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Rencontre à Toulouse: Madame Violette

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Je vous écris des berges de la Garonne. S’il y a un endroit à Toulouse que Madame Vié (que j’aime à appeler Madame Violette) préfère, c’est cette promenade entre les ponts.

Berges de la Garonne, Toulouse

Lorsque le conducteur de taxi, un fier toulousain d’adoption qui me raconte à coeur ouvert son arrivée fortuite dans la ville, me dépose sur la rive du Canal de Midi où est amarrée la très violette péniche La Maison de la Violette, je ne sais vraiment pas à quoi m’attendre.

Je pousse doucement la porte et suis accueillie par une petite dame énergique, toute de violet vêtue. « Bonjour! Soyez la bienvenue! ». Un intense parfum de violette m’emplit les narines, autant que la bonne humeur de Madame Vié m’emplit déjà d’enthousiasme.

Péniche Maison de la Violette, Toulouse

Madame Vié aime l’eau et le violet. À tel point qu’elle a décidé d’entièrement se consacrer à la conservation d’une fleur toute toulousaine: une violette d’hiver dont seulement quelques horticulteurs (plus que trois!) contribuent à la survie.

Elle commence par me raconter l’histoire de cette belle venue de Parme, qui ne ressemble en rien à la chétive petite fleur des bois qui peuplait mon imaginaire. La violette de Parme, devenue violette de Toulouse en raison du gel dévastateur de 1956 et d’une culture un peu trop longue et compliquée pour une trop faible rentabilité, est une fleur de bouquet, une fleur qui en impose.

J’observe la passion de Madame Vié à travers les épopées de sa fleur, sauvée en 1984 par un programme scientifique qui a reproduit in vitro les quelques plantes ayant survécu aux intempéries et aux années.
Ses jolis yeux brillants, derrières des lunettes violettes, sont maquillés d’un fin trait d’eyeliner violet, aussi subtil que les délices à base de violette qu’elle me fait goûter.

Dans le salon de thé de sa péniche fondée il y a 15 ans, on peut déguster des thés, des sirops, des liqueurs et même des glaces à la violette. On y découvre aussi le fruit son son autre passion, la création: une gamme de produits qu’elle a imaginé, dessiné, décoré.

Hélène Vié, Péniche Maison de la Violette

Hélène Vié et ses créations à la violette

De grands chefs utilisent ses sirops, ses arômes, ses sucres, sa moutarde. Un designer de mode s’en est inspiré pour créer une collection de robes florales. La population et les touristes se rejoignent et fêtent la violette toulousaine en février, le mois de la violette, qu’elle a imaginé riche en ateliers, en événements et en gastronomie.

Si aujourd’hui la violette de Toulouse est restée l’un des symboles les plus forts de la ville, c’est sans aucun doute grâce à la persévérance de Madame Vié à ne pas laisser mourir sa senteur et ses saveurs.

Thé et douceurs à la violette

Autour d’un thé à la violette, arômatisé au sucre de violette, joliment présenté dans une tasse aux couleurs de la violette, je croque avec curiosité à quelques petits fours à la violette, alors qu’elle me raconte comment elle a noué cette relation spéciale avec la fleur.

Je lui pose un tas de questions. Je la félicite timidement de cet enthousiasme qui donne des ailes. Elle me remercie d’un sourire humble, puis son regard embrasse la péniche avec tendresse: « J’ai dédié ma vie à la violette », me dit-elle d’un air rêveur, presque amoureux.

Il y a des gens comme ça, sur le chemin, qui vous rappellent que tout est possible lorsque l’on aime, lorsque l’on y croit, et lorsque l’on fait tout ce qui est en notre pouvoir pour y arriver.

Madame Vié me raccompagne à la porte de sa belle péniche et me souhaite un bon voyage. Je la remercie et m’en vais, d’un pas énergique, rejoindre les bords de la Garonne pour y écrire un morceau de sa fabuleuse histoire, qui ne saurait rendre aucune justice à son énergie et son dévouement. Madame Vié, il faut la rencontrer.

Péniche Maison de la Violette, Toulouse

La Maison de la Violette

Retrouvez la Maison de la Violette sur une péniche du canal du Midi, face au 3, Boulevard Bonrepos, 31000 Toulouse. Essayez les violettes cristallisées! Chaque fleur confite est cueillie à la main.

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Un grand merci à Atout France et au Comité Régional de Tourisme Midi-Pyrénées de m’avoir permis de faire la connaissance de cette charmante dame. Les opinions et choix éditoriaux de cet article me sont propres.

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Par Corinne Stoppelli

Je suis Corinne, un petit oiseau libre. Sans domicile fixe depuis 2010, je sillonne la planète à la recherche d'inspiration et de points de vue différents. Sur Vie Nomade, je partage mon regard sur le monde, le temps et le changement, d'une plume sincère et d'un objectif curieux et ouvert. En savoir plus?

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(5 commentaires)

  1. Sirhom dit :

    Salut Corinne,
    je connaissais pas cet endroit, c’est où exactement ?
    Je pense pasvraiment y passer, mais j’en parlerai à mes amis chinois:)

    Raaah Toulouse, mon vélo et mes amis, comme c’est loin…
    T’as quel age toi Corinne ?

  2. Ô Toulouse…
    Heureuse de lire un peu d’accent chantant sur ton blog chère Corinne!
    Je connais cette péniche, et la passion est vraiment le mot qui définit l’âme des gens y travaillant… « + 1 » sur tout ton article :)
    Un beau récit couleur violette!

    • Merci Aurélie! Ta ville est bien belle et je n’ai fait que penser à toi tout du long! J’espère que j’aurais un jour l’opportunité de la re-visiter avec ma future guide préférée ;)

  3. Adrien Roucolle dit :

    Il manque dans le récit, sur la Violette de Toulouse, que soient cités les véritables initiateurs scientifiques qui dès 1980 ont engagés un projet de relance de la Violette de Toulouse.

    Un groupe de producteurs, d’anciens producteurs, d’industriels, d’Ingénieurs sont solidaires d’actions initiées par l’Association « La Violette dans son Terroir » pour que d’une part la mémoire des acteurs se perpétue et d’autre part encourage les initiatives de production.

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