Un road trip en Forêt-Noire: Nature sans barrières
Je ne l’aurais même pas imaginé. J’ai donc troqué, hésitante, les petites robes citadines que j’aurais habituellement porté en sa compagnie pour les vêtements techniques et les chaussures de marche. Audrey, quant à elle, resterait pimpante comme à son habitude, dans ses jolies bottines tigrées. Nous voilà parties pour un nouveau road trip, en Forêt-Noire cette fois-ci!
La vidéo de ce road trip en Forêt-Noire
Un introduction au road trip en fauteuil roulant
Pour ceux qui débarquent, il faut savoir que j’ai voyagé avec Audrey à plus d’une reprise dans le passé: je connais désormais sa façon de conduire son véhicule adapté et, doucement, j’appréhende aussi son rythme bien particulier.
Monter et descendre son fauteuil roulant dans le véhicule, c’est une routine gérée à deux, souvent l’occasion de quelques blagues. Charger les bagages pour deux? Un bon compromis, compte-tenu que le fauteuil fait office de porte-choses tout au long de la journée. Savoir gérer les passages compliqués, détours divers, retours en arrière et marches inopinées: check.
Mais c’est le temps qu’il faudrait rallonger: il faut souvent prendre des détours, il faut souvent revenir pantois sur ses pas parce que le chemin accessible est caché, ou n’existe simplement pas. Il ne faut pas oublier que le choix de la place de parc est parfois plus délicat. Le montage et démontage du fauteuil prennent aussi leur lot de temps, même s’il sont maîtrisés.
Audrey a l’habitude de se frotter à ces difficultés, mais moi j’ai tendance à pester lorsque je constate à quel point les choses sont souvent rendues plus compliquées aux personnes en fauteuil roulant alors qu’elles devraient être justement plus simples…
C’est toujours un voyage dans le voyage pour moi, que de partir avec Audrey. À chaque fois, j’ai l’impression que nous repoussons un peu plus les limites du possible.
En nature avec un handicap?
Et si l’on commençait cette discussion avec une bonne tranche de Forêt-Noire? Non mais plus sérieusement, l’accessibilité en nature, comment ça se passe?
Audrey m’a montré une série de machines bizarres, comme des vélos bi-place à électricité et les Ziesel, des espèces de fauteuils-tank dont les chenilles ne craignent ni la boue, ni les racines. Et il y a même des voiliers adaptés! C’est un peu sceptique, mais aussi très enthousiaste, que j’ai considéré toutes ces curieuses options.
Outre tous ces engins fabuleux, un sentier bien aménagé permettra à la personne en chaise roulante de prendre un bon bol d’air frais en pleine nature. Cela semble aller de soi, mais il y a de nombreux facteurs à prendre en compte (pour de nombreux handicaps différents) qui ne rendent pas l’aménagement si facile que ça: d’où l’absence de personnes en fauteuil roulant sur vos sentiers de randonnée préférés.
Vous voyagez en fauteuil roulant?
… ou vous vous intéressez à la question? Découvrez le portrait de voyageuse que j’ai dédié à Audrey et suivez-la sur son blog, Roulettes et sac à dos: vous pourrez y faire le plein d’idées et de bons plans accessibles.
Mummelsee: de la route et de la beauté atmosphérique
Donc nous voilà sur la route. De la Bourgogne à la Forêt-Noire, bagages sur les sièges, GPS en main et de la musique entraînante plein nos playlists, nous entrons progressivement dans les brumes de la Forêt-Noire… un peu inquiètes de la météo.
Et c’est en effet sous la pluie battante que nous rejoignons notre première halte, le Berghotel Mummelsee, une bâtisse qui fait son effet, surtout après les kilomètres de forêt entortillée que nous venons de traverser. Nous déposons nos bagages et, aussitôt la pluie calmée, entreprenons de découvrir les alentours.
L’inquiétude disparaît progressivement, alors que nous abordons le coeur de toute cette nature. Car que la brume est belle, qu’elle sied parfaitement bien à la Forêt-Noire autant qu’à notre état d’esprit: vaporeux, un brin féérique. À nous qui nous réjouissons des plus petites choses, cet effet atmosphérique c’est la cerise sur le gâteau… voire la goutte de kirsch dans le gâteau? C’est selon les goûts!
Alors que l’on se balade sur le sentier accessible qui borde le lac Mummelsee, un homme d’un certain âge s’avance vers nous avec le plus grand des sourires « Avez-vous vu la sirène? Oui oui, il y a une sirène là derrière! ». Je le remercie du tuyau de mon allemand un peu cassé. Mummel, c’est le nom d’un nénuphar jaune mais aussi, d’après la légende, celui d’une sirène qui tomba amoureuse d’un berger de la Forêt-Noire. Un de ces contes romantiques où une promesse brisée induit une fin tragique pour les amants. Elle repose donc là à jamais, cette petite sirène, parfaitement nimbée de brumes mélancoliques.
Nous terminons notre soirée sur le canapé de notre chambre au Berghotel, à refaire le point sur notre voyage en sirotant la délicieuse eau de source du coin. La journée se terminera par une dégustation de spécialités allemandes et régionales, des petits plats qui reviendront ponctuer la suite de notre aventure comme autant de délicieux points de repères: hmm, je reprendrais bien un peu de ces lentilles aux saucisses!
Le Berghotel Mummelsee
Le Berghotel Mummelsee est sis pile poil au bord du lac Mummelsee: de votre fenêtre, vous y verrez brumes et rayons de soleil se succéder sur la surface du lac. Les chambres confortables y sont décorées avec une sobriété toute calmante. Le restaurant offre une excellente cuisine locale ainsi qu’un copieux et vaste buffet de petit-déjeuner (de quoi satisfaire les plus demandants!) mais il vous faudra néanmoins un peu de patience au niveau du service: en Forêt-Noire, on prend son temps. Et c’est pas plus mal! En savoir plus et réserver
Le parc national de la Forêt-Noire
Le lendemain, l’aventure commence vraiment. On va randonner! On se rend au Ruhestein, où se trouve le Centre du Parc National de la Forêt-Noire. Nous y rencontrons Hans-Peter Matt et son fauteuil sportif, un homme à l’énergie difficilement égalable qui collabore avec les autorités afin de rendre la nature environnante plus accessible aux fauteuils roulants. C’est avec lui que nous prendrons une petite marche (comment dit-on, quand c’est fait avec des roulettes?) de cinq kilomètres sur les sentiers discrètement aménagés pour tout un chacun. Et parce qu’une image vaut mille mots, voici toute la beauté que j’ai pu partager avec Audrey.
Randonner dans le Parc National de la Forêt-Noire
Nous avons effectué une randonnée accessible de 5.5km autour du Ruhestein, avec une petite halte pour manger au Darmstädter Hütte (voir photos ci-dessous), sur le chemin. Vous trouverez cette randonnée ainsi que de nombreuses autres idées sur le site du Parc National de la Forêt-Noire.
Baumwipfelpfad: la tête dans les nuages
Les belles surprises ne s’arrêteront pas là. Le lendemain, nous découvrons le Baumwipfelpfad, l’une des attractions dont nous nous réjouissions le plus. Curieux sentier de rondins élevé au coeur de la canopée, il se vante d’être accessible à tous. Tout un chacun peut donc s’y adonner à l’observation des choses curieuses qui se déroulent entre les cimes des arbres: c’est un festival de petits oiseaux, de bourgeons, de pives de pin, d’insectes qui flirtent et virevoltent sous les yeux attendris de l’enfant comme du nonagénaire.
Le sentier est non seulement accessible à chacun, de par sa pente légère et sa structure en rondins, il est aussi ludique et instructif: agrémenté de mini-parcours d’équilibre et de planches interactives renseignant sur la vie dans cet habitat en suspension. Mais le point de plus grand intérêt est certainement cette tour qui culmine à 40m au-dessus du sol et qui offre une vue imprenable sur l’étendue de la Forêt-Noire… et au toboggan de 55m qui permet d’en redescendre!
Un petit tour dans le toboggan? La vidéo d’Audrey:
Baumwipfelpfad, Bad Wildbad
Le Baumwipfelpfad, c’est 1.25 kilomètres de sentier sur la canopée, avec une pente de 6%. On y accède depuis Bad Wildbad, soit en voiture (il y a un parking en-haut, au Sommerberg) soit, si vous n’êtes pas véhiculé, à l’aide du plus haut funiculaire du Bade-Würtemberg, en fonction depuis plus de cent ans, le Sommerbergbahn. Il existe la possibilité d’acquérir des billets combinés pour le funiculaire et le sentier. Des visites guidées sont aussi possibles. Plus d’informations, accès, horaires et prix ici. Découvrez aussi l’article d’Audrey sur Baumwipfelpfad
Manger en Forêt-Noire: le restaurant Waldblick
J’ai profité d’un repas absolument exquis à l’Hôtel Waldblick à Schenkenzell. Un restaurant à taille humaine, à la cuisine sobre, régionale et pleine de bon goût!
Schluchsee: Sur l’eau, avec les libellules
Le jour suivant sera marqué par un magnifique soleil, juste à temps pour notre randonnée autour du lac Schluchsee, un paradis à portée de tous les pieds, de toutes les roulettes et de tous les coups d’ailes imaginables.
Car si l’on y regarde de très près, un micro-spectacle vient s’additionner à la sublime vue d’ensemble: passereaux, abeilles et papillons de toutes sortes batifolant sur les fleurs de la Forêt-Noire, grillons, libellules, hérons tranquilles, à peine dérangés par notre présence.
L’arrivée au joli restaurant Unterkrummenhof se déroule uniquement à pied, roulettes, roues de vélo et bateau. Voilà qui en fait le repaire idéal pour tous les amoureux de la nature. Ce joli chalet et ses délicieuses flammküeche (tartes flambées) marque pour nous un départ en beauté.
Randonner en Haute Forêt-Noire
Vous trouverez de nombreuses idées de randonnées sur le site de la région de Haute Forêt-Noire (Hochschwarzwald). Pour la nôtre, nous avons pris le bateau à Aha (oui, Aha!) afin de nous rendre à Unterkrummenhof. De là, nous avons marché autour du lac jusqu’à retourner à Aha. Le bateau fait le tour du lac, vous trouverez horaires et prix ici.
Nous terminerons l’après-midi sur une note boisée, fraîche et tranquille au Café Schwarzwaldmaidle à Feldberg dont la déco m’a complètement séduite. L’occasion pour Audrey et moi de nous préparer mentalement au retour… Car le lendemain scellera déjà notre dernière étape.
Mais avant de reprendre la route, il nous restait encore deux, trois choses à faire:
1. Passer la nuit dans un cadre idyllique
2. Aller prendre la température de la ville de la région, Freiburg
3. Reprendre une part de ce gâteau de la Forêt-Noire!
L’hôtel Hofgut Sternen: Derrière l’autoroute, un coin de paradis
Grand succès pour le point n°1 à l’hôtel Hofgut Sternen, dont les chambres, le cadre, le service et les petits plats nous ont tout naturellement apporté la note relaxante qu’il nous fallait.
L’hôtel Hofgut Sternen à Breitnau
L’hôtel Hofgut Sternen ***, membre du groupe Best Western est posé en pleine campagne, dans un complexe de bâtiments traditionnels et historiques de toute beauté. Il dispose de sa propre source d’eau (délicieuse, bien entendu) et d’un restaurant de très bonne façon proposant des spécialités internationales. Plus d’informations et réservation
Freiburg: Retour à la ville, pour finir en beauté
Comment passer à côté de Freiburg im Breisgau? Originaire de sa ville homonyme, mais côté suisse, je me réjouissais depuis bien des années d’y faire quelques pas.
Le temps presse et la route du retour est longue, mais elle nous permet au moins une halte dans un Biergarten, littéralement un jardin à bière, moins littéralement une brasserie en plein air.
Quelle plus parfaite transition à nos retours respectifs qu’une bonne bière fraîche accompagnée de saucisses paysannes et d’un délicieux bretzel, le tout à l’ombre des arbres, mais au coeur de la ville?
Cet article et ce voyage ont été rendus possibles grâce à l’Office de Tourisme d’Allemagne. Les opinions et choix éditoriaux me sont propres.
Par Corinne Stoppelli
Je suis Corinne, un petit oiseau libre. Sans domicile fixe depuis 2010, je sillonne la planète à la recherche d'inspiration et de points de vue différents. Sur Vie Nomade, je partage mon regard sur le monde, le temps et le changement, d'une plume sincère et d'un objectif curieux et ouvert. En savoir plus?
Rédiger un commentaire?
(6 commentaires)
J’ai découvert la Forêt Noire cet été, du côté du Titisee et j’ai adoré. C’était un autre type de voyage, puisque j’ai ma fille. Et j’adore l’Allemagne qui sait prendre en compte les enfants et leurs spécificités. Surtout que le cadre est juste magnifique !
Bon j’ai juste eu du mal à trouver des randos à faire, car j’ai un allemand quasi inexistant et que toutes les infos étaient en allemand. Mais on a pu se promener quand même.
Oui, l’Allemagne a l’air vraiment au point niveau tourisme pour tous :) Et j’espère que gentiment les traductions vont arriver!
Tu as raison, c’est magique, un peu mystique sur tes photos même.
Comme Tiphanya j’avais fait un petit tour du côté de Titisee en forêt noire, un week-end où nous allions à Europaparc et ça avait l’air immense. Cela mérite donc d’explorer un peu plus (et c’est top top qu’ils aient fait des aménagements pour les roulettes! La France aurait sans doute besoin de s’inspirer un peu :))
C’est clair, et pas que la France ;)
J’ai lu avec plaisir ton article illustré par de très belles photos. Quel magnifique road-trip ! Je connais bien le sud de la Forêt-noire, où nous allons souvent en famille, pour la nature, le ski, la rando et les thermes, mais pas du tout du côté de Seebach, cela nous donnera l’occasion d’y retourner. Je crois que le toboggan plairait beaucoup à mes enfants !!
Merci Anna :) La région doit être magnifique aussi en hiver! Et haha, s’il nous a plu à nous, sûr et certain qu’il plaira aux enfants :D