La vie
nomade

À l’aube d’un long voyage: observer ses émotions

Publié le • Dernière mise à jour:

Il semble qu’à l’aube de chacun de mes grands départs il y ait un drame. Cette récurrence m’inquiète. C’est souvent le drame qui me fait partir, mais le cas inverse (le drame qui se présente juste avant un départ prévu depuis longtemps) est aussi assez fréquent. J’en conclus que le voyage est le moteur le plus évident de mes grands changements (sans chaos, pas de révolution?) et, à la fois, une source de guérison tel un shampoing 2 en 1.

Il y a eu un moment dans ma vie (je ne sais pas vous?) où j’ai commencé à voir des récurrences partout: dans mon comportement, dans mes erreurs, dans mes relations, dans mes façons de faire. J’ai vu se dessiner, de plus en plus clairement, les schémas qui encarcanaient ou assistaient (c’est selon!) mon quotidien. J’ai pu donc évoluer et m’adapter afin de m’approcher d’un équilibre, d’une vie plus paisible, avec certes beaucoup de temps, de patience et de profonds pardons, de moi à moi. Mais au moment précis où l’on relève (le décide-t-on?) ladite récurrence, quelle frustration! Elle est là, elle est tout. Pourquoi? Quel mécanisme en moi faut-il désamorcer pour aller de l’avant?

Je m’en vais en Thaïlande dans quelques jours et je me sens comme un tel terrain en friche que je ne saurais pas par où commencer. Mais le voyage a ça de bien qu’il nous met directement sur le terrain, face à nous-mêmes. Si tu ne souhaites pas rester coincée ma fille, il va falloir débroussailler. Et puis tu y verras plus clair. C’est comme ça qu’on avance, à petit pas. On n’en finit pas.

Je me suis difficilement remise de la fin tragique de ma relation en 2015. Combinée avec une grosse banque-route et un burn out qui ont mis en branle tout mon travail et une bonne partie de mes idées, il y avait là un vrai festin sur lequel mille démons se sont précipités. Je n’ai certainement pas terminé de lutter, mais petit à petit j’ai repris à respirer. Je suis de ceux qui apprennent par l’erreur, alors la vie me pique un peu, beaucoup, passionnément. La redondance de la douleur est souvent fatigante, mais les épaules se font plus fortes.

Mon monde est en noir et blanc, et malgré l’infinité de gris que je perçois parfaitement, je n’arrive pas laisser de place aux nuances. C’est un « oui » franc, un « non » franc, ou alors un « peut-être » troublant qui cherche désespérément à se transformer en oui ou en un non. Tout s’apprend. Tout change, mais pas ça, pas pour moi. Parmi la somme de schémas décelés, celui-ci, très ancien, n’arrive pas à se faire déloger. Il n’y a pas même une virgule qui voudrait en disparaître. Et curieusement, il semble être le moteur de mes grandes envolées, d’une sensibilité à fleur de peau qui me permet d’observer émotions et sentiments comme s’il s’agissait d’oiseaux rares, vivants, libres.

Et c’est sans doute en ça que je me retrouve tant dans le voyage, dans le besoin de me sentir libre. Arrêtée trop longtemps, je me sens dépérir comme si l’on m’avait coupé l’eau, les vivres. En mouvement, je retrouve mon souffle, je retrouve le plaisir du vent sur ma peau. Tout, toujours me ramène à mon animal totem: un moineau, un tout petit moineau des villes; de ceux si gris que l’on ne le remarque plus mais qui, espiègle, vous jette un regard fort comme une question.

Voyage, drame et sensibilité
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Par Corinne Stoppelli

Je suis Corinne, un petit oiseau libre. Sans domicile fixe depuis 2010, je sillonne la planète à la recherche d'inspiration et de points de vue différents. Sur Vie Nomade, je partage mon regard sur le monde, le temps et le changement, d'une plume sincère et d'un objectif curieux et ouvert. En savoir plus?

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(6 commentaires)

  1. Astrid dit :

    Comme souvent, je me retrouve dans tes mots. Bon vent à toi…

    • Corinne dit :

      Notre belle petite planète nomade. Nous sommes ensemble sur une grande route. Que c’est bon de ne plus se sentir si seule! À bientôt quelque part :)

  2. Rattana dit :

    Bonne route Corinne et régale toi en Thaïlande miam miam :)

  3. Béatrice dit :

    Bonjour Corinne, j’ai parcouru ton blog qui me plaît beaucoup! Nous aussi nous commençons une aventure (bien sûre différente) de nomades, même si à date limitée… (pour l´instant!) Dans tous les cas je pense que l’on va se servir de ton blog pour ficeler quelques détails de cette aventure, et je trouve beau que chacun trouve sa façon de vivre et la partage, merci!
    Connais-tu le triste sort des moineaux de villes? :(

    • Corinne dit :

      Bonjour Béatrice! Si le blog peut vous être utile, j’en serai absolument ravie. Merci beaucoup pour ce gentil commentaire. Hélas oui pour les moineaux… Mais s’ils semblent disparaître, j’espère secrètement que comme moi, ils migrent :)

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