Wicklow: brumes irlandaises
Sept ans après mon petit accident d’équitation, je vais enfin remettre le pied à l’étrier. C’est le plein d’excitation teinté, je l’avoue, d’un brin d’angoisse: ai-je tout oublié? Vais-je ressentir les sensations fortes d’alors? Vais-je être prise de panique?
Pendant que les gentilles dames des Killegar Stables préparent ma monture et celle des autres cavaliers, je trépigne. La peur disparaît à la mesure des minutes qui passent pour laisser place à la beauté d’une perspective très fraîche: je suis encore en voyage, encore dans la découverte, dans l’émotion la plus pure.
Sur le dos d’Ambler, un joli brun, je suis moyennement à l’aise. C’est un peu une tête de mule et je ne peux que constater que j’ai effectivement beaucoup oublié… Mais au fur et à mesure des voltes d’entraînement, tout me revient. J’avais presque oublié que j’étais faite pour ça.
Et puis, en route, à travers les champs d’abord, puis les forêts. On longe de petits cours d’eau, on baisse la tête pour éviter quelques branches trop basses. On lance nos compagnons à pattes au petit trot sur les longues allées bordées d’arbres très haut.
Le brouillard de cette journée d’automne nous empêche de voir très loin mais elle crée, en contrepartie, une ambiance quasi mystique. On se sent à tour de rôle dans un conte de fées, puis dans une épopée médiévale.
Avec Mirje, une nomade finlandaise radieuse, on fait la tête du groupe. Une des guides nous propose d’aller galoper.
La tension est à son comble, c’était sur un galop que j’avais chuté. Pourtant ma tête n’hésite pas une demi-seconde pour se secouer énergiquement en signe de oui, oh que oui! On quitte le reste du groupe et on se prépare. Ambler lui aussi sait qu’il va se passer quelque chose, il connaît la routine. Je sens son excitation partagée. Et puis on est lancées. Quelle adrénaline! Je suis aux anges.
De retour aux étables on se décoiffe et déchausse et on file manger dans un charmant petit restaurant irlandais perdu au milieu de nulle part. Au menu, une tarte à la viande et à la Guinness. Parfait pour se requinquer.
On continue, mais en voiture cette fois. Notre guide sympathique et plein d’humour nous promène dans les campagnes et nous instruit de 1’000 petites anecdotes irlandaises, fort d’un très bel accent de circonstance.
Il nous emmène au Lac Supérieur, dont les formes sont recouvertes par un voile de brume sensuel. On a envie d’y entrer, de sentir les nuages nous tomber sur la tête malgré la température
Puis c’est la découverte de Glendalough (Gleann Dá Loch en gaélique) un village abritant un monastère fondé au VIème siècle par Saint Kevin.
Une immense croix celtique, celle de Kevin justement, est la source d’une étrange superstition: il faut faire un voeu, puis essayer d’en faire tout le tour avec ses bras. Si c’est un succès, notre voeu se réalisera… sinon il paraît qu’on finira sa course en enfer! Je tente le coup, et après avoir eu l’impression d’avoir étendu la portée de mes muscles d’un pénible centimètre, mes doigts se touchent. Ouf!
La nature autour de moi est d’un vert hypnotisant. Le guide rigole, me dit qu’ils donnent le slogan « Fifty shades of green » à l’Irlande, pour signifier son incroyable palette.
Tout est mouillé. Nous sommes tout mouillés. L’humidité glaciale nous rentre dans les os. Pourtant, personne n’espérait un grand ciel bleu. La pluie a rendu les pierres tombales luisantes comme le marbre, elle a gorgé la belle rivière, la rendant plus sauvage, elle a déposé une atmosphère vaporeuse dans les petites vallées.
Il fait toujours beau, en Irlande.
Cette balade m’a été proposée dans le cadre de la conférence TBEX (Travel Bloggers Exchange) et offerte par HillTopTreks Tours. Un grand merci à eux!
Par Corinne Stoppelli
Je suis Corinne, un petit oiseau libre. Sans domicile fixe depuis 2010, je sillonne la planète à la recherche d'inspiration et de points de vue différents. Sur Vie Nomade, je partage mon regard sur le monde, le temps et le changement, d'une plume sincère et d'un objectif curieux et ouvert. En savoir plus?
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(12 commentaires)
L’Irlande c’est comme l’Écosse et le Bretagne, sous le pluie et le brouillard c’est encore plus beau <3
Rah je suis si prèèèèèèès de l’Ecosse! :'( Presque! J’y reviendrai.
Quel beau pays! J’ai à peu près eu le même temps quand je suis allée dans le Connemara, mais avec une alternance de grand soleil et de ciel bleu en un quart de seconde, ce qui donne une lumière unique au paysage. Tes photos me donnent envie d’y retourner, d’autant plus qu’il me reste le nord et le sud à explorer… :)
Merci Séverine! Je n’ai aucun mal à imaginer… Je me réjouis d’y retourner et d’explorer le reste du pays :) À quelle période y étais-tu allée?
Heureux que tu aies aimé l’Eire!
Et oui, il y fait toujours beau. Tu dois connaître la chanson: « le ciel d’Irlande s’ouvre et se ferme comme un accordéon »?…
Ohhh le vieux souvenir que tu m’as refilé! Ma mère écoutait toujours Fiorella Mannoia quand j’étais toute petite :) J’ai dû googler pour comprendre que c’était la même chose dont tu me parlais, excellent ;)
Hello,
C’est quoi exactement les TBex? c’était bien? Il manquait un peu de soleil lors de votre balade à cheval mais c’est super pour explorer un endroit au milieu de la nature, je l’avais fait au Mozambique, c’était super!
Salut Julien, TBEX c’est une conférence pour blogueurs voyageurs! Et c’est super oui.
Ok merci.
C’est sur invitation ou tout le monde peut y participer?
Il y en a régulièrement?
Merci
Julien
A cheval dans la campagne irlandaise, c’est aussi une expérience qui m’aurait plu… avec un chouilla plus de soleil peut-être…
Salut Corinne,
c’est magique cette atmosphère de conte.
Tes images le rendent bien, avec la brume, le spectre se réduit, et le regard devient plus sensible à cette subtile palette de vert.
Quand John Boorman a réalisé Excalibur, il a pas résisté à la tentation d’en rajouter en utlisant des éclairages à filtres verts. Mais il l’a tourné en Irlande, pour ses paysages irréels…
Salut Sirhom, super intéressant, merci de partager! Ça valide mon ressenti du coup, c’est sympa!