Le chaos émotionnel de chaque grand départ
Ouille, je suis sensée être une nomade. Par définition, je devrais donc avoir ça dans le sang. Pourtant, deux ans et demi de pérégrinations incessantes n’auront pas suffi à former mon moral pour chaque départ. C’est, et ça reste, un éternel recommencement. On doit remettre l’horloge psychologique à l’heure à chaque fois.
En 2010, quand j’ai quitté mon pays et mes habitudes bien rangées pour l’Asie, j’étais excitée bien sûr mais surtout, j’avais peur. Je ne savais rien de ma destination, si ce n’est pour quelques clichés et images glanés à travers des récits, des livres, des films, des documentaires.
Je ne savais pas non plus comment j’allais m’y sentir, mais tout en moi criait que ça allait être l’expérience d’une vie. Je ne m’étais pas trompée. Je me suis dit que je ne pourrais jamais arrêter.
Pourtant, automatiquement, je suis revenue à une sorte de mode mi-sédentaire très rapidement. Je me suis éternisée en Thaïlande pendant un an, à Taïwan pendant six mois. À chaque fois, je me reconstruisais une sorte de camp de base, un domicile: temporaire certes, mais fixe.

La fresque que j’ai peint sur notre toit, à Taipei
La vérité c’est que je déteste vivre dans une valise, dans une chambre d’auberge sombre et mal nettoyée. Je n’aime pas travailler dans le brouhaha constant des cafés ou des auberges de jeunesse. Je n’aime pas non plus avoir à me demander constamment quand je pourrai faire ma prochaine lessive, ou quand j’aurai droit à ma prochaine douche chaude. Je n’aime pas recommencer. J’aime mes habitudes.
À chaque nouvel endroit, je me recrée un univers, je remets en place une routine. Adaptée à mon nouvel univers, bien sûr, mais routinière quand même.

Bon, d’accord, certains cafés sont quand même cool
Alors quand il faut partir, c’est une sorte de cassure. C’est terriblement excitant oui, mais c’est mêlé à ce monde de tensions d’ordres financier, pratique, culturel qui nous font nous re-demander à chaque fois: « vais-je m’y faire? vais-je m’y plaire? vais-je vouloir y rester, ou m’enfuir au pas de course? ».
À chaque fois, je ne sais pas. Personne ne sait, vraiment. L’homme est pourtant une merveilleuse machine de conditionnement, comme dirait une chère amie. Mais à chaque fois, la curiosité est plus forte.
Est-ce un besoin d’adrénaline? De se pousser hors de sa zone de confort? Je me dis, parfois, que les substances chimiques qui nous habitent sont un levier de croissance formidable. Là où l’on pensait stagner, une envie soudaine nous pousse en avant. Et si l’on s’écoute, si l’on s’éveille de notre confortable stagnation, si l’on fonce vers cette sensation d’excitation, alors on se retrouve forcément confronté à ce qui nous anime.
Et c’est sur ce chemin que nous sommes les plus à même de rencontrer ceux qui, comme nous, rêvent de partager ces sensations communes.
Alors je reprends ma route. J’ai peur, oui, mais d’expérience je sais que le départ importe peu. Ce qui doit rester restera, et le reste laissera place à un quelque chose de meilleur.

Chaos du marché aux fleurs, à Hong Kong
Par Corinne Stoppelli
Je suis Corinne, un petit oiseau libre. Sans domicile fixe depuis 2010, je sillonne la planète à la recherche d'inspiration et de points de vue différents. Sur Vie Nomade, je partage mon regard sur le monde, le temps et le changement, d'une plume sincère et d'un objectif curieux et ouvert. En savoir plus?
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(20 commentaires)
On est des « Slow Travelers », mais des travelers quand même :)
Hello,
J’ai découvert ton blog il n’y a pas longtemps. J’aime ton style d’écriture. Très belle conclusion pour ce poste. ;) Je vais suivre ce voyage du mieux que je peux.
Salut Stephanie, je te remercie :) Je vois que tu es sur le départ aussi! Je te souhaite une expérience inoubliable!
Merci Corrine! Dans une semaine oui je suis partie. Je ne tiens plus en place. Je dors quasi avec mon sac à dos. Hahaha je deviens folle :D
A bientôt ;)
Bonjour
Alors ce voyage ? Je voudrais partir mais je Flip un peu d’y aller seule. Je dois laisser ma famille comment l’as tu vécue ? Je crois qu’il serait mieux que je ne leur dise rien… Qu’en penses tu ?
Steph
Salut Julienne, moi je leur ai tout dit, ils ont essayé de me convaincre de ne pas le faire, mais je n’ai écouté personne. Aujourd’hui, après cinq ans, ils sont toujours un peu inquiets pour moi, mais ils ont pris l’habitude ;)
Un billet d’humeur ma foi fort sympathique !
Un très bon départ!
Merci Mr Panda!
Ah, cette bonne vieille angoisse! Ça arrive même au plus aguerris! Moi qui pars souvent (mais jamais pour de longues durées), j’ai aussi ce noeuds dans l’estomac… mais c’est lorsque je suis dans l’avion (surtout si c’est un vol de nuit qui vous fait toujours cogiter à mort) ou bien une fois arrivée. ‘Et maintenant, quoi? ». Finalement, on retombe sur nos pattes, et un plan se forme.
Ca sera plus facile, crois-moi! Tu as déjà fait l’expérience du long voyage et le choc culturel sera moins important (quoique) en tout cas, je suis impatiente de te lire!
Haha, oui, quoique comme tu dis! J’ai l’impression que l’Asie est plus ‘facile’ pour moi. Je m’en sens plus proche culturellement (étonnamment). Aux USA, j’ai des peurs basiques, comme de consommer de la bouffe pas chère aux hormones… En Thaïlande, le poulet il a plus de chances d’avoir été élevé ds la basse-cour du voisin que dans une batterie. Juste un exemple, mais la liste est longue :p
Je te répondrais qu’en Asie sud-est, tu peux te chopper de graves maladies, genre la dengue. A chaque coin du monde sa tare! ;D
Haha, c’est vrai! J’ai vécu quelques mois dans une guesthouse où 5 personnes l’ont attrapée d’ailleurs… J’ai eu de la chance :p
C’est vrai on a beau s’habituer à tout, moi quand je pars j’ai toujours peur ! Mais des fois il faut surmonter la peur de l’inconnu pour pouvoir avancer et découvrir un super nouvel endroit !
Oui, c’est ça! Après l’endroit il peut aussi ne pas être super, mais bon, au moins on aura essayé :D (je me rassure comme je peux, hein!)
J’aime ce billet aussi!
Et m’y reconnais: on devrait forger un mot autre que « semi-nomadisme » mais qui reprendrait cela: l’envie de recréer une vie à différents endroits, d’y prendre des habitudes et finalement d’en repartir…
Bon vent ma chère !
Merci Aurélie! Oui, la ‘bougeotte’ ça ne suffit pas :p
On voudrait croire que c’est excitant de constamment bouger, ça l’est dans une certaine mesure mais je trouve que c’est aussi assez fatiguant de constamment chercher où on va passer la nuit.
Sur les 2 ans que j’ai passé en Australie, les moments où je me suis senti le mieux étaient ceux où je m’installais quelques mois au même endroit et en y créant une routine.
Tout ça pour dire que je plussoie ton article et surtout passe un bon séjour aux États-Unis :-)
Tu vas où exactement?
Merci :) Je vais à Los Angeles dans un premier temps.
Merci pour ton article, j’apprécie de te lire là.
Une belle expérience que tu vis à chaque départ, pour l’instant pas de problème on dirait, j’espère que ça va continuer en ce sens!
Je pars également en Amérique du Nord le 5 février et j’avoue que je me reconnais dans ton article. Chaque nouveau départ est aussi bien une source d’excitation mais aussi d’angoisse. On ne sait jamais trop ce qui nous attend sur place…