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Neuf fous dans un pick-up: traverser la Thaïlande pour un mariage, les pieds dans l’eau

Publié le • Dernière mise à jour:
Nous sommes invités au mariage de la soeur de Eff, une amie commune. Nous, c’est neuf compagnons de route un peu sauvages, internationaux comme locaux, s’accommodant de tout et de rien et pas effrayés par les kilomètres.
Pick-up & potes

Le mariage, c’est à Chumphon, dans le sud de la Thaïlande. Et nous, on est de Chiang Mai, au nord. On doit donc se rendre 1’200 kilomètres plus bas. Les moyens sont limités, mais on en a: le véhicule sera un pick-up de location. À l’intérieur: cinq personnes assises. À l’extérieur: cinq foldingues avec des couvertures douillettes, des semblants de coussins… et bien trop de bières et de whisky pour leur capacité à consommer.

Le trajet va durer une vingtaine d’heures. Il faudra dormir, ou du moins essayer. Dans le pick-up, surtout derrière, on est entassés comme des sardines. Jambes et bras qui se chevauchent, dos et cuisses qui se collent (il ne reste pas de place pour la gêne): cheveux aux vent, musique à coin et jeux à boire stupides que l’on fait durer des heures, histoire de veiller.

D’ailleurs, c’est tellement bien ce véhicule plein air que, même dans la nuit, personne ne veut céder son inconfortable place à l’arrière: on préfère souffrir un coup que s’ennuyer. Moi, je décide de faire un bon geste et je me sacrifie. Je ne trouve pas le sommeil, en position assise… mais très tôt le matin, la pluie frappe l’arrière du pick-up. Som nam na! (bien fait pour eux, en thaï). C’est l’heure de gloire à l’intérieur.

On se moque, mais la campagne elle, elle rigole moins. Comme le disait le journal Le Monde ‘Inondation meurtrières dans le sud de la Thaïlande’. Nous, on n’a pas vu de corps flotter (excepté peut-être le nôtre, plus tard dans la soirée). Par contre on s’est bien fait arroser.

Et il y avait ce petit pont, qui reliait le village à la civilisation (donc à nous, si je puis me permettre) que l’on devait emprunter sans arrêt durant les préparatifs… et le niveau de l’eau qui montait, montait… On risquait d’être coincés dans le sud pour plus longtemps que prévu, mais on n’y pensait pas vraiment, on avait un instant à vivre.

Un mariage thaïlandais, ça ressemble à quoi?

À mille personnes qui mettent la main à la pâte. Des stands s’auto-organisent: qui s’attelle à la vaisselle, qui à la cuisine, qui au service. Il y a des danseuses traditionnelles, des chanteurs, des musiciens qui mettent l’ambiance.

Jeunes comme moins jeunes s’agitent autour de la scène, le whisky coule à flots, sur le stock infini de glaçons. On se bourre la panse de délices tout juste frites, sautées, marinées.

L’ambiance est bon enfant, on prend des poses comiques sur les photos, on se balade entre les tables, histoire de trinquer à l’amour mais surtout à la bonne humeur.

Partout, il y a de l’eau, de la boue. La faute aux pluies torrentielles. Les sandales restent coincées, se cassent: peu importe, on les enlève et l’on danse pieds nus, dans la gadoue.

Les mariés partagent le petit-déjeuner

La fête va durer une nuit, qui précèdera la mariage traditionnel. Nombreux seront ceux qui n’auront pu se lever pour assister à la cérémonie, le lendemain.

Aussitôt levés, on nous pomponne: c’est le festin encore, toutes les occasions semblent être bonnes.

Vers 15:00, on salue les mariés et l’on se retire. Un petit instant de détente à la plage, déserte (il pleut toujours), encore un excellent repas, et l’heure arrive: il faut reprendre la route vers Chiang Mai.

Sur le retour, panne du pick-up. On devra passer la nuit à la belle étoile, le temps de réparer. C’est tant mieux, il y a des bancs publics, c’est nettement plus confortable que l’arrière du pick-up, ou encore la position assise.

Après 37 heures, l’aventure se termine, et l’on regagne tous nos pénates respectives, encore tout pleins d’émotions.
Une nuit sur les bancs...

Photos par Luis Gabriel Rodriguez & moi :)

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Par Corinne Stoppelli

Je suis Corinne, un petit oiseau libre. Sans domicile fixe depuis 2010, je sillonne la planète à la recherche d'inspiration et de points de vue différents. Sur Vie Nomade, je partage mon regard sur le monde, le temps et le changement, d'une plume sincère et d'un objectif curieux et ouvert. En savoir plus?

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(4 commentaires)

  1. Toujours sympa et interessant d’assister à ce genre de cérémonies:-)
    Rien à voir Corinne, mais tu utilises quel plugin pour ta barre à gauche avec les boutons sociaux?
     

  2. Christelle dit :

    Vraiment géniale comme expérienice !

  3. Dominic Roy dit :

    Magnifique, je continue de te suivre même si j’ai moins le temps de commenter puisque je suis moi aussi sur la route comme tu l’as peut-être remarqué. J
    ,ai abandonné le projet Patagonie en hiver et j’Ai décidé de faire un crochet par la Malaysie avant l’Océanie puisque le billet BA-SYDNEY était le moins cher avec Malaysia airlines et que j’ai rencontré un Malais à San Francisco qui m’a invité à aller faire un tour. Je viens de lire ce billet comme entrée et je me réservais celui de Singapour comme déssert pour voir un peu ce qui m’y attend. Bon séjour au Japon Corinne et merci de partager ton talent avec nous ( moi en particulier ) :). xx

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