Carnet
de bord

Trois ans de vie nomade, avec un peu de recul (une rétrospective)

Publié le • Dernière mise à jour:

2008 à 2010: préparation à la vie nomade

Je me préparais au grand changement.

Je me débarrassai de l’inutile, transformai ma paperasse en fichiers informatisés, je passai de l’ordinateur fixe au portable et m’achetai un grand sac à dos.

Un road trip en hiver, en Islande

Un road trip en hiver, en Islande, pour m’entraîner

2010: le grand départ

Je vendais tout, enfin presque. Je partais pour la première fois en-dehors de l’Europe, pour ne jamais revenir, disais-je.

Je vécus ma première mousson, expérimentai la misère, la maladie, la peur de l’inconnu, la barrière linguistique, y vainquis ma peur de l’eau, me frottai nez à nez avec un serpent joli mais dangereux, nageai avec d’immenses tortues, dansai à n’en plus sentir mes muscles, m’ébahis au quotidien et m’installai en Thaïlande où j’appris à conduire mon premier véhicule à moteur, à m’occuper de souffrants de dengue et autres maladies exotiques, à boire du whisky sec, à manger sans savoir ce que je mangeais.

Chiang Mai, Thaïlande

Chiang Mai en Thaïlande, où je me suis arrêtée durant un an.

2011: le tumulte émotionnel

Je quittais la Thaïlande du Nord après m’y être plus ou moins sédentarisée pendant une année (et me débarrassais de mon sac à dos, remplacé par un sac valise à roulettes).

Je laissai derrière moi des amis que je ne reverrai peut-être jamais. J’en emportai quelques-uns avec moi à travers l’Asie, sur ma route vers un rêve japonais qui s’avéra être un gros échec. Puis, je m’enfuis du Japon et me réfugiai à Taïwan pendant six mois.

J’avais appris la patience, le calme, le laisser-aller, l’amour du quotidien.

2012: un retour difficile en Europe

Je quittais la belle Taïwan le coeur un peu lourd.

Je me lançai dans une dernière ligne droite avant un retour forcé en Europe. Je passai par Hong Kong, y rencontrai un garçon charmant, m’y arrêtai. En repartis, y retournai. Encore. Encore. Finalement je m’en fus aller dire au revoir à mes amis les plus chers, à Singapour et au Nord de la Thaïlande. Puis je pris un vol désastreux pour l’Europe.

De retour en Suisse, je vécus comme dans une caverne. Irritable, déprimée, j’étais dans l’incompréhension totale. Le contre-choc culturel. Qu’une envie, repartir, ce que je fis, mais de l’autre côté de la terre.

Marché aux fleurs de Hong Kong

Chaos du marché aux fleurs, à Hong Kong

2013: s’envoler de nouveau

Je passais les premiers mois de l’année aux Etats-Unis, où je fus abasourdie par les espaces, par la proximité facile des habitants, par leur ouverture d’esprit.

On m’ouvrit le coeur alors que j’en avais le plus besoin. Je finis mon séjour à Québec chez ma très chère amie celle dont je pourrais ponctuer toutes mes années de voyage et de nombreux pays (et peut-être un jour, toute la carte du monde)?
Après un calme hiver canadien, j’étais de retour en Suisse, en mode nomade et pas rescapée cette fois, déterminée à en faire une partie de voyage plutôt qu’une plage de tristesse.

Un petit bout de Suisse
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Par Corinne Stoppelli

Je suis Corinne, un petit oiseau libre. Sans domicile fixe depuis 2010, je sillonne la planète à la recherche d'inspiration et de points de vue différents. Sur Vie Nomade, je partage mon regard sur le monde, le temps et le changement, d'une plume sincère et d'un objectif curieux et ouvert. En savoir plus?

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(30 commentaires)

  1. On devine beaucoup d’épreuves à travers ces lignes, et beaucoup de joies aussi. Un début de sagesse peut-être aussi?
    Très belle route à toi ma chère, n’importe où qu’elle te mène :)

  2. Ce résumé est sympa d’autant plus que je ne connaissais pas la moitié du chemin parcouru.
    Bravo c’est courageux ou plutôt téméraire de ta part.
    Donc en fait tu as quitté Taïwan car tu n’avais pas trop le choix, c’est bien ça ?
    Ton passage en Suisse en 2012 me fait penser à une des anecdotes de mon dernier article : tant que tu n’étais pas comme le gars du dessin dans la baignoire tout va bien …
    Une petite conclusion avec les perspectives 2013-1014 aurai été bienvenue.

    • Corinne dit :

      Oui, je n’avais pas trop le choix, en raison de problèmes de papiers (née et résidente en Suisse, mais pas de passeport Suisse = pas le droit de partir + de 6 mois sans autorisation spéciale – j’avais obtenu 2 ans).
      Haha! Non les drogues c’est pas trop ça heureusement. Et l’alcool me fait pas vraiment voyager :p
      2013 et 2014 sont en chantier complet, j’ai bien des envies mais pas encore de certitudes!

  3. Beau parcours Corinne ! :)

  4. Oh que je te comprends : le retour n’est jamais facile … l’Asie est fascinante … Taiwan .. j’a beaucoup aimé même si ce n’était pas l’endroit le plus facile à vivre … et les US : ben oui, ce que tu dis est vrai … pas partout … bon courage pour la suite … je crois qu’on prend goût à tout cela .. on n’est plus jamais pareil …

    • Corinne dit :

      Je veux bien te croire quand tu dis pas partout :) Pas eu assez de temps pour tout expérimenter mais peut-être qu’un jour j’y reviendrai… Et oui, ça nous laisse des marques indélébiles!

  5. Lily dit :

    Très bel article, plein de douceur et de poésie… J’aime beaucoup ta dernière phrase : … »déterminée à en faire une partie de voyage plutôt qu’une plage de tristesse ».

  6. Jolie bilan de 5 années de voyage, ca commence à en faire du temps et du chemin parcouru, très poétique et photos sublimes, un peu trop court ! Ca donne envie d’en savoir plus, d’aller lire entre les lignes et d’aller voir derrière les photos ce qui a fait ces 5 années de voyage. Une question pour moi qui est le projet de passer du temps au Japon bientot : pourquoi fut-il un rêve pour toi et pourquoi fut-il finalement un « gros échec » ?

    • Corinne dit :

      Salut Julien, merci beaucoup!
      Pour le Japon, je ne l’ai jamais écrit je crois, mais je le ferai. En (trop) résumé, j’en rêvais comme on rêve d’une destination très éloignée, sans bien savoir et dans lequel je comptais vivre un certain temps. Un gros échec parce que je m’y sentais toujours comme un poisson hors de l’eau, la culture m’a terriblement effrayé. C’est bien différent de tout ce qu’on connaît. Alors je m’en suis rapidement enfuie. Il faut dire aussi, que je me suis retrouvée sans un sou, coincée dans une sorte de ville dortoir où il ne se passait rien… ça n’aidait pas. Je redonnerai certainement une chance au Japon plus tard. Mauvais timing, peut-être. Je ne sais pas.
      (pour en savoir plus sur le reste il y a toujours le lien vers les Archives :p)

  7. Trystan dit :

    Beau parcours, tant géographique qu’émotionnel ! Vivre c’est rire et pleurer, venir et partir : avoir le courage de ressentir. Beau témoignage !

  8. La Lu dit :

    L’Homme rêvant de se rendre au Japon, je me demandais juste pourquoi ça avait été un échec pour toi ?

  9. Evelyne dit :

    Toute la carte du monde? Oui! J’en meurs d’envie, là, tout de suite, à cet instant précis où je me sens comme sur un voilier à la dérive, sans direction… xx

  10. Tiphanya dit :

    Ah le Japon, le seul pays pour lequel je pense qu’il est indispensable d’apprendre des rudiments de langue et de politesse avant de s’y rendre.
    Dommage que tu ne profites pas de ce petit bilan pour annoncer la suite en terme de nomadisme longue durée ou non.

    • Corinne dit :

      Oui, tu as raison. Il y a beaucoup de pression, si on ne les connaît pas on est regardé de travers, même si on est un étranger. En Thaïlande c’était différent, il y a une patience différente qui existe, même si les règles sociales sont très complexes (j’en parlais ici).
      La suite est complètement incertaine :)

  11. Raph dit :

    Ah ben chapeau ! c’est un peu ce que j’aimerais faire. En tous cas ça a du être une épopée très enrichissante à tout point de vue ;)

  12. Mélissa dit :

    En mode introspective depuis ton retour, ma chère Corinne… mais je suis heureuse de lire que justement, ce retour n’est plus un drame, mais plutôt un repos de la guerrière avant de reprendre la route. ;)

  13. Cook-with-love dit :

    Tu as du en voir des choses, une belle leçon de vie !
    Ca a pas du être facile mais en tous cas les photos sont magnifiques!
    Bisous

  14. Chega dit :

    Ciao Corrine!
    Belle histoire ta vie! Merci d’avoir partagé ton expèrience.
    Tu permets ainsi à ceux, comme moi, qui ont décidé de partir, pour devenir nomade, de faire le premier pas avec encore plus de convictions…
    A peine, on m’enlèvera mon platre au pied…
    Si tu es encore en Suisse, quand je remonterai l’Italie, je passe te prendre en route, mais je te préviens, mon premier bout de chemin, je le ferai en vélo!! ;-)

    • Corinne dit :

      Salut Chega! Je suis ravie de savoir que tu vas partir et avec encore plus de conviction ;)
      Je pourrai peut-être attacher ton vélo avec un longe à mon scooter, haha!

  15. Valérie à Oman dit :

    Joli parcours, joli retour d’expérience. On sent à te lire que le voyage fait murir. Bonne continuation, avec ou sans sac à roulette.

  16. Bonjour Corinne,
    C’est toute une expérience de vie que tu vis là. En fait non je rectifie, ce n’est pas une expérience de vie, c’est ta vie plutôt qui est super à mon sens. Parfois on sait que l’on est fait pour une vie nomade, mais faire le grand saut officiellement est une autre affaire. Partir plusieurs mois, voir quelques années en sachant qu’un jour on va revenir est une chose. Mais se dire, je pars et pour de bon et je verrai où la vie m’amènera sans point d’ancrage en est une autre. Vraiment je souligne ton courage et ton audace pour suivre ce que tu es vraiment. Et à voir ton parcours, je crois que tu as trouvé ta voie. Du moins pour l’instant. Si un jour c’est autre chose, ce le sera. En cette journée de noel et la fin de l’année 2013, je te souhaite plusieurs autres belles années sur les routes du monde et dans le coeur des milliers de gens que tu rencontreras.

    • Bonjour… Rachel? :)
      Je te remercie pour tes mots très encourageants et pour tes souhaits chaleureux. Quant au courage, je ne saurais dire: c’était simplement la seule chose à faire. Je te souhaite mille voyages, fascinants et revigorants!

  17. Nienna dit :

    Magnifique!
    En ce moment, je suis en pleine dématérialisation également, mais aussi celle des générations avant par la force des choses ; le coeur se remplit et la tête se vide lol !
    plus on se libère et plus ça fait du bien, je suis fan de Lara Croft et maintenant de toi ;-) hihi

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