit mon bol de kanomjin et me sert une salade toute française (étonnant). Les enfants m’apportent de l’eau, puis débarrassent mes plats, curieux et souriants.

<img class="wp-image-11480 size-full" src="https://www.vie-nomade.com/wp-content/uploads/2010/11/laos-fete-traditionnelle-4.jpg" alt="Fête traditionnelle, danse et offrandes au Laos" width="800" height="800" /> Au cours de la cérémonie, les femmes changent leurs habits plusieurs fois

Il est malheureusement temps de continuer ma route, mais je suis aux anges. Mes amis thaïs m’expliqueront par la suite qu’il s’agit d’une célébration en l’honneur d’un fantôme ayant exaucé un souhait. Certains me donneront des opinions différentes. Mais l’important, pour moi, restera cet accueil formidable et ce spectacle découvert grâce à des flics corrompus, de la musique et certainement beaucoup de chance.

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Par Corinne Stoppelli

Je suis Corinne, un petit oiseau libre. Sans domicile fixe depuis 2010, je sillonne la planète à la recherche d'inspiration et de points de vue différents. Sur Vie Nomade, je partage mon regard sur le monde, le temps et le changement, d'une plume sincère et d'un objectif curieux et ouvert. En savoir plus?

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(5 commentaires)

  1. Yann Coirault dit :

    Très beau billet encore ;-)Merci Corinne

  2. Alba dit :

    Bello da leggere e, sicuramente per te, bello da vivere!
    Però, quando penso che è la « mia bambina » a viaggiare prendendo tanti rischi… resto un attimo senza fiato!
    Inutile dirti di essere prudente!!!
    Sei veramente una scavezzacollo… quella a cui tengo più di tutto al mondo!
    Possa il tuo angelo custode non abbandonarti mai!
    Un bacio.
    La tua mamma <3

  3. fabrice dit :

    Jolie billet:-)Ventiane est sans doute la capitale la plus tranquille d’Asie…

  4. Fred dit :

    Rien de tel que de se laisser flotter, sans attente. On se retrouve toujours dans des situations qui laisseront d’autant plus de traces qu’elles sont fortuites.
    « Ne demande jamais ton chemin à celui qui sait. Tu pourrais ne pas te perdre ! »

  5. Thomas dit :

    Super moment partagé, le rêve de voyageur :)

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