Petite histoire d’amour, en altitude
Décembre 2014, en altitude entre la Corse et Barcelone.
C’est toujours un peu gênant d’écrire ses histoires dans un espace restreint. Prenez l’avion par exemple: mon petit écran bien posé à la verticale se lit probablement depuis la file de derrière.
D’ailleurs, je suis toujours un peu curieuse lorsqu’en avion quelqu’un entame un livre, un série ou un film. Alors imaginez lorsque quelqu’un écrit! C’est que je cherche un tout petit signe d’appartenance dans ce micro-univers céleste absurde qui flotte comme par magie. Je ne m’y ferai jamais, je crois.
Mais revenons à cette histoire qui prend vie en altitude. Oui! Je vous écris d’ici:

Les nuages me font penser à mon cerveau en ce moment: éparpillé. Ma frousse fataliste de l’envol s’efface doucement dans le coton étalé à perte de vue.
Il fut un temps où peu m’aurait importé de mourir. J’ai été tellement chamboulée par mes deux premières années de vie nomade que je me suis dit que c’était suffisant, j’avais pleinement vécu. Mon avion pouvait s’écraser (mais pas dans l’eau, s’il vous plaît). Et puis je me suis habituée à mon nouveau style de vie, je suis retournée à une certaine normalité. J’ai recommencé à en demander plus et à me souhaiter au moins 60 nouvelles années pour tout accomplir.
Hors de question donc, que mon avion s’écrase. Et encore moins aujourd’hui, parce qu’il me tarde de retourner en une pièce à Barcelone. Je suis amoureuse.
Cela m’arrive souvent. À chaque fois, je rencontre quelqu’un de génial. À chaque fois ça dépasse toutes mes attentes. Mes amis en rigolent, c’est « comme la dernière fois, quoi ». Et moi je ne suis pas sûre: est-ce que je recommence à chaque fois du point 0, ou est-ce qu’il y a une progression réelle? J’aime mieux la seconde hypothèse. Après tout, c’est une question de perception, et donc de choix.

Je mesure la véracité de mon hypothèse à la quantité de sourires niais que je me surprends à tirer aux murs, aux rues et aux vitres de bus. C’est fantastique l’amour quand même, ça te rend con et heureux. Je l’imagine comme une substance vert fluo qui envahit ton cerveau, pourrissant un peu tes connexions, de manière plus ou moins temporaire.
Donc voilà, mon cerveau est salement atteint. Depuis quelques jours il est complètement vert. Je crois que j’ai développé une addiction, parce que j’en redemande. Je suis retournée dans mon lit de petite fille qui rêvait à son prince charmant lui faisant un bisou sur la bouche, comme les grands.
Je ne serais pas trop émue en me lisant, si j’étais vous. Parce que j’en ai déjà vues d’autres, des situations aussi incongrues.
Brrrr, l’avion se met à trembler. Je suis heureuse avec mes écouteurs, de ne pas entendre le bruit irrégulier et effrayant du moteur qui lutte contre le vent. J’adresse à ce dernier une prière silencieuse:
Laisse-moi rentrer saine et sauve, juste le temps de goûter à ses baisers.
Ensuite, je pourrai à nouveau mourir.

« Respire, ça va passer! »
Par Corinne Stoppelli
Je suis Corinne, un petit oiseau libre. Sans domicile fixe depuis 2010, je sillonne la planète à la recherche d'inspiration et de points de vue différents. Sur Vie Nomade, je partage mon regard sur le monde, le temps et le changement, d'une plume sincère et d'un objectif curieux et ouvert. En savoir plus?
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(13 commentaires)
Hum… Très beau texte ! Et puis « comme la dernière fois » ou pas, tu t’en fous tant que toi ça te plaît ! Profite bien… Life is beautiful… ;o)
Merci Amélie :)
Je decouvre depuis peu ton univers et quel plaisir de se plonger dedans avec de tel article… Un vrai plaisir de te lire.
Merci, j’en suis ravie!
Le prince charmant… Mythe ou réalité? En tout cas ça fait du bien d’y croire
Et ils vécurent longtemps et heureux et eurent plein d’enfants, ou pas :p
Assez original ton billet. Moi en tout cas ça m’a fait prendre un bon petit bol d’air frais :-)
Merci Rhay! Ravie pour le bol d’air, ça me fait plaisir :)
Ton blog est une vraie bouffée d’air, merci ça fait du bien :)
Merci Justine :)
Oh là là cet article ! … Moi aussi, à chaque fois « il est différent », à chaque fois « non mais je te jure c’est pas pareil », à chaque fois « il est vraiment parfait lui »… :-)
À chaque fois, je suis amoureuse mais j’adore ça ! J’adore ça parce que mes histoires d’amour, je les vis à 2000% et je n’ai pas peur d’avoir mal. J’en ai versé des larmes à chaque séparation douloureuse et pourtant, je retiens surtout des moments magiques qui m’enseignent un paquet de choses sur l’amour et sur la vie en général ! Je pourrais parler d’amour pendant des heures et des heures !
Mes histoires d’amour font (sou)rire mes amis mais je ne leur en veux pas, ils ne peuvent pas comprendre et je ne cherche pas à être comprise. En tout cas, je reste éternellement positive ! :-) (plus je lis tes articles, plus je me dis que « bordel, moi aussi je devrais écrire sur mes histoires d’amour finalement ! ») à suivre …
Plus je te lis, plus je constate à quel point je suis devenue horriblement cynique, haha. Cette petite histoire d’avion, c’était justement ma rencontre avec P. (le coup final, le méga combo m’a mis K.O.) J’ai perdu les petits papillons, les envolées, les idées de projets de ouf à deux (elles y sont toujours mais en général je m’y vois toute seule, avec un chat ou des poules, ha). Aucune idée si tout ça reviendra. Je suis en couple aujourd’hui, et je me dis que ça doit être difficile d’être avec quelqu’un comme moi, il va e falloir un temps des plus fous pour faire confiance (ou pas).
Rah ouais, putain il t’a fait morfler ce P. !!! Ça se sent à travers tes lignes… J’espère que tu retrouveras et je te souhaite de retrouver les petits papillons parce que ça fait franchement du bien et puis, on a qu’une vie !!!!!!!!!! Laisse-toi aller et essaye de voir les choses du bon côté ! :-) (C’est toujours plus facile à dire, je sais, mais il ne faudrait pas que tu passes à côté d’un p*** de mec à cause d’un mauvais…) Déjà vu et déjà entendu 1000 fois, je sais, mais finalement, c’est vrai !