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En direct des îles, avec Renée

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Durant mes pérégrinations digitales récentes, j’ai découvert le blog de Renée Wathelet, En direct des îles, et je l’ai interviewée afin de vous faire connaître son profil de nomade plutôt particulier.

Renée est une nomade numérique née en Europe, d’un père mi-belge mi-français, et d’une mère polonaise. Elle a, pendant quelques années, partagé sa vie entre deux îles: Montréal au Québec, et Isla Mujeres au Mexique. Elle passe désormais la majeure partie de son temps à Isla Mujeres. Elle a fait ses premiers pas dans le voyage en compagnie de ses parents, en France, puis à travers l’Europe, seule et sac-au-dos.

Isla Mujeres

Les photos de cet article ont été prises par Renée. Vous pourrez en découvrir plus sur son compte Flickr.

Mise à jour | Renée a été arrachée à la vie par des circonstances brutales, le 17 septembre. Une pensée sincère à tous ses proches ainsi qu’à tous ceux qui ont l’opportunité de connaître un petit bout de cette merveilleuse personne.

Isla Mujeres, le nom prête à rêver!
Parle-moi de l’endroit où tu vis!

C’est une toute petite île, située à la pointe nord-est de la péninsule du Yucatan. 11km de bateau nous séparent de Cancun. Je vis à La Gloria, une des colonias, où vivent les Mexicains et quelques expatriés qui, comme moi, ont choisi de vivre l’authenticité du pays.

L’île s’est beaucoup construite au cours des dix dernières années en raison du tourisme important, mais ce développement s’est fait en dépit du bon sens et sans plan d’urbanisation. D’un autre côté l’argent apporté par ce tourisme a permis d’élever le niveau de vie: les enfants vont à l’école et l’on trouve de moins en moins de casas de carton (cabanes en laminé).

T’es tu facilement immergée dans la culture locale?

Cela n’a pas été difficile, car je suis curieuse de nature – et surtout j’ai appris l’espagnol. Il s’agit aussi de ma deuxième expatriation, et je viens d’une famille plutôt nomade… Et puis les Mexicains sont très gentils, et très contents quand ils voient qu’on s’intéressent à eux, à leur culture, au-delà de la carte postale touristique.

J’ai appris toute petite que lorsqu’on change de pays, on s’invite dans une maison… et c’est à nous de nous adapter au pays, pas le contraire.

Qu’est-ce qui t’a attiré au Mexique?

Ce fut un coup de cœur totalement imprévu. Dès ma première visite à Isla Mujeres, il y a 9 ans, j’ai désiré y vivre au moins à temps partiel.

Pêche à la Sardine, Isla Mujeres

Quand as-tu contracté le virus du voyage?

Peut-être d’entendre parler de la famille lointaine qui avait immigré en Australie, ou encore au Canada. J’avais à peine dix ans que je disais à tout le monde que j’irais vivre en Amérique!

Partage un souvenir de tes premières escapades…

À mes 20 ans, j’ai pris une carte de l’Europe et remarqué une ligne droite de Liège à Copenhague. J’ai alors pris un aller-retour en train pour le Danemark et me suis promenée en Scandinavie. J’ai vécu dans les auberges de jeunesse et chez l’habitant, cela m’a permis de rencontrer plein de monde et j’ai adoré l’expérience.

Et ça c’était avant Internet! Tu partais, et pendant quelques semaines, pas de nouvelles… j’adorais! Maintenant, on est à peine arrivés qu’on se branche. Mais ça a ses bons côtés, parce que si Internet n’existait pas, aujourd’hui je serais à Montréal, en train de travailler dans un bureau!

Peux-tu me parler de ton activité professionnelle?

Mon parcours professionnel a longtemps mêlé le monde de la finance et celui d’Internet, avant de prendre un franc virage vers le Web 2.0.

Aujourd’hui, je suis consultante en médias sociaux et offre mes services au niveau de la gestion de l’identité virtuelle: blogs, rédaction, gestion de contenu. Bref, je guide ceux qui s’y intéressent… et je twitte beaucoup aussi!

Ma définition de moi-même: nomade toujours entre deux îles, avec cependant un point fixe dans ma vie: mon travail qui me suit dans ma besace.

Tu es donc plutôt dépendante de ta connexion Internet…

Oui, d’ailleurs lorsque j’ai eu le coup de foudre pour l’île, je travaillais encore en finances et étais consciente que je ne pourrais pas réaliser mon rêve avant que les technologies ne traversent la Bahia de Mujeres, ces 11kms qui nous séparent de Cancun. Ce qui fut fait il y a 5 ans maintenant.

Vivre dans la plus importante zone touristique du Mexique a des inconvénients (les hordes de touristes venant des tout-inclus qui débarquent pour la journée sur l’île) mais aussi des avantages: vu les exigences de certains touristes, Internet est bien développé.

Isla Mujeres

D’où viennent tes clients?

Je travaille principalement avec le Québec, mais commence à me créer un réseau ici, et pourquoi pas un jour avoir des clients européens?

C’est ça la virtualité: peu importe l’endroit depuis lequel je travaille, peu importe sur quel continent vit mon client, nous sommes en contact et pouvons travailler ensemble.

Virtualiser de la sorte ses services, tu trouves que ça relève du challenge, aujourd’hui?

Oui, il y a encore des gens mal à l’aise avec l’idée que je ne travaille pas dans un bureau bien identifié, dans la même ville qu’eux. Ceux qui ressentent le besoin de contrôler employés et autres prestataires de service, par exemple.

Y a-t-il des outils qui d’après toi facilitent ces rapports professionnels et sont à même de mettre en confiance?

Disons qu’avec les plus réticents, c’est le téléphone, et il vaut mieux qu’ils voient leur code régional sur l’afficheur! C’est pourquoi j’ai un téléphone voip dans le 514 (indicatif de Montréal).

Tes clients, comment les découvres-tu?

En règle générale, les clients, c’est via mes blogs, via mon réseau aussi que je les rencontre. Mais il y a aussi les gens que je connais à Montréal, à Isla Mujeres, en Europe. La plupart du temps, je les connais physiquement. Mais c’est en train de changer: j’ai obtenu des mandats via des sites comme Agentsolo.com, un réseau de travailleurs autonomes.

Isla Mujeres

Financièrement, comment ça se passe pour toi?
Est-ce que le début a été difficile?

Oui, les débuts sont difficiles, mais quelque que soit le domaine dans lequel tu lances ton entreprise, c’est toujours ardu les premiers temps. Sans compter que la crise économique retarde les projets. Mais projets il y a et c’est là-dessus qu’il faut mettre l’emphase.

Ce qui compte, c’est que je fais ce que j’adore, et ça vaut tous les millions du monde.

Quel est ton budget de vie au mexique, et que te permet-il?

Le but est d’assumer mes dépenses quotidiennes, qui ne sont pas trop élevées: je n’ai ni voiture, ni télé, ni four micro-ondes, comme je dis toujours: mon seul luxe, ce sont les voyages, et pour le moment, et bien, je me contente de prendre le bateau pour aller à Cancun!

Au Mexique, la vie est elle vraiment moins chère?

Si tu veux vivre selon les standards nord-américains, non! On trouve des enseignes américaines et elles sont très chères, surtout si l’on se place au niveau du revenu moyen des mexicains.
Par contre, si tu vas faire ton marché ici, sur l’île, et que tu te contentes de ce que tu trouves, c’est très raisonnable.

Quel rôle joue le confort pour toi, et de quoi t’accommodes-tu au Mexique?

Je loue un petit appartement dans un immeuble occupé principalement par des mexicains. Il a une énorme qualité: il est face à la mer et c’est important pour moi. Par contre, il n’y a absolument pas d’espace pour une laveuse à linge ou un lave-vaisselle, mais ça ne me dérange absolument pas. Un nomade heureux s’adapte à son milieu!

Isla Mujeres, corde à linge

Est-ce que l’Europe et la vie nord-américaine te manquent?

À vrai dire, non. J’ai été heureuse en Europe, heureuse à Montréal, et maintenant je suis heureuse à Isla Mujeres. Parce qu’à chaque fois je m’adapte, et vis mon moment présent. Mais je ne dis pas que ma famille et mes amis ne me manquent pas, parfois…

Certains de mes amis qui sont ici sont venus en vacances ici ne sont jamais repartis!

Penses-tu que n’importe qui puisse devenir nomade?

Oui… à condition d’être fait pour ça! Il y a les sédentaires qui ont besoin de beaucoup de stabilité pour se sentir confortables et les nomades, curieux, peu attachés aux choses, passionnés par la découverte de leur planète. J’en parle sur mon autre blog, Profession Nomade.

Il n’y a pas de problèmes, il n’y a que des défis à ma créativité.

Quel conseils de vie donnerais-tu à de futurs nomades?

Bien se préparer, mentalement et pratiquement. Si tu pars avec l’intention d’avoir un travail libéré du lieu, par exemple, assure-toi de rencontrer tes besoins professionnels dans le pays de ton choix.

C’est bon aussi de prendre le temps de faire plusieurs séjours pour voir si on aime ça ou pas, avant de faire le grand saut.

Il y a quelque chose dans ta tête qui te dit que tu es prêt à faire le saut…

Lorsque j’ai décidé que liquider l’appartement de Montréal, j’étais prête. J’y suis retournée pour faire mon grand chambardement et suis revenue à Isla Mujeres avec trois sacs de voyage… libre! C’est tout un choc, même quand c’est ce que tu veux. Quand tu pars avec un aller-simple, c’est une autre dynamique…

Isla Mujeres

Il ne faut pas avoir peur de réaliser ses rêves, ni d’aller de l’avant…

En savoir plus sur Renée…

Renée Wathelet
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Par Corinne Stoppelli

Je suis Corinne, un petit oiseau libre. Sans domicile fixe depuis 2010, je sillonne la planète à la recherche d'inspiration et de points de vue différents. Sur Vie Nomade, je partage mon regard sur le monde, le temps et le changement, d'une plume sincère et d'un objectif curieux et ouvert. En savoir plus?

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(3 commentaires)

  1. David dit :

    Magnifique Renée: charmante, passionnée et attentionnée, telle que je l’ai rencontrée In Real Life en début d’année à Isla.
    Salutations depuis La Havane.
    David

  2. Elisa dit :

    Très bon reportage.
    Les îles sont de rêve!
    A plus,
    Elisa, Argentine

  3. Laurie dit :

    Merci pour cette page magnifique sur ma tante. C’est un beau portrait de la femme extraordinaire qu’elle était.

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