La vie
nomade

Faire tomber ses barrières

Publié le • Dernière mise à jour:
Mai 2011, Malaisie. Un petit texte (retrouvé au fond d’un tiroir) sur les bienfaits d’un voyage dans l’inconnu.

Cela fait plus d’un an et tout a changé. La petite Corinne un peu timide a laissé place à une femme un peu extravagante, dont le rire sonore finit toujours par réveiller quelqu’un. Ses horizons se sont ouverts, laissant place à l’infini. Il n’y a plus de barrières.

Voyager, seul. C’est un peu ce que ça fait: ça force à l’extraversion, à aller chercher les autres, à ne plus attendre bêtement que tout nous tombe dans les mains. Il faut engrener tous les mécanismes, à la main.

Et si l’on se disait que notre vie était un peu misérable parce qu’on ne savait pas vraiment dire non, en voyage on apprendra à s’apprécier pour la même raison: notre jolie naïveté nous transportera d’aventure en aventure, et la notion de mauvais atteindra un seuil si bas qu’elle en deviendra tout à fait négligeable. Tout est bon à prendre, si l’on ne connaît rien.

Kuching, Malaysie

Kuching, Malaysie

J’ai été (un peu) malade, blessée, j’ai risqué parfois un bout de ma vie. Mais ce que j’ai enclenché au fond brûle désormais d’une flamme qui semble ne jamais pouvoir se consumer.
Je fais partie de ces gens qui n’apprennent pas vraiment s’ils ne se jettent pas à l’eau. Et un an et demi à se jeter à l’eau tous les jours, à se montrer sous son vrai jour (vulnérable et ignorant face à tant d’inconnues et de différence), forme à n’avoir plus peur de rien*.

On devient plus sûr. Sûr de pouvoir accomplir n’importe quoi, gravir des montagnes, défier les pluie torrentielles, mais surtout, découvrir et accueillir la beauté de l’Autre, dans toute sa différence, apprécier un moment avec n’importe qui et en tirer une leçon: le mendiant de l’épicerie du coin, la marchande de sandwiches laotiens, le type mignon assis à côté de soi dans le train, ou encore un gamin qui pense que toi aussi tu es un gamin, mais en un peu plus grand.

Avec l’habitude on devient un déclencheur professionnel: Hey toi! Tu m’a l’air intéressant(e). Discutons? Moi aussi j’ai des choses à partager, et si passées les cinq premières minutes on en est toujours à s’enthousiasmer, il y a de fortes chances que dans quelques jours, on se baladera au bord d’une rivière que je n’ai jamais vue, on jouera au frisbee dans un parc encore inconnu, on prendra un bon dîner sur les hauteurs d’une capitale mystère.

C’est vraiment simple. On l’avait peut-être oublié, ça. On ne l’avait peut-être jamais deviné, même. On pourrait peut-être l’essayer à la maison aussi, à l’arrêt de bus du quartier, au supermarché, dans la file à la poste. On pourrait peut-être arrêter de se méfier de tous ces inconnus, dans la rue, car ils portent en eux cette même flamme: ils aimeraient en partager un peu la lumière.

*Je pose un joker sur les cafards. Les cafards, c’est vraiment dégueulasse.

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Par Corinne Stoppelli

Je suis Corinne, un petit oiseau libre. Sans domicile fixe depuis 2010, je sillonne la planète à la recherche d'inspiration et de points de vue différents. Sur Vie Nomade, je partage mon regard sur le monde, le temps et le changement, d'une plume sincère et d'un objectif curieux et ouvert. En savoir plus?

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(10 commentaires)

  1. Delphine Fernandez Bruyère via Facebook dit :

    magnifique ! merci pour le partage

  2. Anna dit :

    Salut =) C’est très bien écrit et tellement vrai! Bravo

  3. Jonathan Maitrot via Facebook dit :

    Ton intolérance auprès des cafards me choque beaucoup ! Allez, en chantant http://www.youtube.com/watch?v=sLCQTmUZYH4 ;-)

  4. Silecee dit :

    Je te rejoins à 100% ! Mais c’est vrai que c’est plus facile de se lancer quand on est à des milliers de km de chez soi ;)

  5. Mélissa dit :

    Tu m’inspires! J’espère arriver à cet état de lâcher prise… Je pense que c’est parce que je ne suis pas partie pour assez longtemps. Quand on sait qu’il n’y a pas de filet, on tente le tout pour le tout!

  6. aurelie dit :

    J adhère tout à fait à ce que tu écris, que chaque personne est intéressante. Je voyage sans but précis et sans itinéraire fixe depuis 5 semaines et pour encore 8 mois. J’aime bien prendre le temps de discuter avec quiconque mais la barrière de la langue est la. Oui on utilise les gestes et les images mais au bout de sweat minutes, l échange s essoufle quand même… .. comment fais tu?

    • Corinne dit :

      Salut Aurélie! C’est pas facile tout le temps c’est clair. Multiplier les rencontres, chacun a un degré de compréhension et d’envie de communiquer plus ou moins grand, et pareil pour la connexion que l’on peut ressentir avec quelqu’un. Accepter que souvent ça ne marche pas, et passer au suivant ;) Et avec ceux qui en ont le plus envie, ça donne parfois des moments exceptionnels. Par exemple avec Mister Tum.

  7. Si seulement c’était si simple… Mais j’ai toujours l’impression que je vais déranger les gens en leur parlant sans qu’ils m’y aient invitée. Résultat : j’attends, ils attendent, et nous loupons plein d’occasions ! C’est un travail à faire sur soi, comme tu le dis ; apprendre à mieux se connaître et mieux se faire confiance, pour apprendre à s’ouvrir aux autres.

    • Corinne dit :

      Salut Julie :) Avec encore plus de recul (le temps passé depuis l’écriture de ce post, hihi), je pense que le travail est inversé, qu’il s’agit en fait de réussir à mieux vivre avec les échecs en général et avec nos erreurs, à les accepter, voire même à les laisser venir à nous par moments pour mieux les connaître et mieux les accepter… Après tout ils font partie de nous. Je crois que pour moi, c’était justement cette peur du rejet qui m’empêchait de m’ouvrir.

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