La vie
nomade

La décision qui a changé ma vie: partir

Publié le • Dernière mise à jour:
Il y a 6 ans, j’ai pris la décision la plus importante de ma vie à ce jour: celle de partir.
Il y a 4 ans, prête, je suis partie.

Il ne s’agissait pas de mener une vie de liberté et de voyage, non.
Il s’agissait de se laisser être, de ne jamais plus réprimer quelque joie ou plaisir parce qu’un quelqu’un aurait eu son mot à dire; il s’agissait de ne jamais juger les autres sans connaître toute leur histoire… et puis d’apprendre que l’on ne connaît jamais toute l’histoire; il s’agissait d’accepter la douleur comme une partie du Voyage et de donner un sens à la mort; il s’agissait d’être reconnaissant tous les jours de sa capacité de marcher-respirer-regarder-ressentir; il s’agissait d’apprendre la patience, d’apprendre à laisser la colère et la tristesse s’en aller, d’apprendre à dire oui, d’apprendre à dire non; il s’agissait de ne plus jamais accepter les gestes négatifs à son encontre.

Il s’agissait d’apprendre à se respecter, à se connaître et à se corriger pour devenir non pas le reflet des attentes de l’autre, mais l’outil de ses propres passions, de ses envies, de ses besoins et de ses rêves. Il s’agissait de devenir meilleur, pour soi d’abord, mais aussi pour les autres, pour avoir quelque chose à échanger, à donner.

Il s’agissait de découvrir de nouvelles perspectives, de comprendre des mécanismes émotionnels et intellectuels différents, de les intégrer à sa palette d’empathie pour mieux raisonner, mieux consoler, mieux encourager.

Il s’agissait de se jeter à corps perdu dans le monde et, comme une éponge, d’en absorber ses traces, ses intrigues, ses peines, ses frissons comme si l’on re-devenait une toile vierge, comme si l’on se préparait à devenir son oeuvre d’art.

J'ai tout laissé derrière moi et je suis partie seule

Six ans en arrière, je n’étais qu’un fantôme, vivant dans l’ombre d’agresseurs passés et dans la peur d’agressions futures. Je n’étais que l’illusion de ceux qui voulaient bien que je sois leur chose et qui me pressaient comme une orange pour obtenir un jus du plus beau rouge, en me verrouillant dans la culpabilité et les remords.

C’est comme d’être enfermé dans un labyrinthe de miroirs: mille reflets identiques en apparence, pourtant tous différents dans le temps et l’espace. Tous sont les reflets d’une version de soi que ceux qui nous entourent ont décidé de voir.

L’isolation de son milieu originel peut sembler être une chose terrible. Mais pour moi, c’était une nécessité pour me sortir de ce labyrinthe de miroirs. Il a fallu cesser de faire confiance à ces ersatz de soi, il a fallu identifier et suivre le bon, le seul. Il a fallu accepter de faire ce chemin sans aucune certitude d’y être, un jour, accompagné de quelqu’un d’autre que soi-même.

Six ans en arrière, j’ai cassé tous les miroirs. J’ai saigné sur la route, mais j’ai aussi été soignée et j’ai soigné à mon tour d’autres blessés. J’ai sué, fatigué, et puis j’ai pu apprendre à m’endormir paisiblement, avec un sens d’accomplissement.

Cela fait tout juste quatre ans que je me suis jetée dans cette nouvelle vie.
Sur la route, j’ai cessé de me haïr et j’ai commencé, tout doucement, à m’aimer.
Et aujourd’hui, quand je lance un regard en arrière, sur ces 4 années de vie nomade, je me sens fière. J’ai accompli ce que je souhaitais: je suis enfin en paix avec moi-même.

Peut-être faut-il toujours en faire de même, et ce quelle que soit la route que l’on décide de suivre, qu’il s’agisse de voyage ou de toute autre passion. Il faut rassembler force, détermination, courage et courir, courir vers tout ce qui nous fait vibrer, ressentir et rêver, car ce n’est pas aussi mauvais, effrayant et difficile que ce que l’on nous fait croire. Nous en avons tous les moyens.

Pour aller plus loin

Si vous désirez en savoir plus, vous pouvez consulter mon guide de la vie nomade, un gros pavé riche en informations de tous genres et régulièrement complété. Si certaines questions brûlent sur vos lèvres, peut-être trouverez-vous une réponse satisfaisante dans ma Foire Aux Questions Nomade. Chaque mois, dans ma Newsletter Nomade, je vous livre un petit édito de ma situation, de mes destinations et de mes avancées philosophico-techniques. Et finalement, décrivez toutes mes élucubrations nomades dans les rubriques du site qui y sont consacrées: 50+ ressources et réflexions sur la vie nomade, et la boîte à outils pour les nomades

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Par Corinne Stoppelli

Je suis Corinne, un petit oiseau libre. Sans domicile fixe depuis 2010, je sillonne la planète à la recherche d'inspiration et de points de vue différents. Sur Vie Nomade, je partage mon regard sur le monde, le temps et le changement, d'une plume sincère et d'un objectif curieux et ouvert. En savoir plus?

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(43 commentaires)

  1. Lucie IntheSky via Facebook dit :

    Superbe article, merci pour la force que vos articles m’insufflent.

  2. Lyly Nuage via Facebook dit :

    Je suis très émue à la lecture de cet article….il me parle beaucoup ! Merci de ce partage !

  3. Très beau comme d’habitude. Et très intime…

  4. Jean-Philippe Jeannerat via Facebook dit :

    Beau texte pour une démarche forte – avec toute mon estime; m’en vais partager.

  5. padoune dit :

    C’est très beau, courageux et si joliment dit. Tes mots font un bien fou, merci.

  6. Valérie dit :

    Magnifique!!

  7. Prisca dit :

    Joli témoignage, sensible et bien écrit. Bravo pour ce chemin, et ce partage en tout humilité, sincérité

  8. J’aime tellement suivre ton blog, même si je commente peu. Ton écriture est fluide et tellement pudique ! As-tu déjà songé à transformer ces écrits volages en livre ? Je serais une des premières lectrices !
    En tout cas tes mots rappelent beaucoup de choses (à beaucoup de gens, compte tenu des commentaires précédents). Pour ma part je retiens ceux-ci : « il s’agissait de ne jamais juger les autres sans connaître toute leur histoire… et puis d’apprendre que l’on ne connaît jamais toute l’histoire ». Car elle est révélatrice aussi d’un déclic que j’ai eu il y a quelques années et qui a touché toutes les sphères de ma vie, personnelle (mon compagnon est un mystère, et il le restera toute ma vie) que professionnelle (je me destine à être assistante sociale).

    Bref, je raconte ma vie. Mais merci.

  9. Julien Haass via Facebook dit :

    Il y a 4 ans tu es née dans ta Vie, beau « vraie » anniversaire !

  10. Mélissa dit :

    Partir, s’échapper pour mieux se trouver soi-même. Je comprend tout à fait. Quelques fois, lorsque les carcans sont tellement serrés qu’on étouffe. Souvent, on s’enferme dans un rôle, celui que notre famille, ou même nous-même, nous ont fait porter, ou bien parce qu’on s’est fourvoyé en chemin.. .il faut prendre des mesures radicales : tout faire péter ou changer de direction. Pour son bien propre.

    Tu l’as si bien dit. Ça sera douloureux, fatalement mais le sentiment de liberté, d’accomplissement vaut toutes les peines par où on doit passer. Ça fait longtemps que je te lis et que tu partages ton cheminement avec nous… et cette paix que tu trouves, c’est la plus belle des récompenses pour toi, mais aussi un peu pour nous.

  11. Allumer les étoiles via Facebook dit :

    Merci beaucoup pour ce superbe témoignage. Touchant et inspirant. Je me permets de partager…

  12. Claire dit :

    Très bel article qui me parle beaucoup ! Essayer de se trouver, de s’aimer et de devenir meilleur pour soi et pour les autres c’est un travail perpétuel, difficile, qui nous met face à nos faiblesses. Mais quand on voit qu’on avance un peu, qu’on est sur la bonne voie, quelle récompense !
    Merci pour ce joli texte :-)

  13. Magnifique témoignage, qui sonne tellement juste! Bonne route à toi, et merci de nous faire partager ton expérience et ton regard si humble sur le voyage…

  14. Jo Slmn via Facebook dit :

    bravo, tres bel article !

  15. Andrew dit :

    Oui… Le voyage m’a apporté ce que je suis… Depuis je ne pense plus qu’à ça! Dans le voyage plus rien ne compte : plus d’amour, de pays, ou de famille… C’est ainsi que je l’ai vu, une sorte de prière prolongée, une fuite, une mise en sommeil de toutes les douleurs, une manière de figer le temps. En voyageant nous découvrons les névroses de la société, ce en quoi il est aisé de tourner en rond, et qu’un point de vue légèrement différent, qu’un mode de vie subtilement décalé peut faire jaser les peurs collectives et absurdes que nous inculque la routine. Après, cette question revient toujours en moi : est ce que le « bien » c’est de savoir fuir le « mal »? Ou est ce que lorsqu’on a fuit, on est sensé revenir guérir ce « mal »? Une petite voix immorale et un peu pirate me murmure toujours que partir est la solution de tous les problèmes. Nous ne parlons jamais des déserteurs de la première guerre qui vécurent heureux en Espagne, et de tous ces « marginaux » qui sont les plus heureux du monde, et qui ne font de mal a personne.
    Certains, à force de voyager, deviennent très superficiels, n’approfondissent aucune relation. Et si c’était ça, le vrai sens de la vie : se concentrer sur sa destinée, pour son développement personnel?
    Bref, ce blog est passionnant. Loin de ces gens qui voyagent sans rien voir ni sentir. Mes félicitations à Corinne, j’espère qu’elle sera un profond encouragement à toutes ces femmes qui hésitent, et trop souvent n’osent pas partir.

    • Bonjour Andrew, ça me touche beaucoup et je te remercie d’avoir partagé ton ressenti.
      « Une mise en sommeil de toutes les douleurs », oui c’est exactement ça. Suite à un retour forcé elles m’ont rattrapé, ma petite bulle a explosé… mais elle m’a permis de comprendre ce que tu décris parfaitement: le sens de la vie serait dans l’individualisme (au sens philosophique).
      J’aime à dire que je n’ai pas foi en l’humanité en général, que ce qui me fascine c’est la force de l’individu. Ce sont les personnes qui se donnent les moyens de se passer des diktats sociaux qui leur paraissent futiles, ou alors ceux qui décident de jouer le jeu avec leurs propres règles. Ceux qui agissent en harmonie avec leurs croyances et leurs valeurs et s’ouvrent très grand aux changements de perspective que pourraient leur inspirer les autres. Et quoi de mieux que le voyage pour rencontrer un maximum de perspectives?
      J’ai l’impression que les maux ne guérissent pas, que ce n’est que le changement de perspective qui les rend plus supportables. À partir de là, je ne vois pas comment je pourrais un jour avoir envie de m’arrêter :)

      • Andrew dit :

        Une femme très spirituelle qui vivait isolée dans les montagne, ayant pleinement choisi ce mode de vie me dit un jour : « j’ai passé ma vie à arracher les mauvaises herbes. Un jour je me suis arrêté et me suis mis à planter sans cesse de belles fleurs ». Ainsi, je pense que ce qui te gêne dans ton retour ce ne sont pas les maux en eux mêmes, (mauvaises herbes) mais l’impossibilité pour toi de planter de belles fleurs, ou alors le souvenir de jours ou, comme piégée, tu n’en n’avais pas eu l’idée. C’est l’enseignement qu’a été pour moi le retour : apprendre comment planter des roses dans un endroit qui me paraissait totalement aride… C’est pas facile au début, mais ou bout d’un moment, quelque chose pousse, et la satisfaction est grande.

      • Andrew dit :

        Par ailleurs, si je peux me permettre une question bien plus pratique… A ce que j’ai compris tu travailles en tant qu’indépendante. Normalement, en voyageant comme tu le fais tu es toujours considérée comme résidente fiscale Française. Ta société est Française ou d’un autre pays?

        • Je suis basée en Suisse. J’y suis née et j’y ai grandi, mais j’y suis résidente (passeport italien). Ainsi, je dois passer 6 mois en Suisse par année pour ne pas perdre le droit de travailler dans mon pays, et surtout y retourner pour aussi longtemps que je le voudrai plus tard. Pour les deux premières années en Asie, j’avais eu une autorisation spéciale de deux ans que je ne peux désormais plus obtenir. Les deux années suivantes ont été une série d’allers-retours entre la Suisse et le reste du monde et je continue ainsi pour les deux prochaines car j’ai déposé mon dossier pour obtenir la nationalité, mais c’est le temps que dure la procédure.
          Je suis donc basée en Suisse (résidence + raison sociale) en tant qu’indépendante.

          • Andrew dit :

            Ok! Je ne sais pas comment l’administration fiscale marche en Suisse… Pour ma part j’ai une société offshore aux UAE. Ca me permet de voyager. Seuls les dividendes / revenus sont imposés par la France (puis que je suis résident fiscal Français).

  16. Justine dit :

    J adore ! Je voyage à travers ces mots ! La tournure des phrases est un régal à lire !

  17. michel chaput dit :

    Tu a très bien fait de te choisir.Super!

  18. Didier Madras dit :

    Bravo pour votre blog, Je suis en pleine réflexion sur mon départ en nomade et je me dit que je suis sur la bonne voie, quelle formidable expérience de lâcher prise vous nous partagez!
    C’est vrai que votre écriture est fluide et mériterait un livre.

  19. Stefanie dit :

    Je suis en pleine réflexion et rêve de vivre cette vie de nomade …. oserai-je jamais me lancer vers l’inconnu, abandonner toute forme de matérialisme pour enfin me réaliser ? Vous lire m’y encourage… Merci

  20. Jannot dit :

    Magnifique texte qui a le mérite de refléter exactement mon état émotionnel. Vous décrivez beaucoup de sensations et d’émotions. Oui, il faut trouver sa route, la saisir et se laisser porter par tout ce qui nous emmènera loin de notre tristesse. Surtout ne pas marcher à l’ombre. Avoir une vie rayonnante.

    • Corinne dit :

      Merci pour ce message encourageant, Jannot! Il y en a eu, du parcours, depuis. Rien n’est toujours complètement rose, mais il faut en effet savoir se rapprocher de la lumière autant que possible!

  21. Izi dit :

    Il y a seulement 1 mois, je viens de me rendre compte que j’ai sacrifié 18 ans de ma vie pour un égoïste…..
    J’ai tout fait pour qu’il vive comme il le souhaitait….
    Bref…
    Tout cela dans les règles de l’art. Effacée, au petit oignon, je ne regardai que lui, je devinais et exécutais sans qu’il me demande quoi que ce soit ces envies, je le soutenais corps et âme même si il m’arrivait de penser qu’il avait peut être tort. C’est mon mari donc je lui dois fidélité pour le meilleur et pour le pire…..
    Il y a 1 mois, il m’a m’a dit que je ne ramenais pas de salaire…
    J’ai enfanter notre enfant, je l’ai éduquer (du mieux que je pouvais), il ne c’est jamais levé une seule nuit, j’ai remplit le frigo, lavé, repassé, rangé notre linge, gérer les comptes sans dépenser un centime de trop (je vais une fois tout les 3 mois chez le coiffeur, juste pour une coupe, la couleur c’est moi qui l’a fait, je m’achète que très rarement des vêtements,je ne sors pas, j’ai été à ses coté lorsqu’il a été malade, j’ai quitté mon job car il ne souhaitait pas que je travaille, j’ai construit une maison qui pour moi n’était pas nécessaire… Je ne suis pas intéressante, lorsque je réalise quelque chose je n’ai aucun regard et avis….. Je ne peux plus accepter cela et ce n’est qu’un résumé que je vous fais…. Lui, et bien, il brille, c’est un homme qui a un relationnel hors du commun, il est gentil, généreux, j’ai beaucoup de chance, intelligent…. Avec les autres car avec moi il est méchant, humiliant mais pas toujours….
    J’ai 52 ans et je veux enfin m’émanciper, vivre…
    Je ne sais pas encore comment mais peut importe l’étranglement de ma vie m’insupporte.
    Merci pour votre site et votre histoire.

    • Corinne dit :

      Chère Izi, je suis tellement touchée et peinée par votre témoignage. 18 ans, c’est tellement long, beaucoup trop long… Mais l’important je crois, c’est que maintenant vous avez toutes les portes qui s’ouvrent, devant vous. J’espère que vous arriverez à retrouver votre liberté rapidement, et qu’elle s’accompagne d’une profonde joie de vivre! Courage xxx

  22. Gou dit :

    Wow bravo
    J ai 45 ans
    Tous va mal depuis un boutte
    Je treine une depression quand on m enferme pour travailler a l interieur  » la decision de partir » es pour moi vraiment tres dificille a prendre

    Mais grasse a du monde comme toi je voie que sa ce fait

  23. celine k dit :

    Quelle plume… Merci pour ce doux moment de poésie et cette accolade dont tu me fais cadeau à travers tes mots. Je rêve de voyager et beaucoup de craintes m’habitent, j’espère pouvoir les dépasser et sauter le pas très prochainement. Grâce à tes récits et ceux d’autres nomades, je prends petit à petit la mesure de mon envie et rassemble du courage.

    • Corinne dit :

      Chère Celine, un immense merci pour ton commentaire qui me va droit au coeur! Je te réponds après quelques mois et je me demande où tu en es?

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