Histoires
d'ailleurs

Romances ratées, façon philippine

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Dans le taxi qui m’emmène à l’aéroport de Dumaguete, Carlo sait qu’il ne me reverra probablement jamais, mais il se fait positif.

Un papillon philippin

« Alors, quand reviendras-tu? »
« Bientôt! J’ai encore des choses à voir et puis je viendrai vivre ici. »

Carlo est enthousiaste.

« Parfait, parfait! Je t’aiderai à trouver un appartement, tu verras, ce n’est pas difficile! Et l’on pourra devenir de bons amis! »
Puis, il y a un silence, poétiquement rythmé avec un arrêt à un feu rouge qui lui permet de me regarder et me lancer un
« Tu vas me manquer. »

Carlo, c’est le conducteur de taxi que j’avais rencontré à mon arrivée aux Philippines. Je l’avais trouvé sympathique et avais décidé d’en faire mon conducteur officiel pour le reste du séjour. Du coup, on se voyait tous les deux ou trois jours, on prenait de nos nouvelles, on refaisait un brin le monde, mais en vitesse.

Et puis il y avait les autres. Jonathan, par exemple, que j’avais rencontré à la guesthouse. On s’étais mis à discuter de tout et de rien et très rapidement notre conversation s’était faite un brin philosophique, avant de basculer sur le sujet des relations.

Jonathan portait une alliance, mais il faisait sans arrêt allusion aux romances, aux jolies filles, à une étincelle qui lui manquait. Au beau milieu de notre conversation, il m’avait invité à dîner, mais j’avais refusé, la panse pleine. Et puis…

« Si tu te sens seule en tout cas, je suis là. Je pense que tu es quelqu’un de formidable, tu me plais beaucoup, alors… »
« Mais, tu es marié, non? »

Jonathan s’était alors immédiatement ouvert, comme un livre. Oui, marié, mais compliqué. Une petite fille, c’était tout ce qui le retenait. Mais il ne voulait plus voir sa femme, et c’est pour cela aussi, qu’il avait choisi un métier qui le faisait se déplacer constamment dans les Philippines. Après avoir gentiment décliné sa proposition, on s’était remis à parler de tout et de rien, comme si la question n’avait pas eu lieu.

Piqûres de moustiques

Les moustiques aussi, ils m’aiment

Et puis il y avait, Richard, sur Siquijor, qui avait attendu que la nuit tombe, que les étoiles scintillent haut dans le ciel. Il était venu s’asseoir à côté de mon hamac, qu’il balançait gentiment, et entre deux silences pesants:
« Il faut que je te dise quelque chose d’important. »

Il me sentit tendue et précisa:
« Il ne faut surtout pas que ça t’effraie, je m’en voudrais, prends-le simplement. Je crois que je suis amoureux de toi. Non, en fait, je ne crois pas: je t’aime. »
Mon silence pénible le força à préciser les choses:
« Je sais qu’on est différents, que tu as besoin de vivre encore tellement de choses. Je peux attendre, j’attendrai. »

J’ai gardé contact amical (et honnête, j’ai été bien claire) avec ces hommes qui m’ont permis de réaliser encore un peu plus que si l’on ne tente rien, on n’a rien. Et comme le disait joliment Richard: « Si la vie te tend une opportunité et que tu ne la saisis pas, alors tu es fou. »

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Par Corinne Stoppelli

Je suis Corinne, un petit oiseau libre. Sans domicile fixe depuis 2010, je sillonne la planète à la recherche d'inspiration et de points de vue différents. Sur Vie Nomade, je partage mon regard sur le monde, le temps et le changement, d'une plume sincère et d'un objectif curieux et ouvert. En savoir plus?

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(2 commentaires)

  1. Tugdual@visa_pour dit :

    Je ne suis encore jamais allé aux Philippines mais ce pays m’attire énormément. Je compte désormais plusieurs amis philippins dans mon petit cercles d’amis expats et je suis toujours impressionné de voir à quel point ce peuple asiatique me semble différent et a quel point ils n’ont pas froid aux yeux ! Un asiatique qui vous fait une déclaration d’amour comme celle de Richard, je crois que ça n’est possible qu’aux Philippines !

    • Bonjour Tugdual! Oui, j’ai eu l’impression d’avoir fait un saut sur un autre continent. Je te souhaite de t’y rendre aussi pour voir de tes yeux la beauté de tout ce qu’il y a à voir et à ressentir là-bas.

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